Deana & Nate ~ Une saint Valentin en famille.

La Saint-Valentin sonne la fête des amoureux. Un moment que Deana avait voulu vivre dans les bras de Thélio sous une musique reflétant l’histoire qui les a réunis. Mais rien ne se passe vraiment comme on l’aurait souhaité. La vie ne nous offre pas toujours un bel happy ending. Composer avec la douleur et la tristesse fait partie de ces obstacles à surmonter. Cela nous dit que cela nous rend plus forts, mais le mensonge semble être omniprésent dans l’esprit de la jeune femme complètement affaibli. Elle ne trouve plus de goût à quoi que ce soit. Tout lui paraît fade et sans couleur. La musique fait renaître ces choses dans un plaisir éphémère. Dans une ritournelle en souffrance constante, Deana joue cette mélodie qui la rattache inlassablement à cet amour qui n’a pas eu le temps de s’épanouir. Elle repense à sa passion pour la mode qu’elle a tué dans l'œuf parce qu’il lui était trop difficile de se lever et de conduire jusqu’à l’université. De faire comme si de rien n’était alors qu’elle peine à confronter le monde sans avoir envie de s’enfermer dans un trou de souvenir. Là encore, ses parents n’ont rien dit. Chacun vivant ce deuil à sa façon. C’est comme si le noyau familial a été détruit et que le visage de Deana rappelle celui qui n’est plus. Comme si elle était fautive de quelque chose. L’enfant et les parents se sont éloignés et ne restent plus ou peu en contact. Ces derniers pourvoient à ces besoins tout de même. Dans sa douleur, il est impossible pour la jeune femme de se concentrer à plus que le minimum nécessaire à savoir se lever, manger, se laver, faire en sorte d’être un minimum coquette, sortir, marcher et jouer de la musique. Elle ne sait plus rien faire d’autre à part prendre les mauvais choix. Comme la dernière fois où celle-ci s’est rendu à une fête avant de finalement fumer un joint pour oublier avec Bran qui fut, cependant une belle rencontre dans les méandres de l’existence d’une exilée.

La plupart du temps, Deana reste dehors allant encore et toujours là où elle se perdait avec James. Que ce dernier soit sous sa forme humaine ou louve. La jeune femme avait ce besoin de s’y rendre comme pour en sentir la présence de ce jumeau disparu. Là où son aura marquait encore les lieux. Là où elle était persuadé de pouvoir encore entendre sa voix où bien qu’il apparaisse de derrière un arbre en lui disant avec ce sourire qui lui est propre, qu’elle était encore en retard ou bien qu’il était temps qu’elle arrive.

Devant la porte de son appartement, Deana cherche les clés dans son sac. Une fois, une recherche qui la fait un peu râler, celle-ci l'insère dans la serrure, la tourne et pousse la porte. C’est une odeur de repas qui l'accueille alors. Surprise, Deana s’avance se demandant ce qu’il se passe.

« Surprise ! »

<< Nate ? >> Autant dire que Deana ne s’attendait pas du tout à le voir ce soir. Elle pensait qu’il passerait du temps avec sa meilleure amie dans le besoin de rattraper ce temps perdu depuis la disparition de cette dernière. Et pourtant, le soir de la Saint-Valentin, Nate était là, debout devant elle, avec ce sourire qu’il avait toujours pour elle. Émue au plus haut point, Deana le regarde s’avancer, se mordant la lèvre au passage. C’est comme s'il avait senti que sa sœur n’avait pas eu la force de faire face seule à cette soirée.

« J’espère que tu n’as rien de prévu ce soir, sinon je vais me retrouver tout seul comme un con a devoir manger toutes les bonnes choses que j’ai préparé. »

Effaçant ses larmes, chose qui semble souvent déborder de ses yeux, Deana secoue négativement la tête. << Non, je n’avais rien de prévu. >> Ne voyant pas la housse, son regard restant posé sur Nate, Deana s’avance avant de courir dans ces bras à la recherche d’une étreinte. << Je t’appelais dans ma tête, mais j’osais pas prendre mon téléphone… Et tu es là… Avec moi… Comme si tu m’avais entendu. >> Deana a l’impression, sans doute étrange et un peu folle, que James y est pour quelque chose de là où il se trouve. Après ce qu’elle avait fait, entre sa tentative de suicide et de s’être échappé de l’hôpital, elle pensait que son frère serait vraiment en colère contre elle. Mais non, il restait présent même s’il l’avait disputé. La seule personne contre qui elle ne pouvait rien ayant vu dans ces paroles une inquiétude et une détresse véritable face au geste que Deana avait osé faire. << Je suis contente que tu sois là avec moi. >> Elle a encore une révélation à faire et celle-ci n’est pas certaine que cela lui fasse plaisir d’apprendre que Deana abandonne ses études pour le moment. Elle ne se sentait plus la force de rien à part de l’essentiel pour elle. Les parents étaient déjà au courant, il ne manquait plus que lui. Elle sourit doucement en le regardant, bien que la douleur règne toujours dans les pupilles claires de la blonde. << Ça sent très bon dis-moi… Tu as préparé quoi ? >>

Deana n’avait pas pu concevoir passer cette soirée toute seule. En fait, elle aurait fait n’importe quoi pour ne pas se retrouver là, à penser à tout ce qu’elle a perdu et au peu qu’elle a pu vivre avec Thélio. À dire vrai, et même si c’est triste, Deana aurait commis un travers pour se sentir vivante et non pas entre deux mondes. Coucher pour se sentir vivre même si l’impression n’en aurait été qu’éphémère pour la jeune femme. Mais voir son frère ici, la réconforte et lui fait penser qu’elle n’est pas aussi pestiféré que ses propres parents lui font penser. On ne peut pas dire que celle-ci digère la façon dont elle est traitée par ces derniers. Quelle idée de mettre leur enfant de côté alors qu’il se trouve que cette dernière a terriblement besoin d’eux. Deana n’arrive pas à comprendre ce comportement ni ce qu’elle a fait pour le mériter. Son geste commis n’était qu’un appel au secours sur les émotions désespérées qui l’habitaient et l’habitent encore à présent. Le seul qui le comprend malgré la réprimande, c’est Nate et Lisandre. Pourquoi faut-il que ce soit des personnes étrangères à son sang qui la comprenne mieux ? Sans doute que c’est sans cesse ainsi et pas que pour elle. Cependant, Nate a toujours fait partie d’elle. Pour Deana, il est son frère, qu’importe ce que la généalogie ou le sang peuvent dire. Elle a grandi avec lui et l’a tout de suite accueilli au cœur de leur famille. Leur lien est fort malgré les derniers événements et la jeune femme se sent terriblement coupable de l’avoir blessé alors que ce dernier a déployé toute son énergie pour lui offrir une Saint-Valentin comme Deana en a toujours rêvé. C’est beau, mais en même temps malheureux qu’elle doit ce petit bout de rêve avec son frère. Elle s’était imaginée un bel instant avec Thélio, mais ses projets, aussi minimes soient-ils, sont partis littéralement en fumée.

« Je serais toujours avec toi Deana. Tu pourras toujours compter sur moi. »

Cette simple phrase. Nate ne peut pas imaginer à quel point cela soulage et réconforte Deana. C’est tout ce qu’elle souhaitait entendre de la part des siens. Elle voulait entendre qu’elle n’était et ne sera jamais seule. chose que celle-ci ressent un peu trop ces derniers temps. Deana se sent comme si une part d’elle se trouvait morte. C’est le cas. Perdre son jumeau, c’est se perdre elle-même dans les ténèbres. Ressentir un manque que rien ne pouvait combler et être abandonné par Thélio n’a fait que renforcer tout ça. Tout contre lui, la jeune femme se laisse aller à des émotions qu’elle avait oublié. Comme si elle ne se souvenait plus que celle-ci se trouvait encore humaine. << Je sais… Tu es le seul de notre famille à tenir ta promesse. >> Il faut l’avouer. Ses parents l’ont éloigné et ne l’ont plus contacté. On ne pouvait pas décemment mettre une enfant de côté à cause d’un événement aussi tragique. Une famille si unie à l’époque. Aujourd’hui, c’est à peine si elle croit que ces moments ont pu exister.

« Je suis content aussi que tu n’ai rien de prévu. J’avoue que je n’aurais jamais pu manger tout seul tout ce que j’ai fait. »

Se décalant un peu, Deana le regarde en esquissant un sourire sans vie. Oui, elle n’avait plus cette lueur. Tout était forcé. Deana ne trouvait plus la force de porter ses masques. << Je n’ai rien prévu à part me faire commander un truc et faire une razzia de chocolats. >> Tant qu’à faire des excès, autant que ça puisse lui plaire. Mais Deana ne souhaitait pas dire à son frère qu’elle aurait été capable de sortir juste pour trouver une homme avec qui coucher. Elle qui a toujours été convaincue que ce genre de chose se fait par amour ou du moins avec des sentiments très forts, là voilà prête à jouer les filles libertines pour avoir l’impression d’être attirante et plus ou moins importante. Dans le cas, ce serait moins que plus.

« Tout ce que tu préfères. »

Tournant la tête vers ce qu’à préparé Nate, Deana constate effectivement que des grillades se trouvaient là. Des légumes et surtout des poivrons que la jeune femme pouvait manger à toutes les sauces. Elle sourit avant de tourner sa tête à nouveau vers son frère sans pouvoir s’empêcher que James était tout aussi friand de ces choses qu’elle. Qu’importe ce qu’elle peut faire, manger, voir, ses pensées se tournent toujours vers son jumeau. Elle baisse la tête prenant une profonde inspiration pour contenir des larmes qui menacent de couler.

« Au fait j’ai trouvé ça. »

Suivant le regard de Nate, Deana se détache doucement de lui pour voir cette housse qu’elle n’avait pas vu lorsqu’elle est entrée. << Je dois être vraiment mal pour que tu fasses les boutiques pour moi. >> Fit-elle avant de constater ce qui se trouvait là, bien emballé et protégé. Les yeux de la jeune femme s’ouvre en grand. << Nate… C’est… C’est celle que… >> Deana ne parvint pas à finir sa phrase bien trop émue par ce cadeau. Une robe qu’elle avait vu lorsqu’elle s’était promenée avec ses frères. Cela fait des semaines qu’elle s’était arrêtée devant cette vitrine et Nate s’en était souvenu. Serrant la housse contre sa poitrine, Deana se tourne lentement vers son frère. << Merci… C’est… J’arrive pas à trouver les mots. >> S’approchant alors de Nate, elle l’entoure d’un bras puis dépose un baiser sur sa joue. << Je vais te faire honneur et la mettre. >> De toute façon, pour quelle occasion pourra-t-elle mettre cette merveille ? D’un sourire, elle s’échappe pour aller se rafraîchir et se faire belle pour Nate. C’était la moindre des choses qu’elle profite de cette soirée comme il le faut. La joie n’en sera que passagère, mais au moins l’aura-t-elle connu même si c’est peu. Ce qui parut long sans doute, en tout cas bien plus que ce que Deana a l’habitude de faire ces derniers temps, celle-ci s’avance vers le salon. Habillé de la robe, quelque peu maquillé et coiffé de façon à ce que sa chevelure ondule le long de son dos. Elle se racle la gorge pour attirer l’attention de Nate. << Alors ? Comment je suis ? >> Elle fait un tour sur elle-même avant de poser son regard dans celui de son frère. << Je n’ai plus l’habitude de porter des vêtements à la pointe de la mode maintenant. Ça me fait bizarre. >> Elle se tait un instant avant de reprendre. << Je m'en veux. Je n'ai même pas un cadeau pour toi. >> Autrefois, elle offrait une rose à sa famille pour fêter la Saint-Valentin, mais cette idée ne lui est même pas venu à l'esprit et l'envie n'en était pas présente non plus. << Je suis désolée... >>

Robe + coiffure + maquillage: