[LIBRE/OUVERT] What's up little Sister (Lane family ET QUI LE VOUDRAS BIEN)

" GOODMORNING KARA ! Alors quoi de beau dans la famille ? Douze ans, j'en connais un qui a déjà dû perdre patience depuis un baille ! "

Comment en sommes-nous arrivés là ? Tout ceci n’étant que la conséquence de la grande éducation des Lane envers leurs chères progénitures. Autant dire que la mésentente règne parce que c’est ainsi que l’a voulu les parents. C’est ainsi qu’on voit qui est prêt à se démarquer pour prendre la relève du Coven. Comme si j’avais souhaité que notre père s’arrête sur moi et que notre mère me haïsse à un point qu’une personne lambda ne peut éprouver. Leshii n’a pas été épargné. Notre père ne voyant que moi et notre mère ne donnant de l’affection qu’à notre jeune frère, sûrement le seul à pouvoir devenir le chef de famille même si je sais que notre père n’éprouve rien de plus envers ce dernier qui n’a jamais atteint ces espérances. N’est-ce pas une belle famille que la nôtre ?

Me voici face à mon passé cloué contre le tableau alors que mes pensées vont vers mes élèves gisant au sol souffrant d’un mal que je comprends mieux désormais même si je ne sais pas de quelle drogue mon frère a pu utiliser contre eux. Je tente de me débattre, mais impossible de bouger. Leshii ne peut pas avoir autant de puissance sans qu’un être tiers n’agisse avec lui. Je le sais capable de tout alors, ce n’est pas étonnant si je sens une énergie bien plus négative derrière lui. Une énergie qui l’enlace et l’entraîne plus loin dans la folie et dans la négativité. Je me sens presque dépourvu de ma propre énergie à force de me protéger face à l’impact que ça a sur ma propre personne.

<< Leshii ! T’es complètement dingue ! T’étais obligé de t’en prendre à eux pour m’atteindre ! >> Bien sûr que je suis en colère. Je n’ai rien à voir avec la Kara d’autrefois qui se moquait des dommages collatéraux. J’ai abandonné mon ancienne vie, même si ce passé reste ancré dans mes chairs aussi sûrement que le souvenir du châtiment des traîtres qui me hantent à chaque fois que je ferme les yeux.

" Mais, dit donc, t'as prit en miche frangine ! Mmm, il doit être content le… merde, rappelle moi à qui tu es promise ? Ou marié maintenant remarque ! Tiens d'ailleurs, comment va Ava ? Pas trop dessus de mon départ précipité ? "

<< T’es complètement à côté de la plaque Leshii. >> S’il savait. Moi aussi, j’ai tout plaqué risquant ma propre vie pour me délivrer de ce cercle infernal. En voulant me sacrifier, j’ai gagné quelque chose de plus grand, de bien plus immense que cet avenir que l’on avait tracé malgré moi. Mon ignorance du monde extérieur du Coven ne pouvait pas me donner l’occasion de réaliser que la vie était meilleure de l’autre côté du portail de notre propriété. Même si nous quittions cet endroit pour aller en cour comme tout le monde, je ne pouvais que voir le monde que le Coven nous peignait depuis notre naissance. J’exerçais mon pouvoir sur qui je voulais et quand je le souhaitais avec ou sans le consentement de mon père. Plus je commettais de mauvaises choses et plus il en était satisfait. Il ne me suffirait pas d’une vie pour me faire pardonner de tout ce que j’ai pu accomplir. Notre sang est maudit qu’on le veuille ou non. En nous, coulent des siècles de malveillance. Même si les astres m’ont offert leur protection et qu’une instance supérieure bénéfique m’a béni à sa manière, je dois faire le reste désormais. Cette école m’a permis de grandir bien plus encore et de m’apprendre ce que je n’aurais pas pu connaître ailleurs et par moi-même. Mon meilleur ami a fait une bonne partie du boulot, mais le reste, cela ne tenait plus qu’à moi.

<< Qu’est-ce que j’en sais moi ! J’suis plus au Coven depuis longtemps. >>

Je remarque que beaucoup de choses ont formé la personnalité décadente et vicieuse de mon frère. Il est à l’image de ce que la famille souhaitait et sans doute de son propre chef également. << Bordel Leshii, réglons ça entre nous, mais laisse cette école en dehors de tout ça ! >> Oui, tout ceci ne concerne que nous.

Serrant les poings, je ferme les yeux, contrôlant ma respiration faisant appel à cette nouvelle magie qui coule dans mes veines et qui n’avait absolument rien à voir avec celle que l’on m’a enseigné depuis ma naissance. << Merde, tu veux quoi Leshii. >> J’ancre mon regard dans le sien, tentant de comprendre, de prendre des informations qui me seront utiles. J’interroge même intérieurement les astres pour qu’ils me viennent en aide. Le seul mot que je perçois dans mon esprit. Ce message venant de mes protecteurs. C’est : Purification.

Purifier quoi ? Qui ? Mon frère ? Je n’arrive pas à saisir parce qu’on ne peut pas faire ce genre de chose n’importe comment. Pour chaque situation, il y a une manière de faire. Et pour le moment, je dois le faire parler. << Tu comptes faire quoi… Me tuer peut-être ? >> La mort, je l’ai vu de près, je l’ai frôlé avec une intensité glaciale, déconcertante et effrayante. J’ai vu les mille enfers que j’aurais pu subir si les astres n’avaient pas décidé de me sauver. J’ai pu sentir autant la chaleur que le froid. Les cris comme le silence. Deux aspects horrifiques d’un monde que j’aurais pu rejoindre, mais dont on m’a sauvé en même temps que les jumelles. << Pour information, tout le monde te croit mort… Maman dit à qui veut l’entendre que les traîtres connaîtront le sort qu’elle t’a réservé. Mais je vois qu’elle avait plus la grande gueule qu’autre chose… Comme toujours d’ailleurs. >>

Voyez où l’éducation que nous avons reçu nous a fait. Nous ne sommes habités que par la haine, la méfiance et un soupçon de peur. Peut-être que cette dernière est déguisée, mais croyez-moi, elle se trouve bien là. En nous. Serpentant comme un serpent vicieux prêt à déverser son venin. Si j’ai abandonné cette vie tout comme mon frère, ce dernier est resté dans les habitudes de notre famille quoi qu’il en dise. Persuadé, que je suis ici pour le retrouver et le ramener alors que je me fous complètement de ce qu’il peut faire aujourd’hui. Nous avons tourné le dos au Coven chacun pour une raison qui nous est propre. J’ai dû faire face aux châtiments des traîtres alors que lui, a pu s’enfuir sans avoir à affronter la douleur que j’ai pu ressentir par les coups et la magie. Leshii ne comprendra pas par ce par quoi je suis passée et il s’en moquera éperdument. Je ne vois qu’une folie vengeresse dans ces pupilles sombres. Il pourrait en effrayer plus d’un, mais pas moi. J’ai bien trop vu au cours de ces années et notre éducation ne nous a pas poussé à ressentir ce genre de faiblesse. Même loin de tout ça, je reste connectée à certaines habitudes qui ne peuvent pas me quitter. Cependant, il fut un temps où j’aurais répondu par une magie sombre aux attaques de mon aîné, mais je ne le fais pas. Ma magie est toute autre et je ne souhaite pas que mes élèves se transforment en dommage collatéraux.

" Gabriel ! Je m'appel Gabriel, qu'ils aillent pourrir en enfer avec leur patronyme les deux énergumènes !"

Gabriel. Ainsi donc voilà son nouveau prénom. Quelle ironie de prendre le nom d’un ange. Il a toujours aimé ce genre de blague. Mais n’y avait-il pas un Gabriel dans notre Coven également ? Serait-ce une coïncidence ? Non, je ne pense pas. Dans le milieu de la magie, rien n’est dû au pur hasard. Tout a une raison d’être et on s’en rend compte au fur et à mesure du temps. Tout comme il était écrit dans les astres que je ne perpétuerai pas les plans des miens. Mais que je devrais tenter de réparer les ignominies commises par notre sang. Je n’aurais pas le temps de ma vie pour parvenir à cela. Mais au moins, j’aurais vécu d’une manière plus décente que je n’aurais plus le faire parmi le Coven. Qu’aurait été ma vie d’ailleurs ? Mariée à un homme sans saveur et dirigeant un Coven qui ne se voue qu’au mal depuis des siècles ?

"NE ME POUSSE PAS À BOUT KARA ! Sauf si tu veux que j'envoie ta tête dans un carton à la maison. "

J’arque un sourcil. Oui, je ne peux pas m’empêcher de le provoquer. Mais n’est-ce pas une attitude que nous avons en commun lui et moi ? Un même trait de caractère que nous exploitions face à nos parents quand l’humeur et l’envie faisaient écho en nous.

<< N’oublie pas de laisser un mot alors si tu dois en arriver là. >> S’il pensait me faire peur, il pouvait se mettre le doigt dans le nez. Ce n’est pas mon genre. Il le sait. Nous avions grandi de cette manière. Les menaces ne sont que peu de choses.

" Deux ans minimum. Tu devrais surveiller un peu plus tes arrières soeurettes, les ombres cachent beaucoup de choses."

<< Et tu penses que je n’ai rien senti peut-être ? >> Les astres m’ont murmuré un message et j’avais cette impression constante que l’on me surveillait. Mais je ne vivais pas dans cette crainte. Je continuais à vivre simplement tout en protégeant mes arrières.

Bloquée dans mes mouvements, je ne parviens pas à me défaire de ce lien qui me tient contre le tableau alors que mes élèves sont en danger. J’ai peur pour eux. Ils sont aussi fragiles que des bébés qui viennent de pousser leur premier cri. Ils ne sont pas aptes à faire face à l'étendue de la folie de mon aîné. Surtout que je sens quelque chose autour de lui. Une protection sombre et puissante. Sans compter sa colère si grande quand je mentionne encore ce prénom qu’il déteste par-dessus tout. La gifle part et rougit instantanément ma joue. Je serre les dents. Plus par colère que par douleur. Le contact de sa main n’est rien comparé à ce que j’ai subi par le passé. Ce n’est rien comparé aux coups que j’ai déjà reçu de notre père.

" Comme s' ils avaient de l'importance ! "

<< Ils sont bien plus importants que ma propre vie. Alors laisse-les ! >>

Quand je le vois prendre un élève pour le malmener, je bouge, mais cette force me retient comme si l’on posait le plat d’une main sur mon buste. << Arrête ! Laisse-le ! >>

" Bordel ! Ils t'ont fait prendre des cours d'art dramatique ? "

<< Rien. C’est juste que contrairement à toi, j’ai changé. >>

Je l’ai encore appelé par son prénom. C’était instinctif, mais ça ne lui plaît pas.

" Très bien, continue, mais je vais jouer aussi à ce moment-là KARA. A ta place je serrais les dents petite soeur."

<< Non !!!! >> Je vois ce pauvre élève payer pour mon erreur. Encore une fois, on souffre par ma faute. Je ne peux pas laisser passer ça. Jamais !

" Mmmm divin. Je t'en pris recommence avec tes Leshii, je ne me lasse pas de ce craquement. Et toi la, crie un peu moins fort quand même pour mes oreilles hein! "

<< Toujours à t’en prendre à plus faible que toi ! Je vois que tu préfère affronter un simple élève plutôt que moi. >> Je le regarde alors que la rage nourrit mon être doucement, mais sûrement.

"Te tuer ? Mais qu'elle idée ! La mort est bien trop douce Kara, je ne te laisserais pas cette opportunité. "

<< Oh, je ne pense pas que tu peux faire mieux que ce que j’ai déjà subi cher frère. >> Mon regard s’ancre dans le sien, devenant d’une teinte plus claire. Plus glaçante encore. Leshii ou Gabriel, qu’importe son prénom désormais, ne sait rien de celle que je suis devenue au cours de ces années.

" Je m'occuperais de son cas ! Ceci dit, pour quelqu'un en train de parler avec un mort, je ne te trouve pas vraiment surprise. "

<< Mère a toujours eu la grande gueule. J’ai toujours su que tu étais en vie alors non, je ne suis pas étonné. >> Je le revois revenir vers ce pauvre étudiant complètement paniqué et dont la douleur se fait insoutenable. << Bordel, laisse-le merde ! >>

" Que fais tu ici Kara si ce n'est pas pour me ramener hein ? "

<< Là ? J’suis bloqué contre le tableau. >> Impertinence quand tu nous tiens. Cela me permet de reprendre mon souffle et de réfléchir à ce que je peux faire. << J’enseigne ici. Que veux-tu que je fasse d’autre. >>

" Attend, chut, deux secondes ou je casse un doigt a toutes personnes présentes dans les écoles. "

Je suis bien obligée de me taire pour protéger mes élèves, mais cela me coûte tellement pour tout dire. Je le revois revenir vers moi avec une fiole en main. Contenue que je refuse d’avaler et il use de la force pour le faire et je le vois bien son amusement. Mais cette fois-ci je comprends le message des astres un peu plus tôt. Purification. Un démon se trouve autour de lui agissant en protecteur acharné. Quel idiot. Cette fois-ci, je ne pense pas que son âme puisse être sauvé.

" Voilà. Encore cinq minutes et on va pouvoir parler !"

J’esquisse un sourire réussissant après plusieurs tentatives à me libérer tombant au sol. Moi aussi, j’ai pas mal de ressource comme des formules qu’il est inutile de formuler, mais qui purifie l’air autour de moi. Une barrière que je devrais entretenir. Doucement, en m’appuyant sur la tranche du bureau, je me redresse et le regarde droit dans les yeux. << Cinq minutes donc… >> Je me mets entre lui et mes élèves. << Non, c’est entre toi et moi… Gabriel… >>

Notre façon de traduire ce que nous avons appris dans notre enfance était à présent plus qu'éloquent. C’est dans la folie que mon frère se berçait tandis que pour ma part, je continue de façon constante de me remettre sur le droit chemin. Une chose que ce dernier ne semble pas saisir pensant que je le prends pour le dernier des cons. D’une certaine façon, c’est le cas puisqu’il a toujours dans une catégorie que je ne saurais pas expliquer et qui faisait froid dans le dos à ma mère, une habituée des pires malédictions. C’était une lanceuse de tourments hors pair. À voir mes élèves aussi impuissants, me mettait hors de moi. J’étais prisonnière contre ce mur, mais à force de concentration, j’ai pu m’en libérer. C’est fini de jouer et Gabriel devait sentir que ma magie n’était plus celle d’autrefois. Je n’avais utilisé aucun sort de magie sombre. Ce n’était plus vraiment ma branche de prédilection même si les vieilles habitudes ont parfois la vie dure. Cependant, je savais qu’au plus profond de moi, si je venais à l’utiliser, le résultat final serait plus qu’évident. Je ferais plus de mal que de bien à cette école.

En voyant tous les élèves autour de moi subir un sort plus envieux, je viens à grogner de rage. Comment peut-il être aussi sans cœur que ça ? Est-il donc impossible de lui faire entendre raison ? Je me rends compte que Leshii ou Gabriel, peu m’importe, n’a jamais été comme les autres. Autant dire que c’est un peu normal avec les antécédents de la famille. Mais pourquoi m’en retrouvais-je si différente ? Pour n’avais-je pas un trait de folie d’un de mes ancêtres ? Était-ce un signe de force ? Ou plutôt de faiblesse ?

Libération acquise, je regarde d’un air mauvais mon frère à qui ça ne semble faire ni chaud ni froid. Au contraire, il poursuit son amusement tel un enfant qu’on ne pouvait plus arrêter. Un gamin fou qui n’a aucune réelle conscience du bien et du mal. Pour lui, ce ne sont que des mots, ni plus ni moins.

” Nous serons deux à jouer carte sur table ainsi ! Il nous faut juste encore cinq petites minutes. T’as pas un échiquier pour passer le temps ?“

J’ai beau analyser la situation, mais je me sens toujours autant impuissante. Il observe le moindre de mes faits et gestes. Ce que je fais aura pour conséquence de blesser plus encore un de mes élèves ou bien tous. Ne se rend-il pas compte du ridicule de la situation ? Lorsqu’on parviendra à l’avoir, et on l’aura, c’est dans une prison magique qu’il se retrouvera coincé. N’est-il donc pas convaincu que je dis la vérité ? Apparemment, non, je suis encore capable de le tromper. Et pourtant, j’ai changé, je ne suis plus la Kara qu'il a connu autrefois et qui suivait bêtement les désirs et les ordres d’un patriarche taré. Mon frère est parti sans casse contrairement à moi. Mon corps porte encore les stigmates des tortures que j’ai reçu. Physiques ou psychologiques, elles sont présentes et me rappellent ce par quoi je suis passée et que je ne veux plus revivre. << Laisse-les Gabriel, ils n’ont rien à voir dans nos histoires. Ce ne sont que des gosses. >> Jouer la carte de la sensibilité ne sert à rien avec quelqu’un qui n’en a jamais eu. Dans notre famille, l’innocence n’a jamais été un passage que l’on a connu. Encore aujourd’hui, c’est un terme que je ne connais pas, mais que je peux rencontrer par moment ici dans cette école ou encore dans la ville. Je découvre comme des enfants vivent vraiment et non pas à se haïr ou lancer des sorts pour entrer dans cette esprit tordu qu’est notre Coven.

”A nous deux alors, que la vérité soit. Es tu venu me ramener chez eux Kara ? “

<< Pour la seconde fois, c’est non. Je ne veux plus avoir un lien avec notre famille et le Coven entier. C’est du passé tout ça. >> Aura-t-il des doutes malgré la potion qu’il m’a fait boire de force ? Si c’est ça, alors, il vient à douter de son propre savoir. << À mon tour… Que t’est-il arrivé à ton départ de la maison ? Comment as-tu pu fuir sans élever les soupçons de nos parents ? >> Je saisie pourquoi notre mère a dit qu’elle l’a tué, c’était un échec pour elle que son sang ne suive pas les directives anciennes. Et à mon tour, j’allais à l’encontre de toutes ces règles.

Si je le voulais, je pourrais libérer ma puissance, mais mes élèves me sont trop précieux pour que je fasse sortir Gabriel hors de ces gonds. Il se pense puissant juste parce qu’il a quelque chose derrière lui qui le protège de la magie. Il se dit fort, moi, je le pense, lâche. Il n’a jamais pu agir autrement qu’avec l’assistance d’une entité néfaste supérieure. Jamais je n’arriverais à le comprendre, ce plaisir qu’il éprouve en faisant du mal aux autres. Autrefois, je ne savais pas comment prendre les choses, j’agissais parce que c’était naturel, c’était notre façon de vivre, la seule que j’ai pu connaître. Lorsque j’ai compris que tout ceci était ignoble, il était trop tard pour mon âme. J’étais prête à la vendre pour en sauver deux autres et pourtant, quelque chose a su déceler en moi, bien plus qu’une sorcière dont les ancêtres n’avait voué leur magie et leur énergie à faire le mal encore et encore tout en y prenant plaisir. Tout comme Gabriel était entrain de le faire. Il avait fui le Coven, mais pas le mal. Nous sommes tellement différents, lui et moi. Comment est-ce possible ? Certes, je n’ai jamais cru à sa mort, mais avec le temps, j’avais espéré qu’il soit devenu tellement plus que ce à quoi nous étions logiquement destiné. La déception est aussi grande que lorsqu’il voit mes marques.

Il n’a pas vu celles des coups de fouet reçus dont la plupart se sont estompés avec le temps et des onguents magiques. Mais la trace des souvenirs sont bien là, enfoui dans ma tête et dans mes chairs. J’ai vu la mort avant qu’on ne me sauve. J’ai vécu tellement plus que lui. Gabriel a fui parce qu’il était protégé, moi, j’ai fait face à la sentence parce que je la méritais. Je l’ai accepté parce que j’estimais que c’était un premier pas vers un chemin différent, meilleur pour moi. Un chemin vers la rédemption. Malheureusement, ma simple vie ne sera jamais suffisante pour ça. Mais mes instances pensent que je vaux la peine d’avoir été sauvé, ce n’est pas le cas de Gabriel. Quand la chose qui est derrière lui aura estimé en avoir fait assez, Gabriel se retrouvera enfermé dans un monde qu’il aurait aimé ne jamais connaître. Mais il est tellement fou que cette évidence ne frôle même pas son esprit dérangé.

" L'enfant prodigue ! Tu parles tiens, même pas capable de déjouer le coven. "

Un sourire se dessine sur mes lèvres tandis que je pose mon regard dans le sien. << Je n’ai pas dit que je voulais déjouer quoi que ce soit… Gabriel. >> Et puis quoi encore.

" Tu vois Edgard, les prophéties, la voyance, tout ça tout ça, c'est complètement surfait ! "

Je viens à rire moi-même alors que je m’avance vers lui. J’en ai assez d’être son jouet. << Dit celui qui n’est même pas foutu de se défendre sans être protégé par la chose sombre que je vois derrière toi. >> Avoir côtoyé la mort, senti ce monde glacial happé presque mes veines, on en vient à voir ce qui devrait rester invisible aux yeux des autres.

" Tu ne veux plus rien avoir à faire avec la famille, mais avant tu aurais dû demander conseil à ton frère Kara, cela aurait évité cette honte..."

<< Je ne considère pas ces marques comme une honte. Elles sont là parce qu’elles doivent l’être. Je n’avais pas l’intention de quitter le Coven comme un fou qui se pense intelligent. Tu n’as rien défié… Personnellement, j’ai commencé à fissurer la base qui fait le Coven. L’union n’est plus ce qu’elle était cher frère. >> Je n’ai jamais eu besoin de lui autrefois, ce n’est pas maintenant que cela va commencer. Je tiens pas à avoir une quelconque dette avec lui.

" Tu étais capable de bien mieux que moi. Je suis partie en fourbe, pour les faire chier, toi, tu aurais pu les défier petite soeur. Tu en avais la force et la puissance. "

Croisant les bras sur ma poitrine, je l’observe des pieds à la tête. << J’ai semé la graine de la discorde, j’ai fait ma part t’en fais pas pour ça. >>

" Enfin, je suis dans un jour de grâce aujourd'hui, alors je vais t'accorder ton souhait et ne plus venir me présenter à toi, puisque tu ne veux plus avoir à faire à la famille. "

<< Tu me prends vraiment pour une idiote mon frère. >> La suite ne fait que renforcer cette idée autant que cela m’a permis de trouver la bonne formule pour bloquer l’entité qui le protège. Esquissant un sourire, je l’observe. << Et bien, qu’est-ce qu’il y a mon frère, tu es bloqué, on dirait. >>

Lancé de dés:

Sans doute, paraissais-je folle pour mon frère après tout, il ne parvenait pas à comprendre pourquoi je me suis laissée punir ainsi par les nôtres, portant ainsi fièrement ces marques sur mon corps qui signaient la fin d’une servitude qui ne me plaisait plus et qui n’avait pas plus de sens que ce plaisir de faire du mal à d’autres. Oh, je n’irais pas jusqu’à dire que je suis débarrassée de mes vices. Les mauvaises habitudes ont la vie dure dit-on et c’est un combat de chaque instant. Alaric me permet de rester parce que j’ai pu largement prouver qu’il pouvait avoir confiance en moi et ma connaissance dans la magie noire peut toujours servir en cas de besoin. Je me désole simplement que d’autres viennent payer à ma place. Des dommages collatéraux qui n’auraient jamais dû exister. Mais mon frère voulait toucher mon point sensible et il a su que les élèves en étaient un pour moi. Je tiens à les protéger du mieux que je le peux, mais j’ai échoué aujourd’hui. Mais cette mise en scène m’a permis de préparer ce sort que je mijotais depuis le début de cet affrontement. Est-ce que ce choix fait de moi une personne horrible au même titre que Leshii ? Ou Gabriel, qu’importe son prénom désormais, nous restons les mêmes depuis le jour de notre naissance à devoir faire des choses qui ne nous satisfont pas toujours, mais qui nous restent utiles.

" La paix, la liberté de régle totalement stupide que nous infligeait nos géniteurs et cette secte à la con ! Peu importe le moyen petite soeur, tant que le résultat est là. Je ne suis pas fou pour aller me faire charcuter gratuitement. "

<< Voilà la différence entre toi et moi. Tu aimes faire le mal alors que moi, cela ne m'intéresse plus et ne me plaît plus. >> Le châtiment était présent pour boucler la boucle de ce cercle vicieux qui n’a que trop été nourri au cours de ces siècles passés depuis la toute première de la lignée. Ce n’est pas avec moi que cela continuera à être nourri. Je ne souhaite qu’une chose faire de ma vie une chose meilleure qu’elle ne l’était censé être au départ. << Ne me prend pas pour une idiote mon frère, à quel prix j’aurais dû payer tes conseils ! >>

La colère m’anime de plus en plus, en sentant le mal serpenter dans les veines de mon frère alors qu’il se trouve bloqué. Je viens lui faire face plongeant mon regard dans le sien pour ne pas le frapper comme une lâche par derrière sans qu’il ne voit le coup venir. Nous avons été élevés pour nous affronter. Il aurait pu être le premier choix de notre père, mais je me demande encore pourquoi tout s’est posé sur moi alors que ma mère a prédit ma traîtrise. Sans doute parce que je pouvais encore être mené vers le côté sadique de la famille, être la digne héritière de Tabitha, mais ce fut le contraire quand j’ai su ce qui attendait nos victimes une fois sacrifiées. Non, je ne pouvais pas concevoir qu’un tel monde existait et qui a été créé par nos ancêtres au fur et à mesure des siècles de magie noire.

La magie fourmille en moi voyageant dans mes veines en y apportant une chaleur certaine dans mon corps. Une chaleur qui se veut réconfortante. Un feu protecteur.

" J'étais prêt a te laisser tranquille, ce qui incluait aussi tes merdeux. Mais soit, agonie pour tous !"

<< Pour ça, faudrait que t’arrive à bouger ton petit doigt Gabriel. >> Fis-je en ancrant mon regard dans le sien. << Tu ne toucheras plus à un cheveu de mes élèves. >> Je sais qu’au fond de moi, il serait revenu pour foutre le bordel à nouveau. C’était un besoin vital pour être le centre de l’attention et prouver quelque chose qui n’arrangeait que sa propre perception.

"Alors le voilà quand même notre affrontement petite soeur ! Alors que le plus fort gagne. "

<< On dirait bien mon frère. Je vais te montrer que je n’ai pas autant faibli que tu ne le penses. >> J’ai même gagné quelque chose qu’il ne saisira jamais.

Nous en sommes à présent à nous faire face. Il tente d’user de ces pouvoirs, mais mon sort protège les élèves. En fait, j’use de tout ce que je peux pour les empêcher d’être encore plus victimes de la malveillance de mon frère. Je peux tenir, je sais que je le peux ! L’endurance dans la douleur, Gabriel et moi, nous la connaissons pour avoir subi de lourds entraînements auprès du Coven. La délicatesse n’est pas une chose enseignée par nos pairs, bien au contraire.

Plus cela avance et plus ma magie m’épuise et je peux le voir dans le regard de mon frère que le ressenti est le même. C’est invariable, on ne peut pas tenir un tel combat sans que le corps finisse par ressentir les effets. Ce que mon frère ignore, c’est que le châtiment des traîtres m’a enseigné une très bonne chose. Aller au-delà de la douleur et de l’épuisement. On veut abandonner, mais l’esprit nous en empêche et le corps suit immanquablement le désir souhaité. << Oublie tes divinités mon frère. >> Une perle de sueur coule de mon front à ma joue. La concentration et la magie me demandent de l’énergie et je ne lésine pas sur la puissance à donner. Gabriel est fort autant que par le passé, mais nous sommes au même niveau, peut-être l’un plus que l’autre… Mais lequel ? << Tu dis que tu t’es détaché de notre famille, mais tu poursuis et pratique toujours autant leur principe. Tu restes prisonnier d’eux que tu le veuilles ou non. >> C’est pathétique de penser qu’on s’est libéré de ces chaînes alors qu’il continue de jouer avec.

L'énergie déployée ne cesse de m'épuiser. Je ne pense pas que je tiendrais encore longtemps et à en voir le visage de Gabriel, je pense qu'il emprunte la même voie que moi.

Sommes-nous toujours réduit à la confrontation même loin de nos parents ? Je n’ai jamais vraiment gardé une désagréable image de mon frère pour dire la vérité. Autrefois, pour m’éviter la colère de notre père, de cette violence qu’il nous offrait lorsque nous n’entrions pas dans le cadre de la réussite qu’il exigeait de nous, Leshii ou Gabriel, peu m’importe son prénom désormais, il me protégeait. C’est lui qui abandonnait pour se prendre les coups à ma place. Lui et moi, nous aurions pu nous retrouver d’une manière différente. Des retrouvailles normales, tout du moins autant qu’il est possible que cela soit le cas entre lui et moi. Pourquoi choisir cette voie ? Pourquoi ne m’a-t-il pas laissé le temps de m’exprimer ? Après tout, si j’avais voulu le nuire, je l’aurais fait depuis tellement longtemps déjà. Ainsi sera notre relation parce que nos parents nous ont éduqué à nous haïr les uns et les autres sous le couvert d’une acceptation mince envers les gens de notre sang. Parmi les gens du Coven, il n’y pas de liens forts. Les coups ont toujours primé sur le reste. La loi du plus fort est de mise malgré les règles régies depuis des siècles de cela. Cependant, avec le temps, il est toujours simple de détourner les choses, de les manier à notre façon.

Notre magie se confronte comme cela a toujours été le cas. Même si j’ai du chagrin à voir se détruire ce lien qui aurait pu se construire différemment, je n’en baisse pas les bras pour autant. Là, est la conséquence d’une éducation mesquine et violente. Mon pauvre frère, j’ai presque de la pitié pour toi. Il y a toujours eu un face à face entre lui et moi. Lui en tant qu’aîné qui se voit rabaissé parce qu’une prophétie de ma mère a prédit que je serais la plus forte du Coven, mais la traîtrise est passée sous couvert parce que notre père ne pouvait croire à cela. Pourtant, des années plus tard, j’ai accompli cette vision du futur que ma génitrice a eu.

L’adrénaline me pousse à donner le maximum. Je vois les lèvres de mon frère bouger, mais je ne comprends pas ces mots. En fait, mes jambes flageolent jusqu’à ne plus pouvoir me porter à mon tour. Épuisée par cette force déployée et les émotions. Dois-je ressentir de la colère ? Sans doute, il s’en est pris à mes précieux élèves. Dois-je ressentir de la tristesse ? Peut-être aussi parce que nous aurions pu nous retrouver de façon totalement différente.

Un professeur arrive pour m’aider tandis que d’autres viennent déjà s’occuper de mon frère. << Ainsi donc, ce sera toujours comme ça mon frère. >> Finis-je par dire avant de m’écrouler totalement à mon tour.

À présent, il me faudra du temps pour récupérer l’énergie dépensée durant notre confrontation.