Deana Peterson | She's like the wind | Terminé

N’avez-vous jamais eu l’impression d’avoir vécu des centaines de vies en peu d'années d’existence ? Pour ma part si, c’est un sentiment constant que j’ai depuis bien longtemps à présent. Je ne vais pas raconter mon enfance dans le détail, car il n’a que peu d’importance. Et lorsque j’y songe, je ne ressens que de l’amertume et une forme de colère qui grandit parfois bien trop vite. J’aimerais pour changer de sentiments lorsque j’y repense, mais j’ai perdu tellement en si peu de temps. La vie est une garce qui prend plus qu’elle n’offre pour certaines personnes. J’en suis un exemple parmi tant d’autres. Je n’aurais jamais la prétention de dire que je suis la seule dans ce cas, mais j’en ai assez que je me moque un peu des autres. Toute ma vie, je n’ai vécu qu’en prenant soin des miens, pensant à eux avant moi-même. Même quand je souhaitais m’occuper de moi, la vieille habitude revenait à la charge comme un taureau en colère.

Je suis née et j’ai grandi à Mystic Falls. Jusqu’à il y a quelque temps, mon univers ne se composait qu’autour de cet endroit. J'y ai connu joie et peine comme tout à chacun. Si j’arriverais à composer avec les obstacles de la vie, c’est bien grâce à ma famille qui se trouvait autrefois unie en toute circonstance. J’avais un jumeau qui était une extension de mon être et avec qui il n’y avait pas besoin de mots pour qu’on puisse se comprendre. Nous étions proches à tel point qu’il était difficile de nous séparer. Dans notre duo, est apparu Nathaniel que nous avons immédiatement considéré comme notre frère. Nos parents l’avaient adopté après la mort des siens et dont le père se trouvait être un très bon ami à mon père. J’ai tout de suite adoré Nate pour qui je suis devenue une confidente. Mon côté maternel a toujours été très prononcé et j’étais un peu une petite maman pour tout le monde même si, au fond de moi, je restais un garçon manqué un peu rebelle à mes heures, mais c’était tellement moins que mon frère James. J’ai toujours eu conscience de notre différence. Nous avions grandi dans une vérité que nous cachions aux yeux des autres.

Des loups parmi des humains qui ne connaissent pas réellement le monde dans lequel nous vivions. Je dois dire que pour ma part, j’en apprends toujours parce que je sais que nous autres, nous n’avons pas découvert le quart des mystères de notre univers tout comme nous ne découvrons pas toujours ce dont nous sommes réellement capables.

Comme je vous le disais, mon enfance a plutôt été très heureuse, loin du besoin, nous avions ce que nous voulions. À cette époque, j’étais encore la princesse à son papa, celle à qui on laissait tout passer. Celle que l’on préférait et adorait. Mais ça, cela fait partie d’un temps à présent révolu. Bien que je n’étais qu’une petite humaine, il n’en restait pas moi que j’avais un caractère électrique où il était difficile pour moi de tenir en place. Maman a décidé de me calmer par le biais de la musique et m’a fait prendre des cours de piano. Chose que j’ai très vite adoré parce que la musique est un doux traitement pour les cœurs. Mais il me restait tant d’énergie à dépenser que mon père lui a voulu que j’extériorise tout ça dans des sports de combat. Le taekwondo a eu ma préférence suite à une prestation qui m’a grandement impressionné. Par la suite, en grandissant, je méditais beaucoup afin de calmer toutes ces émotions qui laissent une tempête incontrôlable en vous. Là, vous avez une belle image d’une enfance parfaitement heureuse tout autant qu’une adolescence paisible bordée de mauvaises blagues vengeresses envers des mauvaises langues osant dire que James et moi avions une relation incestueuse. Lui et moi, on savait comment se venger de tout ça et autant dire qu’un duo avec James laissait des traces. Laxatif dans les boissons, poil à gratter sur les fringues ou encore crème d’épilation à la place du shampooing et j’en passe. Nous savions qui faisait courir ces rumeurs alors, nous nous savions comment nous venger sournoisement.

Cela aurait pu continuer. Et sincèrement, j’aurais aimé que ça le soit. Mais le destin n’est pas toujours de cet avis et pousse la vie à jouer les pires garces qui soient.

Je suis tombée amoureuse d’un homme plus âgé que moi. Il avait dans la vingtaine alors que j’en avais 18 ans. J’étais une jeune femme douce, fragile et incroyablement naïve. Quand on dit que l’amour rend aveugle, ce ne sont pas des paroles en l’air. Je l’ai été au point de me fiancer à la mauvaise personne. Je l’ai fait entrer dans notre famille, dans l’entreprise de mon père jusqu’à ce que James et lui voit l’homme que j’aimais coucher avec une autre femme. Stupidement, je pensais que mon jumeau était jaloux parce qu’il ne m’avait plus exclusivement à lui, mais je me trompais. Il a compris qui était Graham au premier regard. J’aurais dû me fier à lui, à faire confiance à James, mais je ne le voulais pas. Cette expérience m’a détruite moralement et je n’ai plus rien fait. Plus de sortie. Je ne souriais plus et je passais mon temps enfermé dans ma chambre à pleurer. James était le seul à pouvoir entrer dans celle-ci parce qu’il savait comment me consoler. Nate aussi était là, protecteur et bienveillant. Le soutien des miens m’a aidé à remonter la pente, mais malgré cela, je ne voulais plus rien savoir des hommes. Je vivais au jour le jour à ne m’occuper que de mes études de stylisme allant à l’université à trente minutes de Mystic Falls. Des allers et retours à ne plus pouvoir penser.

Cela aurait pu continuer, mais j’ai croisé la route de Thélio, un vampire qui a été maudit et dont l’apparence était loin de plaire. Mais malgré tout, je me suis laissée séduire par son être. Son âme musicale et cette musique que je joue si souvent. Trop pour mon bien-être, mais qui m’a toujours donné l’impression de parler de moi comme ce fut le cas pour lui. Je suis tombée amoureuse d’un vampire et cette relation n’a plu à aucun membre de ma famille. Encore une fois, je m’en moquais parce que je me sentais bien. De cette belle rencontre s’est également produit une perte immense et qui laisse toujours un vide en moi. James a été tué alors qu’il était sorti avec Nate. La souffrance a été immense à tel point que j’ai refusé de le croire. Ma famille était encore présente, mais plus que tout Thélio était à mes côtés et je savais que je pourrais doucement aller mieux. Mais la perte de mon frère annonça celle de Thélio. À peine libéré qu’il s’en est allé subitement disparaissant de Mystic Falls pour je ne sais quelle raison. Soit disant pour me préserver, mais je n’y croyais pas. Encore une fois, je me suis sentie utilisée.

De cela, je tombais dans un gouffre sans fin. Le deuil de James était impossible pour tout le monde. Pour mon père, je ne pouvais que lui rappeler que ma propre existence hurlait que James n’existait plus. Ma mère pleurait en me regardant et mon père ne voulait même plus me voir. J’en souffrais tellement que j’ai décidé d’en finir avec ma propre existence en avalant des cachets. Entre la vie et la mort, j’ai pu voir mon frère, prête à le suivre, mais la vie me rappela à elle parce que ce n’était pas mon heure. Mon geste n’a fait que m’éloigner des miens à tel point que mes parents ont décidé de me louer un appartement. Définitivement abandonnée, de la rage naquit pour ceux qui étaient mes exemples et la base solide de ma vie. Je n’avais plus que Nate et quelques amis avec qui penser à autre chose. C’est aussi là que Lisandre était réapparu dans ma vie. Un ami autrefois sorcier devenu vampire et qui s’était éloigné de moi pour se faire à une nature qu’il n’aimait pas. Il m’a aidé, mais subitement, nous avons décidé de partir de Mystic Falls et de bourlinguer là où nos envies nous amenaient.

J’avais besoin de partir de cet endroit où je n’ai connu que des peines et des douleurs pour reprendre goût à la vie et aller là où James rêvait d’aller réalisant par ce biais mes propres envies en compagnie d’un ami devenu plus avec le temps. Li et moi, on s’est aimé un certain temps et il m’a permis de guérir une partie de mes blessures. Certaines sont encore présentes, mais grâce à lui, je me suis surprise à mieux les accepter. Le monde s’ouvrait à nous comme on dit souvent, mais on s’est contenté des USA dans un premier temps dans l’espoir de voir d’autres pays un jour.

C’était dans nos projets, mais on ne fait pas toujours ce que l’on veut malheureusement et je suis bien placé pour le savoir. Il a suffi d’un soir pour que tout change. Un chasseur. Un vampire. Cela vous donne le début de l’histoire. L’un qui pourchasse l’autre et moi qui me retrouve au milieu. Dans ces cas-là, tout peut arriver. On peut fuir ou bien faire face. Je ne voulais pas abandonner Li au sort que lui réservait le chasseur alors, sans remords et porté par l'adrénaline, je l’ai défendu tuant ce dernier. Pour une jeune femme telle que moi, aux gènes lycans endormies, on sait très bien ce que cela signifie. L’appel de la lune se faisait de plus en plus proche et j’ai subi ma première transformation seule. Douloureuse à un point que l’on ne peut imaginer. Moi, qui suis pourtant habitué à la douleur de l’âme, je me voyais à présent subir celle du corps. Et pourtant, qu’est-ce qu’on se sent bien ! En libérant ma louve, je ressentais une partie de moi retrouvé. Li n’était pas présent parce que nos natures se confrontent l’une à l’autre et lors d’une pleine lune tout peut arriver. Il était là, mais assez loin pour ne pas être pris en chasse par moi.

De là, nous avons décidé dans une dernière étreinte qu’il était temps de nous dire au revoir. Pour combien de temps ? Impossible de le savoir. Nous resterions malgré tout amis et cela comptait beaucoup pour moi. Consciente de la réalité, j’ai passé un appel au directeur de l’école Salvatore pour expliquer la situation et il m’a ouvert les portes de l’école pour m’aider à traverser cette nouvelle épreuve. Je lui ai demandé de ne rien dire à Nate préférant qu’il le découvre par lui-même. Mon second appel fut pour mon frère afin de lui dire que je rentrais. Il en a été heureux, mais qu’en sera-t-il pour la suite ?

C’est une nouvelle vie qui s’offre à moi. Une vie où mes parents n’ont plus leur place désormais. Ils m’ont fait souffrir en m’abandonnant et, soyons réaliste, je suis très loin de la Deana que j’étais. Oh, elle est encore là, existant pour certaines personnes, mais j’ai appris à construire un bouclier protecteur autour de moi que j’ai très vite renforcé de jour en jour. Ma louve non plus ne se laisse pas dominer facilement. Elle est tout le contraire que je fus par le passé. Celle-ci me permettant de me connecter à mon jumeau qui m’accompagne toujours. Il est une partie de moi dont je ne voudrais jamais me débarrasser.

Mystic Falls. Que vas-tu m’offrir maintenant que je suis de retour ?