Avatar : Robert Sheehan Messages : 1021 Date d'inscription : 03/04/2020
Sujet: Filouteries en staccato | Dorian & Bran Jeu 8 Avr 2021 - 20:21
⋆ Filouteries en staccato ⋆ Ft. Dorian
Mystic fall. Une ville où chaque jour de commémoration, chaque événement, est un prétexte à la fête. Le Hall des Fondateur qui a rassemblé temps et temps de fois le gratin de la ville est de nouveau comblé. Deux hommes contrôlent les entrées et des vigies tournent autour du bâtiment. N'entre pas qui veut au gala qui se tint, avec expositions d'objets rares, des instruments de musiques destinés aux enchère en deuxième partie de soirée.
Trois minutes. Le dealeur n'a que trois minutes pour s'inviter à la barbe des molosses. Nul ne sait sur qui broncher quand un bonhomme distingué se fait bousculer par le vide au seuil de la villa, ni quand une dame sent un courant d'air souffler le collier à sa nuque dans le vestibule. Trois... deux... un...
Et Fiuuuh... Le sorcier sentit le sort d'invisibilité s'écouler de lui comme une pellicule de soie par dessus ses vêtements. Ce n'était qu'un petit sort de bat-étage et à durée médiocre, mais il n'en fallut pas plus au malin pour pénétrer à l'intérieur de la villa sans se faire repérer. Il venait d'apparaître entre des grappes de vieux nantis et de bourgeoises frustrées qui lui tournaient le dos, touts occupés par d'exubérantes conversations. Mais très cher, la valorisation de la musique instrumentale conduit à voir dans l’orchestre son aboutissement collectif, et dans le quatuor à cordes son laboratoire radical! Ah! Ah! Ah... Seule une dame d'un âge certain, tailleur channel et brushing immaculé, cligna des paupières en portant une main sertis de pierres précieuses à son vieux cœur. Mais n'était-ce pas qu'un jeune homme venait de sortir du néant, la tête d'abord puis le reste du corps, en déambulant nonchalamment parmi eux comme s'il était là depuis le début?! Et le voilà qu'il la regardait droit dans les yeux! Allons, allons, madame La Marquise! Faut pas faire cette tête là! s'amusa silencieusement le sorcier en découvrant toutes ses dents et lui envoyant un clin d’œil. Les hallucinations, c'est normal à c't'âge là! D'ailleurs elle ferait sûrement bien d'aller consulter...
Habillé d'un costume trouvé... on ne sait trop où dont-il rajusta le col d'un geste confiant, Brandon se figura qu'il se mêlait convenablement à la foule de convives. Hors mis que le costume était un peu trop large pour sa longue silhouette, il s'y sentait comme dans ses converses! Et pour cause, ses indécrottables chaussures étaient la seule tâche dans son ensemble de circonstance. Avec sa tignasse aux mèches intenables. Et son eye-liner simulant ses cernes plus qu'il ne les cachait...
Un plateau passa près de lui. Le dealeur faucha une coupe, avala la boisson d'une traite, et balança le verre par dessus son épaule pendant que son regard de chapardeur scannait les lieux. Ici une bague Harris Winston, là une Rolex. Mais il n'était pas là pour le menu fretin - pas tout à fait, comme le contredit le collier dérobé à la dame de l'entrée qui pendouillait de la poche de son smoking. Il était ici pour accomplir une mission... se plut-il a penser avec la voix rauque et diablement sexy d'un agent secret sous couverture, en repérant la sécurité postées dans les niches sous la galerie qui couronnait la salle et se servant un nouveau verre.
[Plus tôt dans la journée...]
Bran attendait patiemment sur un banc du parc, les bras étalés sur le dossier et balançant sa jambe croisé en profitant du soleil. Un p'tit vieux s'assit à côté de lui. Le dealeur grimaça. Ouste papy, j'ai des affaires à traiter, moi!
-Le printemps. Ma saison préféré.
-Ah, ouais... ricana le brun, un peu gêné, en cherchant son rendez-vous des yeux. Ce serait pas le moment qu'il se pointe...
-Savez-vous que ce sont quelques notes chanté par un rossignol qui inspirèrent à Vivaldi son concerto n°1?
-Ça a l'air passionnant...
Attendez... oh. Ooh! D'accord, il venait de comprendre... L'homme avec un air de brave petit vieux le regarda avec amusement. A dire vrai, il avait pas la tête d'un homme de main comme ils venaient généralement à la place des commendataires. Ni la tête d'un collectionneur avare et sans scrupules...
-...Donc vous voulez que je vous obtienne le lot n°122 qui sera présenté aux enchères ce soir... Un trésor à ajouter à votre petite collection?
Le vieil homme rit.
-J'ai l'ouïe fine et je suis un amoureux des belles choses, c'est vrai. Mais je suis aussi grand-père. C'est bientôt l'anniversaire de ma petite fille. Je veux lui offrir un cadeau digne de son talent. Hélas, j'ai quelques... contentieux avec le monde des arts. Je ne peux m'enquérir de cet objet par les voies officielles. C'est pourquoi jeune homme, je fais appel à vous.
Brandon considéra l'offre. Il n'était qu'un rat d'égout, un renard des villes! et c'est pourquoi, qu'on soit une crapule des bas-fond ou de la haute, on savait qu'on pouvait compter sur son anonymats, ses années d'expériences et ses capacités... particulières.
-T'inquiète, papy. Je te l'aurais, ton violon. Et maintenant, si on parlait de ma rémunération?...
[Retour au présent...]
Brandon leva les yeux devant lui, les joues rondes de la boisson qu'il n'avait pas encore avalé. La voilà. Entre les harpes, clavecin et cors de chasse, sa toute beauté, sa cible, la plus entêtante des aguicheuses avec ses courbes prononcée, la source d'un revenu à l'en faire se torcher avec des billets de banques!
Un stradivarius. L'un des quelques 700 connus à ce jour, conservé dans un état exceptionnel et avec son montage d’origine. Le bois était éclatant, l’acoustique enchanteresse. C'est ce que commentait un connaisseur qui admirait lui aussi la création suspendu à l'intérieur d'une vitrine.
-... Vient dire bonjour à tonton Bran ma toute belle...
Les yeux brillants de convoitise, Bran se gonfla d'une inspiration et s'élança vers l'instrument. Il ne vit pas la masse se décaler sur son passage et percuta une épaule. Le junky leva ses absinthes sur les yeux clairs de Môsieur-Smocking-Cravate - lui n'en portait pas, de cravate, c'était foutrement contraignant! - et lui offrit un large sourire innocent.
Tiens. Mais l'avait-il pas vu quelque part celui-là? Avec sa barbe de trois jours, les paupières paresseuses et ses boucles châtains? Le dealeur haussa un sourcil et alla voir du côté du buffet. Il croisait tellement de visages dans son activité, et sa pauvre cervelle en proie aux délires plus ou moins artificiels avait siiii peu de place à consacrer à de la mémoire! Ce pouvait-être une célébrité locale, le genre de type dont-on voit la tronche sur des panneaux de placements immobiliers. Un client entraperçu le temps d'une transaction pour lui remettre un biens de valeurs. Ou bien... c'était un coup d'un soir. C'est çaaa...! ça expliquerait l'impression de déjà-vu et surtout qu'il ai le vague souvenir d'un physique aussi... Mmmh, agréable. AH! Le buffet, enfin!
Mazette. Les canapés étaient di-vins! Et le champaaagne... il n'avait pas de mots. Juste un roulement d'yeux orgasmique en s'empiffrant.
L'hôte du gala tapota sur son verre pour attirer l'attention de l'assemblée. Le petit orchestre loué pour l'évènement cessa de jouer. L'heure était venue de se rendre dans la salle voisine où aurait lieux là vente aux enchères, par ici je vous prie. Derrière elle, le personnel chargé du transports des marchandises attendait son signal pour transvaser l'exposition en salle de vente. Quelque part à leurs ceintures se trouvaient les clefs des vitrines. Parfait.
A lui de jouer!
Brandon fendit tranquillement la foule vers l'instrument en avalant sa dernière bouchée de p'tit four, se suça les doigts un par un, tira une fiole de l'intérieur de sa veste, et la jeta au sol. POUF! Un nuage de fumée rosacé explosa et se répandit sur toute la salle. Les exclamations de surprise laissèrent place à un concerts de toux et de protestations. Le magicien se protégea le visage, et d'un tour de main à faire pâlir Mary Poppins, tira de sous sa veste un étui en cuir tout entier. Le gardien plié en deux ne fit pas attention aux mains baladeuses qui effleurèrent sa veste.
Parmi les corps voûtés des dames et des sieurs se détacha, près de la vitrine, une silhouette que l'on pourrait qualifier de fantasmagorique. Haute de stature, toute en finesse, un col de velours, et le chef surmontée de deux monts pointus, telles des cornes ou des oreilles diaboliques. Et entre ses pattes... la ligne reconnaissable du précieux violon. Il fallait agir vite : alors aux premiers avertissements lancée par une voix masculine - un vigile si ce n'est un brave défenseur des instruments en détresses? - l'ombre fit volte face en entraînant dans sa foulée une... longue extrémités velue?
Mouaaahahaha! Méfait accompli!!! Le rusé voleur balança l’étui plein dans son dos, bondit de sièges en balustrades, et se tint quelques secondes perché sur le garde-fou de la galerie au dessus du bain de fumée rose qui ne tarderait pas à se dissiper.
Ses yeux verts se plissèrent malicieusement derrière le masque de renard roux qui lui cachait la figure, et provocateur, il envoya valser le pan de son boa de fourrure noire par dessus son épaule avant de tendre le pied en avant et se laisser tomber sur le plancher de l'étage. C'est la démarche indolente et en sifflotant un joyeux petit air classique qu'il s'engagea dans les dédales de l'établissement en quête d'une sortie. A lui le doux tintement de la thune dument méritée! ♪