☾☾ En cette nouvelle nuit, la pluie s’abat sur la ville tandis que l’orage gronde. Autant l’un que l’autre cachent les larmes qui coulent sur mon visage témoignant de ce mal qui me ronge un peu plus à chaque fois que je respire. J’ai mis tellement de temps à la retrouver. Cette tombe qu’est la dernière demeure ma douce Rowena. Voir cette pierre tombale me déchire comme jamais. Là, est ton refuge ma bien-aimée. Dois-je être soulagé que de savoir que tu n’as porté aucun souvenir de moi ? Je l’ignore, mais en même temps, je me dis que cela a dû t’épargner bien des chagrins. Imaginer ne serait-ce qu’une larme sur ta peau de porcelaine me briserait plus encore que je ne le suis déjà. Mais je suis heureux de constater que tu aies eu une belle et longue vie à une époque où la maladie ne faisait de cadeaux pour personne. Ces mots que je lis, me sont autant des piqûres qu’un petit bonheur. Mère et épouse. Ces mots tournent en boucle dans mon esprit. Ainsi donc, tu as réalisé ce rêve qui te tenait à cœur. Celui d’être mère et une femme accomplie. Toi qui voyais en ces petits détails de bien grandes ambitions. L’époque où nous nous sommes rencontrés mettaient en avant tout cela, mais pour toi, tu n’avais d’autres envies que de sentir l’amour émerger en toi et autour de toi.
Genoux à terre, je ne peux qu’imaginer ce visage que tu avais quand je t’ai dis que nous nous reverrons. Pour moi, c’était comme si tout s’était produit hier. Et pourtant, en voyant l’état de ta tombe et les dates, je me rends compte que cela fait tellement plus. Je ne peux rien t’offrir que ces fleurs, et ce, cœur qui te pleure encore. Tu es la seule à avoir fait naître des larmes dans mes yeux. Je ne suis pas autant de pierre que l’on pourrait le croire. J’ignorais cependant que la souffrance était un fardeau aussi lourd à porter. Que serions-nous devenus si le Malivor ne m’avait pas gardé en otage si longtemps ? Aurais-je pu prétendre à demander ta main ? Aurions-nous pu construire quelque chose ? Quand je t’ai rencontré, tu as eu si peur de moi avant de constater que tu te méprenais. Par la suite, nos chemins se sont si souvent croisés que je ne voyais plus un jour sans voir ton magnifique regard se poser sur le mien. Frère Thomas m’a appris à saisir la vie, mais tu m’as permis de ressentir les plus belles émotions.
Visage dans mes mains, je ne peux m’empêcher de te pleurer. Tu me manques à un point que tu ne peux imaginer. Comment vais-je faire ? À mon réveil, je pensais te revoir, mais je suis confronté à un deuil. Perdre mon frère de cœur et toi, ma tendre amie. Je pourrais me mettre en sommeil et rejoindre mes frères et sœurs de pierres, mais je sais que tu mettais la vie en si grande importance que je ne puis me résigner à faire cela.
Mon visage se lève vers les cieux brouillés par mes larmes, la pluie et l’orage. J’ai l’impression que tu pleures. Dans ta mort, a-t-on pu t’offrir la grâce de te rappeler de moi ? M’aimes-tu encore ? Ou bien dois-je me faire avec l’idée que mon visage et nos souvenirs ont été à jamais effacé.
<< De grâce mon Dieu… Je ne désire qu’un signe. Est-elle en paix Seigneur ? A-t-elle une place dans votre royaume ? Cela serait bien injuste si ce n’était point le cas. Rowena est la femme la plus pieuse et douce que j’ai connu de mon existence. De grâce, veillez sur elle. >> Le plat de ma main se pose sur la terre recouverte d’une herbe verte et pure à l’image de ce que tu fus pour moi. À l’image de la couleur de tes yeux.
<< Mon aimée… Dis-moi ce que je dois faire désormais ? Aide-moi à comprendre ce monde et à me battre pour le préserver. >>(c) AMIANTE