Une chasse qui tourne mal

Une chasse qui tourne mal

Voir Théa devenir une élève studieuse et abandonner ses amis dits populaires aurait dû le ravir, cela attire moins l’attention sur elle et donc sur lui par la même occasion. Pourtant ce soir, il regrette que sa petite sœur soit devenue si sérieuse. Non mais franchement, ce n’est pas une heure pour bosser ses maths à la bibliothèque ! Sa mère lui dit souvent de prendre exemple sur elle, insinuant par là d’arrêter la chasse pour se concentrer sur ses études, sauf que le lycée et Julian n’ont jamais vraiment été vraiment compatibles, encore moins depuis la mort de leur paternel. Théa se rapproche de lui en révisant, Julian le fait en chassant. Sauf que ce soir, l’un d’eux exagère et bien évidemment, pour le chasseur cela ne peut être que sa sœur. « Ce n’est pas une heure pour réviser… » Le lycée a fermé ses portes depuis longtemps, alors comment se fait-il que personne ne l’ait mise dehors ? Bon sang, on ne peut vraiment compter que sur soi-même dans cette ville !

Julian avale à moitié sa salive de travers lorsqu’elle l’interroge sur la raison de sa présence ici. Il se met à toussoter et profite de ce temps de réflexion pour se trouver une excuse. « Je te cherchais ! » Crédible ? Peut-être pas, mais il s’en fiche. Pour l’instant, sa priorité est de la sortir de là en un seul morceau. Visiblement, l’excuse nommée maman ne suffira pas à la convaincre. Et voilà que Théa lui demande de la laisser finir sa fiche, il ne manquait plus que cela ! Il se retient de ne pas rouler des yeux lorsqu’elle lui dit qu’il n’est pas obligé de l’attendre. Bien sûr qu’il l’est ! Il y a un foutu loup-garou blessé et en rogne qui traine dans les parages ! Le chasseur ne répond rien et se contente d’attendre, guettant les bruits autour de lui. Il y en a un qui attire plus particulièrement son attention, mais aussi celle de sa sœur qui l’interroge. Les réponses, il les connaît très bien, le problème c’est qu’il ne peut pas les lui offrir. Alors quand il voit la cadette le devancer pour aller jeter un œil sur ce qu’il se passe, Julian la rattrape par le poignet d’une poigne ferme pour l’empêcher d’aller plus loin. « Prends tes affaires Théa, on rentre à la maison. » Même si elle insistait, il ne permettra pas qu’elle fasse un peu de plus dans cette direction.

Même si l’idée ne lui plaît pas, Julian est prêt à abandonner cette chasse pour la sécurité de sa sœur, quitte à le regretter plus tard, quand le loup sera passé du statut de proie à celui de chasseur. Après tout, l’animal connaît son odeur à présent. Un nouveau bruit se fait entendre, suivit d’un grognement au loin. Il va devoir changer de stratégie pour que sa sœur fasse ce qu’il dit. « Écoute, je venais te chercher quand j’ai vu un loup se frayer un chemin à l’intérieur de l’établissement. Je ne voulais pas que tu paniques, mais il avait l’air vraiment affamé et toi et moi représentons de la viande fraiche pour lui. Alors s’il te plaît, prends tes affaires et sors d’ici. Maintenant. » Est-ce que cette réponse lui convient ? D’une certaine façon, il ne lui ment pas vraiment, à l’exception qu’il ne précise pas que le loup est en réalité un loup-garou qu’il traque depuis la forêt. Difficile de croire qu’il plaisante avec la mine sérieuse qu’il affiche. À cet instant, Julian craint réellement pour la survie de sa sœur et il déteste ressentir cette peur.

Au cas où Théa aurait encore un doute, le loup se met soudainement à hurler et le chasseur sent tous ses muscles se tendre. Pourvu qu’il ne vienne pas d’inviter quelques amis à participer au casse-croûte, ils ne feront clairement pas le poids contre eux. « Tu me crois à présent ? » demande-t-il en la poussant vers la sortie, attrapant lui-même son sac au passage pour ne pas perdre plus de temps. Julian ne libère pas son poignet, pour être sûr qu’elle ne fasse pas marche arrière. Sait-on jamais si sa petite sœur aurait soudainement des envies suicidaires. Maintenant, il n’a plus qu’à prier pour qu’ils atteignent la sortie sans qu’une meute ne leur tombe dessus.

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Une chasse qui tourne mal

Julian veut bien concevoir que sa sœur en ait marre de l’avoir sur le dos. N’importe qui dirait qu’il exagère un peu dans son rôle de grand frère protecteur… mais personne ne connaît la vérité, en dehors de lui et leur mère. Personne ne sait à quel point il a mal vécu le décès de son paternel, non seulement parce que Julian sait que le surnaturel est responsable de ce qui lui est arrivé, mais aussi parce qu’il était en froid avec lui avant sa mort. Alors oui, quand il a aperçu un vampire s’en prendre à sa sœur, le chasseur a vrillé. Sa vieille camarade la colère l’a submergé et si Alaric Saltzman n’avait pas été présent pour l’arrêter, il aurait transformé ce vampire en véritable cadavre, du genre qui ne se relève pas. Sauf qu’on l’a arrêté… Et sa colère n’a pas disparu. Au contraire, elle n’a cessé d’augmenter chaque soir où il campait au pas de la porte de Théa pour réagir dès qu’elle hurlerait après un nouveau cauchemar. Sa vieille amie a murmuré à ses oreilles qu’il obtiendrait vengeance pour Théa, d’une manière ou d’une autre. Sa colère est revenue noircir son cœur au point de vouloir éradiquer l’espèce vampire de la planète.

Mais ce soir ce ne sont pas les vampires la menace. Un loup s’est introduit dans l’enceinte du lycée et il est de son devoir de l’éradiquer, ou à défaut de sauver les vies humaines présentes. A priori, seule Théa est encore là, mais c’est déjà trop à ses yeux. Il aurait préféré se retrouver seul face au danger que d’avoir sa sœur avec lui. Surtout si c’est pour qu’elle lui balance ce genre de réflexion à la figure. Outch ! Touché. Le niveau scolaire du chasseur a beaucoup baissé depuis le décès de leur père, Julian a préféré se performer à la chasse plutôt qu’aux études et cela a fini par se ressentir sur ses notes. Ensuite il a bien tenté de relever le niveau, surtout parce que maman Fell y tenait, mais depuis ce qui est arrivé à Théa, il n’arrive plus à quoi que ce soit. Julian n’a même plus la volonté de se concentrer pendant les cours, quand il y va. Il n’essaie plus vraiment de faire des efforts à ce sujet. « Ha ha, très drôle ! Maintenant si l’intello le veut bien, on plaisantera à la maison. » Il est un peu vexé en réalité, mais surtout pressé. Tant pis si Théa le prend pour un idiot ou un fainéant, la seule chose qui compte, c’est qu’elle soit en sécurité.

Sauf que sa sœur n’écoute rien, comme toujours, elle est têtue, se méfie de lui et ne le prend pas au sérieux. Il va finir par l’assommer pour pouvoir l’emporter loin d’ici à ce rythme… Extrême ? Possible, mais il faut ce qu’il faut pour la maintenir saine et sauve ! « J’en sais rien, un truc a dû l’effrayer ou l’attirer ici. » Ouais, il ne va pas lui dire que c’est de sa faute si un loup s’est aventuré dans le lycée afin d’espérer trouver refuge et lui échapper. Julian se sent déjà assez responsable comme cela de tout ce bordel pour l’avouer à voix haute. Et encore, ce bordel pourrait devenir bien plus compliqué s’ils continuent de traîner dans le coin. Le hurlement de loup qui suit en est la preuve. Le point positif : Théa le croit enfin. Le point négatif ? D’autres loups pourraient s’inviter à la partie… « C’est pas trop tôt ! » lâche-t-il alors que sa main se referme autour de celle de Théa quand il l’entraîne hors de la bibliothèque.

Ils pressent le pas vers la sortie, jusqu’à ce qu’une ombre se reflète sur la porte de l’issue de secours. Julian s’arrête net, poussant sa sœur à faire de même alors qu’un autre loup entre dans l’enceinte du lycée et que celui blessé grogne dans leur dos. Merde… « Théa, tu vois la porte sur ta droite ?  À mon signal, on court dans cette direction. » Il attend de voir si le nouvel arrivant est venu aider le loup blessé, ou s’il est venu se battre avec ce dernier afin d’être le seul à pouvoir bénéficier du buffet. La deuxième option l’arrangerait bien… Sauf que vu le regard des deux prédateurs sur eux, ils ont l’air prêts à se partager le butin. Un humain chacun après tout, il y a de quoi satisfaire tout le monde. « Maintenant ! » Julian entraîne Théa à sa suite et ne relâche sa main qu’une fois arrivés à destination, afin de refermer la porte derrière eux et la verrouiller. « Ça ne va pas tenir longtemps… » Il n’y a aucune peur dans sa voix, Julian se contente d’évoquer un fait et de réfléchir à la suite. Il a besoin de conserver son sang froid s’il veut sortir sa sœur de là. « Suis-moi. » Manque de pot, il n’y a pas de fenêtre dans cette pièce, mais Julian n’a pas l’intention de laisser les loups transformer sa sœur en steak haché. Alors il ouvre la porte d’un placard et incite Théa à rentrer là-dedans. « Je vais faire diversion et veiller à ce que les deux me suivent. Quand tu n’entends plus aucun bruit, fonce vers la sortie et ne t’arrête surtout pas. On se retrouve à la maison. » Ce sera plus simple pour lui de se débarrasser des loups sans avoir à surveiller sa sœur et veiller à lui cacher ses facultés. Encore faut-il qu’il réussisse à se débarrasser seul de ces deux bêtes sauvages, mais il a l’avantage d’avoir bien amoché le premier avant d’atterrir ici. Espérons que ce soit suffisant.

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Une chasse qui tourne mal

De tous les scénarios possibles, Julian n’avait pas envisagé que sa sœur soit à deux doigts de découvrir le surnaturel à cause de l’une de ses chasses. Encore moins dans ce foutu lycée ! Qu’est-il censé faire maintenant que deux loups les traquent et qu’ils se retrouvent piégés dans une salle de classe ? Ce n’est pas bon… Vraiment pas ! Le brun conserve pourtant son calme, malgré ses craintes pour la sécurité de sa sœur. Si seulement ils connaissaient d’autres chasseurs à appeler en renfort. Il songe bien à Androméda l’espace d’un instant, mais il n’a pas envie de la mettre en danger elle aussi. Va falloir qu’il se débrouille seul, mais d’abord il doit calmer sa sœur. « Respire Théa, ce n’est pas en paniquant qu’on s’en sortira. » Il espère que ce conseil sera suffisant, même s’il en doute fortement. « La question n’est pas de savoir comment ils sont entrés, mais comment on fait pour sortir sans se faire bouffer. » Et il a bien une solution à cela : faire diversion. Mais évidemment, il faut que sa sœur proteste. Ce n’est vraiment pas le moment, Théa !

Le chasseur retient un juron et se dit que la situation ne va pas tarder à dégénérer, entre les loups qui tentent d’enfoncer la porte et Théa qui refuse de suivre son plan. Et voilà qu’elle veut mettre plus d’innocents en danger en contactant les flics pour qu’ils les aident. Fait chier ! La situation lui échappe et il a horreur de cela. En plus, sa sœur ne lui laisse pas vraiment le temps de réfléchir pour trouver une autre solution. Alors évidemment, Julian ne manque pas d’apercevoir les yeux de Théa s’écarquiller de surprise, ou d’horreur, quand il lui arrache le téléphone des mains pour le balancer à travers la pièce. L’appareil termine ses jours contre un mur avant de retomber fissuré sur le sol. Mais avant qu’elle ne lui hurle dessus, le chasseur prend la parole en premier. « On ne peut pas appeler la police. En fait, on ne peut contacter personne. » À une époque, il aurait probablement demandé de l’aide à son père, mais ce dernier n’est plus de ce monde pour pouvoir les aider.

Est-ce le moment où il lui explique l’existence des surnaturels ? Julian ne voulait pas voir ce moment arriver, même s’il s’était bien imaginé devoir lui parler des vampires un jour, mais pas des loups-garous ! Est-ce que l’un vaut mieux que l’autre à expliquer ? Pas vraiment. « Ce ne sont pas de simples loups, Théa. T’as bien dû remarquer qu’ils sont plus imposants. » Plus énorme que la moyenne en tous cas, même si ces deux-là semblent jeunes. Bon sang ! Est-ce qu’il est vraiment en train de lui expliquer que le surnaturel existe ? Il devrait poursuivre, mais les mots refusent de franchir la barrière de ses lèvres. Il repense au traumatisme de Théa et à ses nombreux cauchemars… Des souvenirs qui l’ont marqué et qui sont bien trop ancrés en lui. Finalement, il s’empare doucement des mains de sa petite sœur et la regarde droit dans les yeux. « Écoute Théa, il faut que tu me fasses confiance. Je lui ai promis de te protéger et pour l’instant c’est ta sécurité qui compte. » Il a prêté serment sur la tombe de son père de ne pas échouer comme il l’a fait, de toujours protéger sa mère et sa sœur, quoi qu’il advienne. « Tu dois te cacher et me laisser faire, je ne peux pas m’occuper d’eux et de toi en même temps. » Affronter deux loups quand on est seul s’avère déjà compliqué, mais s’il doit en plus surveiller Théa, c’est peine perdue. « Je t’expliquerai tout à la maison, mais pour l’instant j’ai besoin que tu me fasses confiance. » insiste-t-il alors qu’il entend toujours les loups se défouler contre la porte. Il vaudrait mieux qu’elle se décide rapidement, parce qu’à ce rythme les loups ne vont plus tarder à entrer…

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