Une aide est parfois nécessaire pour envisager les choses sous un autre angle | Shaylee Galloway

Une aide est parfois nécessaire pour envisager les choses sous un autre angleDébut novembre - 869 mots

June
Harrington

Shaylee
Galloway

C'était une belle journée ensoleillée en cette fin de semaine. L'automne ne semblait pas définitivement installée, la température était des plus agréables et la brise du vent semblait elle aussi profiter d'une pause en ce week-end. Nous étions vendredi et exceptionnellement, June n'avait pas cours ce jour-là. Plus ou moins à jour dans ses travaux scolaires, elle s'était octroyée une journée tranquille. Après tout, le repos était nécessaire pour produire des écrits de qualité !
Elle n'avait pas spécialement ressenti l'envie d'aller en ville et de voir du monde ; même les personnes les plus sociables avaient parfois besoin de se retrouver avec elles-mêmes. Elle avait alors décidé de laisser ses pas la guider, et c'est presque tout naturellement qu'elle arriva aux jardins de l'école, situés non loin de la grand cour.

Arrivée sur les lieux, elle ferma les yeux et prit une grande inspiration, comme si cet air s'avérait plus sain que celui qu'on respirait ailleurs. Elle adorait s'y rendre, particulièrement au printemps où la vie semblait reprendre après la fin de l'hiver, mais aussi en été, dont le lieu revêtait une atmosphère enchanteresse, avec ses mille couleurs et le joyeux chant des oiseaux qui s'accordait parfaitement à l'ambiance. En automne, les couleurs changeaient, virant vers le feu, mais ce n'était pas déplaisant non plus. Entendre le bruissement et le craquement des feuilles sous les pas était presque reposant, tout du moins pour ceux qui aimaient la nature. Il n'y avait qu'en hiver, lorsque la neige recouvrait tout et que le froid avait achevé les dernières végétations résistantes, que la vie dans ces jardins ne semblait être qu'un lointain souvenir. Mais même dans de telles conditions, une certaine beauté pouvait y être trouvée pour ceux qui savaient voir. La neige dont la surface brillait était un spectacle silencieux mais magnifique aux yeux de la sorcière. Celle-ci semblait souvent voir le côté positif des choses même dans les aspects les plus négatifs. Elle n'était pas spécialement naïve pour autant. Elle envisageait simplement les situations sous différents aspects, évitant de s'enfermer dans un fonctionnement sans alternative. Bien évidemment, cela n'était pas toujours possible, mais elle faisait son maximum pour toujours garder à l'esprit son ouverture d'esprit.

La sorcière déambulait, cherchant à se vider la tête. Pourtant un sujet semblait la préoccuper de plus en plus : cette histoire de faux couple qu'elle avait instauré avec la complicité de son meilleur ami. Honnêtement, avec le recul, elle ne savait pas quelle mouche l'avait piquée pour qu'elle concocte un pareil plan, dans le but de rendre jaloux son ex petit-ami. Était-ce la trahison de ce dernier ? Dans tous les cas, ni le procédé, ni le but ne lui ressemblaient. Elle allait bientôt mettre un terme à cette mascarade. Comme dit, cela ne lui ressemblait pas et cette situation commençait à lui peser. D'autant plus que clairement, cela ne fonctionnait pas et les petits curieux qui commençaient à poser des questions devenaient de plus en plus nombreux. Le masque était en train de s'effriter. Que cela lui cause du tort à elle n'était pas un problème, mais il n'était pas question que la réputation de son meilleur ami soit entachée par des histoires rocambolesques. Même si lui n'en avait très certainement rien à faire.

Alors qu'elle marchait le long d'une allée, un mouvement sur sa gauche attira son regard. Il s'agissait d'un petit écureuil qui semblait rechercher de quoi s'alimenter. Comme fascinée, elle prit le temps de le regarder et d'observer son comportement. Il y en avait de temps en temps dans le parc et même si ce n'était rien d'exceptionnel, elle les trouvait vraiment adorables. Telle une enfant, elle pouvait parfois s'émerveiller devant des banalités aux yeux des autres, et était alors parfois qualifiée de fille naïve et rêveuse. Mais si admirer les beautés de ce monde était être naïf, alors elle aurait été bien fière d'être la plus naïve sur cette Terre. Les individus, constamment pressés et dans l'urgence, ne prêtaient plus suffisamment attention à ce qui les entourait. Il suffisait de voir leur côté machinal dès lors qu'ils faisaient un trajet habituel par exemple, les yeux rivés sur leur portable ou sur le trottoir, sans guère prêter d'attention au reste. Comme si une fois qu'on connaissait une chose, celle-ci n'avait plus rien d'intéressant à offrir. Et si parfois nous nous arrêtions quelques instants pour revenir aux fondamentaux ? Parfois, sur certains aspects, June se trouvait en décalage avec ce monde. Tout du moins, elle aurait aimé le voir différemment. Mais là encore, elle n'était pas du genre à voir tout en noir ou tout en blanc. Entre ces deux extrêmes, il y avait toute une palette de gris. Et finalement, c'est peut-être ce qui rendait le monde plus intéressant.

Absorbée dans la contemplation du petit mammifère qui venait de grimper à un arbre, elle ne se rendit pas compte qu'une personne s'approchait.

Une aide est parfois nécessaire pour envisager les choses sous un autre angle

feat. June Harrington

Ce monde lui paraît tellement étrange. Tellement loin de tout ce que la fée a pu connaître de cette époque encore tant aimée et tellement ancrée dans sa mémoire. Où sont donc passé les anciennes mélodies de la nature ? Même le son du vent semble avoir changé. L'esprit du vent ne se montre même plus. Il fut une époque où encore jeune fée, Shaylee s'amusait avec ce dernier se laissant taquiner par ce dernier. Virevoltant dans les airs dansant sous les mélodies de son peuple ne faisant que recréer ce que leur apprenait la flore autour d'eux. Les armes ont d'ailleurs encore tant d'histoire à raconter à Shaylee. Celle-ci n'a eu de cesse de les écouter sur l'évolution du monde. Tant de douleurs et de guerres. La fée peut ressentir leur colère et leur tristesse comme si ces émotions lui appartenaient. Elle ne faisait qu'un avec cette nature qui entourait cette école qui avait accueilli la jeune femme. Oh, sans doute, aurait-elle été un bon professeur, mais être enfermé dans le Malivor l'a rendu aussi fragile qu'un bébé venant de naître. Et il y avait des choses qu'elle se devait d'apprendre pour se fondre à cette nouvelle époque où tout n'était que technologie. La pauvre était tellement perdu. Mais en plus de l'adaptation, elle se devait de faire avec la crainte, le rejet et la méchanceté de certains élèves se méfiant de ce qu'elle était. Il était encore bien difficile à la fée de comprendre de tels comportements surtout par des êtres dotés de capacités tout aussi impressionnantes qu'elle. Le jugement semble être devenu bien facile de nos jours.

Shaylee les rejette d'une ignorance mesurée et continue sa route préférant de toute manière l'atmosphère sécurisant des jardins qui lui rappelle cette forêt où elle a vu le jour. Sa belle Angleterre lui manque, cela est certain. Mais à quoi bon être là où Alair n'est plus. Il n'est plus d'un personnage important de ses souvenirs. Oublié de ce monde. N'étant qu'une âme de plus qui s'en est allé. Dans l'esprit de la fée, elle se dessine un monde où il n'y a que des "si". Elle s'imagine cette existence qu'elle aurait pu avoir au côté de son forgeron. C'est pour cela qu'elle a adopté son nom de famille. C'est lui appartenir d'une quelconque manière. Même si c'est trop tard à présent.

Marchant tranquillement, la fée s'arrête par moments à des rosiers et sourit devant ces dernières qui murmurent de belles paroles à la fée. << Vous êtes bien plus belles encore mes demoiselles. >> Fit-elle d'une voix délicate. Une fée de la nature a toujours quelque chose d'attirant pour la flore qu'importe où celle-ci se trouve. La nature peut parfois se montrer un peu plus rebelle, mais Shaylee parviendra toujours à se lier à elle. C'est une fée de la nature après tout.

Mais même si ces belles fleurs se veulent douces, les pensées de la fée dérivent vers le visage de son forgeron. Son cœur se met à pleurer, bien que son visage n'exprime qu'une profonde mélancolie. Elle ne veut pas verser de larme et paraître plus ridicule encore. Celle-ci a assez à faire dans son quotidien avec des enfants impolis et mélangeant tout et n'importe quoi. Comparé à elle, ils sont si petits. 600 années de vie, ce n'est pas rien même si elle a pu passer 250 ans enfermée dans le Malivore. Cela ne changera rien au fait que ces gens se trouveront toujours plus jeune qu'elle.

Ses pas se stoppent alors en voyant une élève devant elle. Autant dire que la fée se montre prudente sur les rencontres qu'elle peut faire, même ici. Son regard suit celui de la jeune fille et remarque qu'elle se trouve absorbé par sa contemplation d'un écureuil. La fée sourit et s'avance vers celle-ci. << Elle s'appelle Deliah. >> Fit-elle simplement pour montrer sa présence. << L'écureuil, c'est ainsi qu'on la nomme. En tout cas, d'après cet arbre. >> Dit-elle en touchant ce dernier d'une caresse douce et apaisante. << Il est bien plus vieux que toi, mais pour moi, c'est encore un enfant. >> Fit Shaylee en regardant ce dernier avec sur le visage, le sourire d'une mère puis doucement Shaylee regarde à nouveau la jeune fille. << Désolée, je ne voulais pas t'effrayer. >> Contrairement à ce que l'on peut penser alors qu'elle est sortie depuis quelque temps du Malivore.

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