Cheese and ice cream [libre]

La confusion et l'incertitude guident son esprit. Et elle ère un peu sans but, Hope, ne sachant pas si elle reste à Mystic Falls ou si, écoutant les conseils de Lizzie (ce qui serait une première on se l’avoue) elle rentre chez elle, à la Salvatore Boarding School. Ça lui semblait impossible, irréel, mais en même temps se serait sans doute la meilleure chose à faire. Mais Malivore était encore actif. Et le Nécromancien de retour. La tribride ne pouvait s’empêcher de penser qu’il était peut-être préférable pour tout le monde qu’elle tienne encore ses distances un moment. Pour leur protection. Pour la sienne aussi, car elle n’avait toujours pas revu Landon depuis leur dernière conversation. Cette soirée un peu hors du temps, irréelle, où ils avaient simplement discuter sur un banc de parc. Faux. Elle l’avait revu à ce drôle de souper organisé par Mystic Secrets, mais ça ne comptait pas. Elle ne savait plus comment agir avec lui. Elle ne savait pas non plus comment agir avec ses anciens amis. Et s’ils ne lui pardonnaient pas ses décisions ? Lizzie avait l’air de vouloir le faire, ce qui était un bon signe en réalité, car la blonde avait longtemps été celle que Hope redoutait le plus. Elles avaient toujours eu un certain mal à se comprendre. Donc de savoir que Lizzie voulait son retour aurait sans doute dû rassurer Hope sur la réaction des autres, mais il n’en était rien. Elle redoutait. Elle préférait fuir. C’était plus facile comme ça.

L’esprit confus, pleins de questions, elle poussa la porte du Mystic Grill. Un milkshake au beurre de cacahuète, crème fouettée au fond, avait toujours été son meilleur allié dans ce genre de situations. Elle se rappelait encore ceux qu’elle venait prendre avec Elijah, quand elle avait besoin d’un peu de calme, et de parler à son oncle, qui était définitivement moins impulsif qu’elle ou son père. Après tout, Hope tenait beaucoup du caractère de Klaus. Mais en entrant, quelque chose n’était pas comme d’habitude. Une jolie mélodie emplissait l’espace, résonnant sur les murs du restaurant, alors que les quelques clients présents retenaient leurs souffles, captivés. La mélodie était douce, d’un instrument que la tribride ne reconnaissait pas. Et si elle ne connaissait pas l’air joué, celui-ci avait quelque chose de familier, de rassurant. En fermant les yeux, elle pouvait presque entendre les berceuses que sa mère lui fredonnait quand elle était gamine, berceuses qui étaient à des lieux de la musique ambiante, mais qui avaient ce même sentiment de réconfort. Repérant le joueur de lyre, Hope s’approcha doucement. « C’est une jolie mélodie ! » dit-elle, avant de sourire à l’homme. Ça lui ressemblait peu, mais l’apaisement que lui avait procuré le morceau joué l’avait poussé vers un moment de sociabilité.

@Chiron Galanis

En fermant les yeux, elle se retrouvait transportée dans un autre monde. Un qu’elle ne saurait expliquer. Un monde qui avait une histoire lourde, chargée. Certes, la mélodie douce qui émanait de la lyre - dont l’homme savait jouer avec un talent indéniable - lui rappelait les berceuses que sa mère lui fredonnait lorsqu'elle était enfant, mais Hope avait également l’impression qu’on lui racontait une histoire. Une épopée d’un autre monde. Une odyssée à travers les souvenirs du musicien, lourds d’émotions qui s'entremêlent dans un ballet ardent, une danse frénétique qui ne s'apaisait que pour reprendre de plus belle dans uen nouvelle symphonie. Elle pouvait presque entrevoir la lumière du soleil qui brillait sur les vagues et sentir l’odeur d’une contrée lointaine qu’elle n’avait pourtant jamais visitée. Quelque chose de magique. Quelque chose de son monde, à elle, qui était à la fois commun et inhabituel dans Mystic Falls. Elle s’était alors approchée du musicien, remarquant que tout le restaurant retenait son souffle, et avait abordé celui-ci. Convaincue qu’il n’était pas humain. Un compliment passé, son père lui avait appris à reconnaître l’art, le véritable. La réponse de l’homme ne tarde pas. Hope arque un sourcil interrogateur, se doutant que les paroles de l’homme ne sont pas à prendre à la légère.

« Qu’Orphée vous dites ? Voilà bien une référence à laquelle je ne m’attendais pas. On raconte beaucoup de choses sur son talent, mais qui peut réellement le confirmer ? » Elle offre à l’homme un sourire en coin. Qui est-il pour se comparer à un mythe grec datant de plusieurs milliers d’années. Surtout lorsqu’on maîtrise un instrument avec tant de grâce. Car la musique qu’il jouait n’avait rien à envier à aucun mythe connu ou inconnu des humains. Ça, elle en était certaine.

Il se présente. Hope tente d’étouffer un rire en entendant la description de l’école. Elle semble toujours oublier qu’Alaric présente son école « privée » sous un tel angle afin de dissuader les jeunes en quête d’expérience de vouloir rejoindre un établissement grouillant de vampires, de loup-garous et de sorcières. Mais le commentaire ne passe pas sous le radar et elle comprend qu’il s’agissait d’un signe, d’un moyen de savoir si, elle aussi, faisait partie de ce monde. « Hope Marshall. C’est un plaisir de vous rencontrer M. Galanis. » Elle utilise le nom de sa mère par réflexe, après tout voilà maintenant plus d’un an qu’elle a laissé l’héritage des Mikaelson derrière elle. On ne perd pas les vieilles habitudes si rapidement. « Mais nous savons tous deux que la Salvatore Boarding School est bien plus qu’une école de jeunes délinquants n’est-ce pas ? » Qui est-il ? Que fait-il au Grill ? Est-ce un autre plan de Malivore ? Tiraillée entre curiosité et méfiance, entre vouloir en savoir plus et la méfiance, elle offre un nouveau demi-sourire, mais son regard parle de lui-même. Elle veut comprendre, elle ne fait pas confiance. « Vous permettez ? » demande-t’elle en pointant la chaise placée de l’autre côté de la table, faisant face à l’homme. Quelque chose lui disaient qu’ils en auraient long à dire et elle ne comptait pas quitter avant de savoir à qui elle avait affaire.

@Chiron Galanis

Le sourire de l’homme attisait la curiosité de Hope. Comme s’il connaissait ce qu’il disait, qu’il avait vécu des milliers de vies qu’elle ne saurait même pas imaginer. Mais il était impossible que ce soit le cas. Il y avait des vampires qui vivaient depuis bien longtemps, sa famille en était la preuve, mais elle n’avait pas souvenir qu’Elijah lui avait partagé qu’ils avaient participés aux épopées grecques. Encore moins de vampires aussi âgés provenant de cette région du monde. Et puis, ses sens de loups n’étaient pas en éveil face à son interlocuteur. Il n’était pas vampire. Ni loup d’ailleurs. Mais il ne pouvait assurément pas être humain… Et dans ce questionnement, Hope trouvait ce petit jeu amusant. Et la réponse de l’homme l’était d’autant plus.

« Ah, les Argonautes ! » s’exclama-t’elle, rendant son sourire à l’inconnu. « Ne servait-il pas plutôt à donner la cadence de rame ? » demanda Hope d’un ton un brin arrogant. Après tout, c’était ce que la légende recelait lorsqu’elle était racontée dans les murs de la SBS. « Mais son talent pour résister au chant des Sirènes a tout de même une renommée impressionnante… Jason avait bien choisi son équipage. » Elle en parlait comme si c’était réel. Comme si c’était plus qu’un mythe. L’expérience lui avait appris à ne pas prendre pour acquis qu’un mythe en était un, mais d'un autre côté, les héros grecs… vraiment ?

Il lui parle finalement de la Salvatore Boarding School et Hope de peut s’empêcher de voir clair dans ce jeu. Il cherche à savoir ,tout comme elle, Mais où la jeune fille est impulsive et fonceuse, lui, semble être patient, comme si la réponse allait venir d’elle-même. Hope ne sait d’ailleurs pas comment agir face à tant de sérénité. Elle répond alors, selon sa propre définition de l’école, cherchant à déceler dans ce jeu ce qui lui donnerait un avantage. Mais la réponse de l’homme est d'autant plus nébuleuse qu’elle ne savait quoi répondre.

« Ne leur lançons pas trop de fleurs, tout de même. Ne sont-ils pas, après tout, simplement maudits ? »

Elle se demandait comment l’homme allait réagir. Parce que selon plusieurs, vivre dans ce monde n’était pas exceptionnel et extraordinaire. Il s’agissait d’une malédiction où il était nécessaire de se battre en tout temps non pas pour pouvoir vivre, mais simplement survivre. Et Hope était fatiguée de se battre. Mais elle voulait bien tenter de jouer le jeu de l’homme, c’était le genre de conversation énigmatique qui, en un sens, lui rappelait son père et ses façons étranges de communiquer. Elle tira doucement une chaise, après qu’il lui ait fait signe de prendre place. Cette conversation allait définitivement s’étirer.

« La curiosité, dans notre monde, à tendance à attirer plus d’ennuis que l’inverse. Je ne crois pas que c’est une caractéristique qui fait défaut aux gens, mais simplement qu’ils en ont peur, car les conséquences en sont désastreuses. Ne croyez-vous pas qu’il s'agit plutôt d’une Illusion perdue ? »

Elle se demandait s’il allait saisir la référence à Honoré de Balzac, c’était le mieux qu’elle avait pu faire, Peau de chagrin étant malheureusement trop loin dans ses souvenirs pour qu’elle ne puisse creuser cette référence. Et puis, elle croyait à son propos. La curiosité n’était simplement plus possible dans leur monde, la mort les attendait au bout du chemin. Comme elle avait attendu Orphée, sachant qu’il ne quitterait jamais les Enfers avec Eurydice.

@Chiron Galanis je suis vraiment désolée pour le délai      

Un discours si posé, si réfléchi, ne pouvait effectivement être qu’un homme qui avait traversé siècles et expériences. Hope appréciait le discours de celui-ci, il y avait longtemps que quelqu’un ne l’avait pas relancé dans des conversations du genre. Celles qui demandent de jouer. Celles qui utilisent la culture pour illustrer les exemples, et les tournures de phrases pour marquer les propos, les arguments masqués sous des propos. Une conversation qui demandait les références culturelles pour la comprendre tout autant que de faire l’effort de démystifier ce qui était dit. Elle posa un coude sur la table, attendant de voir ce que l’homme allait répondre à son commentaire d’enfants maudits. Car Hope avait grandi dans ce monde, elle avait subi les conséquences d’être une Mikaelson, mais l’homme n’était pas dans le néant face à leur monde. Il en connaissait sans doute plus qu’elle. Peut-être pourrait-il l’aider à comprendre ce que voulait Malivore, ce que voulait le Nécromancien. Elle avait besoin d’un nouveau point de vue pour mener cette bataille et il semblait être l’homme de la situation.

Quand la commande de l’homme arriva, Hope attendit pour poursuivre leur conversation. Remercia la serveuse, et la jeune tribride en profita pour passer sa propre commande. Un milkshake beurre de cacahuète avec crème fouettée au fond. Un classique, intemporel, familial. Une fois la jeune fille repartie, elle se tourna de nouveau vers le centaure, posant les mains sur la table.

« Au contraire, les perceptions des gens ne changent-elles plutôt rien à ce que nous sommes ? Incompris et considérés comme des erreurs, oui… Si cela ne s’arrêtait que là. Mais devoir se battre pour survivre dans un monde hostile, renié et abandonné par leurs familles pour la plupart ou subissant la pression d’être à la hauteur d’un héritage trop lourd à porter pour d’autres. Je ne crois pas que cela ne soit qu'une question de perception. Ce monde est le nôtre, mais il ne nous accueille pas… »

Hope marqua une seconde, le temps que la serveuse dépose son milkshake sur la table et qu’elle reparte. Tout ce temps, elle avait ancré ses yeux dans ceux de l’homme, attendant un signe sans réellement savoir lequel.

« Il ne s’agit pas d’une question de point de vue, non… Il s’agit de se battre contre un univers qui ne veut pas de nous. Et d’inévitablement perdre des gens en cours de route. Ça, ça me semble être une malédiction. »

Elle haussa les épaules et prit une gorgée de son verre. Elle repensa à ses moments passés à la Salvatore Boarding School. Pourrait-elle retourner à la maison un jour ? Ou était-elle condamnée à livrer bataille contre Malivore seule dans le but de protéger ses amis. Des amis qui ne se souviennent plus d’elle. Elle n'avait plus de raison d’y retourner, ce n’était plus chez elle à présent. Cependant, une autre partie de ce qu’avait dit cet homme intrigue la jeune tribride. Elle lui sourit, un peu malicieusement, commençant à mettre les pièces du puzzle en place.

« Ce disciple vous dites ? Le jeune protégé d'un vieux centaure… Est-ce que la fin de ce protecteur a été plus glorieuse que celle du jeune curieux qui s'est perdu et qui a perdu sa douce dans les Enfers ? Qu’en pensez vous M. Galanis ? »

En d’autres mots, êtes-vous vraiment le vieux Chiron de la Grèce antique ? Ça lui semblait un peu étrange comme idée, un peu tirer par les cheveux même. Mais après tout, elle ne savait jamais ce que Malivore leur réservait. Et l’homme ayant ce prénom assez peu commun, ça ne serait pas tellement surprenant non plus si c’était le cas. Mais alors, que faisait il à Mystic Falls ?

@Chiron Galanis  

Cette discussion avait quelque chose de spécial. Les yeux posés sur l’homme, Hope ne savait plus vraiment s’il était dans le présent avec elle, ou perdu dans un passé dont elle ne savait rien. Plus elle discutait, plus les astres se mettaient en place pour lui permettre de comprendre qu’il s’agissait d’un peu des deux, Mais il semblait invraisemblable à la jeune fille que cette homme ne soit réellement celui qu’il prétendait être. D’un autre côté, ce monde lui avait bien appris que tout était possible, même le plus inattendu des dénouements. L’homme apporte des arguments intéressants, dans un langage qui est à des lieux de ce que la jeune fille à l’habitude d’entendre. Non pas que les mots soient incompréhensibles, bien loin de là, mais il y a une poésie dans la façon qu’il a de s’exprimer qui captive l’intérêt de la jeune Mikaelson. Oncle Elijah aurait sans doute bien apprécié discuter avec lui. pensa-t’elle. Un souvenir douloureux que celui de la famille. Un souvenir qui fait écho à ceux de Chiron, face à elle, sans même qu’elle ne le sache réellement. Celui de la perte. Celui du deuil.

« Aucune ne vaut plus qu’une autre, certes, mais n'est-ce pas risqué de vouloir toutes les danser en même temps ? Deux chorégraphies, aussi belles soient-elles, ne peuvent pas toujours cohabiter sur une même scène, ne croyez vous pas ? Et puis, il est dangereux d’en oublier nos propres pas… »

Ils mangent un instant en silence, savourant son milkshake, l’esprit perdu dans toutes les fois où elle était venue commander cet élixir avec son oncle, incluant le moment où elle avait rencontré Landon. Lui mangeant dans son cheeseburger. L’odeur du plat donnait envie. Hope se dit qu’elle en mangerait sans doute un dans la semaine. Hope fronça les sourcils à la réponse de l’homme. Puis reposant son milkshake, elle s’appuya sur sa main, l’air pensive.

« Donc vous me dites qu’Héraclès, après avoir combattu l’Hydre, est revenu voir son vieux maître. Un amour d’une discipline et d’un être qui se transforme en une tragédie. »

Elle marqua un silence. Cette constatation lui faisait énormément penser à son père. S’en était presque douloureux. Et elle ne savait pas si la peinture, à cet instant, soulagerait ses blessures ou attiserait le feu de la douleur. Son regard croisa de nouveau celui de l’homme, la ramenant à la réalité. Et elle reprit d’un air léger.

« Mais l’Hydre n’était pas le second des travaux du jeune homme ? Il aurait donc transporté les flèches empoisonnées tout ce temps, sans problème, jusqu’à ce que son vieux maître n’en échappe une sur son propre sabot ? N’était-il pas assez agile pour l’éviter ? Et assez intelligent pour y voir le poison ? »

Cette histoire lui semblait incongrue. Et surtout incomplète. Hope se pencha un peu vers l’avant avec un sourire espiègle. Il l’avait lancé sur une quête, elle avait maintenant des doutes et était bien déterminée à obtenir les informations qu’elle désirait. Elle laissa planer le suspens pendant une seconde avant de murmurer :

« Mais l’histoire de s’arrête pas là, n’est-ce pas ? Et si le vieux maître avait une nouvelle chance, comment s’y prendrait-il ?  »

Puis elle se redressa. Se trouvant un peu ridicule de tomber dans le piège d’une histoire si farfelue. Mais elle aimait bien ce genre de jeux, réels ou pas.

@Chiron Galanis Pardon pour le délai

La jeune fille se redressa lentement, dévisageant l’homme avec un sourcil haussé. Il avait bien raison sur le fait que certains n’étaient pas sur le bon tempo. Elle attrapa rapidement une mèche de ses cheveux bouclés et la tourna entre ses doigts. Elle cherchait la meilleure chose à répondre à l’homme en ces circonstances. Son père avait également cette tendance à jouer avec les mots et les métaphores (quand cela lui plaisait et qu’il ne préférait pas une approche plus… violente). Elle sourit malgré elle à cette pensée. Son père avait vraiment le don de faire parler de lui, ça c’était certain. Si loin. Si loin maintenant. L’époque où elle avait une famille. Relâchant ses cheveux, elle hésita un instant.  

« Et si la personne que nous sommes ne correspond pas au tempo imposé par le monde ? »

Après tout, elle ne savait plus où était sa propre place. Elle n'arrêtait pas de danser,  elle ne le pouvait pas réellement. Car si elle mourrait, elle reviendrait à la vie. Un cercle éternel. Un destin tracé pour elle. Mais qu’en était-il quand le monde avait continué à danser sans elle. Hope avait disparu pendant si longtemps, puis s’était forgée une nouvelle vie. Ou du moins avait tenté de. Mais elle avait cette impression de danser une chorégraphie révolue, car le monde avait changé de rythme et elle était restée derrière. Perdue dans ce tourbillon d’idées qui ne font que propulser son incertitude. Et si Lizzie avait raison ? Et si elle devait réellement revenir. Mais ça ne ferait de bien à personne. Cependant, alors que la conversation dérivait rapidement vers une musique d’un autre temps, Hope ne s’opposa pas à changer le sujet. Elle ne voulait pas repenser à tout ce qu’elle avait perdu. Alors elle discuta du sort d’un vieux centaure, mythe disparu depuis des millénaires.

« êtes vous en train de me dire que vous croyez au Destin ? Que vous croyez que nous suivons un chemin déjà tracé pour nous ? »

Après tout, si cela était réel, elle pourrait aisément remettre ses décisions entre les mains de ce fameux Destin. Mais si Klaus avait appris une chose à sa fille, c’est que personne n’allait pouvoir choisir pour les autres. Elle devait être maître de ses actions. Et Hope avait grandi selon cette idéologie, celle de ne jamais laisser qui que ce soit lui dicter sa voie. Mais Ô combien aurait-il été plus facile de laisser la vie décider si elle devait réellement revenir dans la mémoire de tous ou non. Elle laissa cependant tomber,  un instant, l’histoire que lui racontait l’homme. Celle de ce vieux centaure que la légende avait gardé en vie. Elle releva cependant la dernière remarque de son interlocuteur. Hope sauta alors sur l’occasion donnée de réellement questionner ce mystérieux personnage.

« Alors vous avouez avoir connu ces armes ? Dites-moi, s’agit-il réellement d’un mythe ? »

Après tout, il avait bien laissé sous-entendre qu’il savait qu’elle n’était pas humaine. Que le monde recelait des créatures bien réelles.

@Chiron Galanis

Appuyée sur le bord de la table, Hope scrute attentivement son interlocuteur. Le mystère qui planait autour de cet homme l'intriguait tout autant qu’il la dérangeait. Il était trop. Trop sage. trop perspicace. Il n’était pas comme les autres créatures qu’elle avait croisé par le passé. Mais il n’était pas non plus comme les êtres humains qui ignoraient tout du monde dans lequel ils vivaient. Non il y avait quelque chose de plus, quelque chose qui devait la bousculer, à l’attitude même de l’homme, ébranlant des repères qu’elle croyait solide depuis longtemps. Mais elle ne comptait pas non plus se laisser marcher sur les pieds. Elle était Hope Mikaelson. Le doute était peut-être présent face à son propre futur, mais cette conversation lui donnait une nouvelle intrigue. Une énigme à déchiffrer. Si leur conversation rythmait le tempo d’une danse encore inconnue pour la jeune fille, elle ne pouvait se résoudre à accepter les propos de l’homme sans tenter de s’y opposer. Quelque chose dans le discours était dissonant pour Hope. Elle n’était pas du même avis que ce dernier. Si la danse était vaste, il restait un rythme imposé, celui du temps, qu’il lui fallait respecter.

« Ce n’était qu’une question. Le temps file et nous ne pouvons l’arrêter. »

Elle haussa les épaules et prit une autre gorgée de son milkshake, espérant secrètement qu’il ne relance pas cette piste. Parce qu’il avait vu juste. Depuis un moment, le monde avait continué sans elle, elle n’était plus de ce même rythme. Et les paroles de l’homme avaient une signification bien plus profonde que ce qu’il pouvait imaginer, elle en était certaine. Votre chorégraphie est unique. Mais le problème, c’est qu’il s’agissait d’un solo. Alors que les vampires, les loups-garous ou les sorcières avaient des numéros groupés, des chorégraphie où chacun pouvait avoir son moment au centre de la scène, ils avaient toujours des coéquipiers pour les aider à se relever, quelqu’un de qui apprendre les pas, quelqu’un pour corriger leur faux pas. Ils n’étaient pas seuls dans leur danse, pouvant se soutenir les uns les autres. Hope était seule. Soliste involontaire. Les feux de la scène brillant sur elle alors qu’elle ne connaissait plus les pas de sa propre danse. Une scène déserte, où elle seule pouvait se déplacer, les yeux rivés sur cette performance qu’elle ne savait plus comment donner.

Réalisant soudain qu’elle n’avait relevé les yeux de son verre depuis quelques instants maintenant, elle reporta son attention sur l’homme, espérant que la perspicacité de celui-ci lui ferait deviner qu’elle ne voulait pas en discuter comme elle savait qu’il devinerait à son malaise qu’il avait vu juste.  La conversation qui déviait vers les mythes et légendes lui semblait beaucoup plus distrayante que son propre malaise.

Hope fronça les sourcils. Tant de choses dites en si peu de mots. Et pourtant…

« Vous dites donc avoir subi le poison… Et pourtant, vous ne m’avez parlé que d’un seul incident. J’en comprends donc que vous êtes ce malheureux dont vous parlez. Mais à quelle prison faites-vous allusion, M. Chiron ? »

Elle avait prononcé le nom du vieux centaure de la mythologie grecque avec une pointe d’arrogance. Certes, il n’avait pas cherché à le lui cacher plus qu’il ne le fallait qui il était. Mais la prison de laquelle il parlait était-elle mythologique ? Ou s'agissait-il de Malivore ? Elle voulait le savoir, mais si l’histoire de cet homme était vrai, cela ne faisait qu’en accroître le danger.

« Allez-vous tenter de retrouver ces flèches ? »

Elle redressa les épaules et s’appuya un peu plus dans sa chaise. La question était bien plus qu’il n’y paraissait, maintenant que Hope avait remis les pièces du puzzle en place, il ne restait qu’une chose à déterminer : ami ou ennemi.  

@Chiron Galanis