Le frère tant attendu

Né dans une famille de loups garou, j’ai été élevé depuis mon plus jeune âge pour faire face à la malédiction qui touchait chaque membre de la meute. Je grandissais entouré de confiance et d’affection, plus qu’une famille, c’était tout une meute soudée qui formait de jeunes loups prometteurs.

Déjà petit, j’avais l’habitude de jouer de façon violent avec les autres enfants, ça ne gênait personne, ça faisait même rire l’entourage de voir des petits déjà hargneux. C’était seulement des jeux d’enfants, et c’était amusant de jouer des muscles, je n’imaginais pas encore à quel point je devrais supporter ça plus tard.

Je n’avais pas plus de sept ans quand je découvrais en moi un potentiel encore différent et presque illimité. Il y avait cette fille qui venait jouer avec nous, elle avait neuf ans, un peu plus grande que moi, et elle me fascinait. Elle avait les cheveux noirs comme la terre, et une fossette au menton quand elle riait.

Sa maman ne voulait pas qu’elle vienne jouer avec nous, et pourtant je l’aidais à sortir en cachette de sa maison pour venir se baigner à la rivière avec nous. Elle était drôle, et forte aussi, elle courrait pied nu dans la forêt et pouvait plonger de si haut que même les autres garçons étaient impressionnés par la fille.

Ce jour-là, je m’étais battu avec mon meilleur ami, un garçon de la meute qui voulait qu’on décide une fois pour toute qui devrait être le copain de la petite brune qui bousculait tout sur son passage comme un ouragan. Avec le recul, c’est drôle d’imaginer qu’à sept an on se battait déjà pour une fille, quelqu’un qui n’avait rien à voir avec la meute.

Elle était venue pour nous empêcher de nous battre, en disant que de toute façon elle n’appartiendrait à personne. Déjà à l’époque je voulais montrer que j’étais le plus fort, et c’est là que tout a dérapé. Lorsqu’elle s’interpose entre nous, je n’avais qu’une idée en tête, gagné. Mon instinct de loup me poussait à montrer que j’étais le plus fort, si ça n’était pas pour la fille, c’était par fierté.

Quand je la pousse pour l’écarter, j’avais fini par bondir sur mon ami et le mettre au sol. J’étais si fier de moi que je ne remarquais que trop tard mon amie d’enfance qui dévalait les rochers. Le sol encore humide de la pluie de la veille, sans réfléchir, je cours dans la direction des cris de la brune qui venait de glisser.

Je pousse un cri, un hurlement qui vient du cœur, et qui se faisait entendre dans toute la vallée. Il était trop tard, et si j’avais réussi à porter le corps de mon amie jusqu’à la maison de mes parents, la fillette ne passait pas la nuit. Mon chagrin durait des jours, mais la douleur de cette première transformation à la pleine lune estompait les larmes pour laisser place à une rage plus intense encore.

Mes parents m’avaient préparé à ce jour, et si tous les vrais loups de la meute étaient déjà passé par là, moi j’aurais voulu mourir ce soir-là pour abréger la souffrance, et retrouver mon amie qui s’en était allé depuis plusieurs jours maintenant.

Quelques mois plus tard, ma mère attendait un enfant, et celui-ci devait être une source de doléance pour la famille. J’avais hâte de connaitre mon frère, même si je n’étais pas certain de l’exemple que je pourrais être pour lui.

Mon petit frère verrait bientôt le jour, mais si j’avais toujours voulu ce frère avec qui grandir, personne n’avait pris les menaces de cette sorcière au sérieux. La puissante et malicieuse dame de la forêt se rappelait à notre souvenir, en maudissant la venue au monde du prochain de la famille. On avait pris la fille de la sorcière, et celle-ci ne me pardonnerait jamais cet accident qui m’avait déjà bien puni.

Ma mère avait supplié la sorcière de retirer cette malédiction, et on allait jusqu’à faire croire à la mort du bébé pour qu’il n’arrive rien à mon frère Niel. Le bébé est confié à une famille de la ville, il serait lui au moins préservé de cette sorcière le temps qu’il lui faudrait pour grandir. La nuit qui suivi, on se transformait tous en loup, pour ne retrouver une apparence humaine qu’aux pleines lunes.

Si être un loup le temps d’une nuit restait une expérience amusante pour un enfant, je peux assurer qu’il n’a pas fallu moins d’un an pour que je perde chacun de mes repères d’humain. Niel lui était heureux, enfin, je crois qu’il l’a été durant son enfance. On l’élevait comme un humain, et compte tenu de mon enfance, même si j’avais été heureux, je ne la souhaitais pas à mon frère.

J’ai vécu pendant les quinze années qui suivirent dans la forêt, non loin de ce village où je pouvais surveiller le garçon grandir. On menait une vie animale plutôt paisible, mais chaque année qui passait me murait davantage dans la solitude. Après ma mère qui perd la vie sous le joug de chasseurs de loup, c’est mon père qui finit par y laissé la sienne en utilisant ses dernières forces pour la porter, la nourrir, et lui apporter chaque soin qui ne suffirent pas à la soigner.

La malédiction de la sorcière avait eu raison de ce qui nous restait d’humanité, et mon père se laissait littéralement mourir de chagrin. Il est parti après avoir creuser une tombe pour la louve, et ne revint jamais. Il n’a pas voulu que je l’accompagne, et je l’ai toujours senti au fond de moi, ce jour-là, il a rejoint ma mère, me laissant seul pour surveiller l’enfant encore fragile.

C’était peut-être cette nouvelle perte un peu trop fraiche qui me fit baissé ma garde. Je me retrouvais pris dans ce piège, un piège à loup qui avait bien failli me faire perdre une patte. Mon jeune frère me sorti de l’emprise de fer, et le destin finalement nous réunissait tous les deux, peu de temps après.
Souvent je venais voir mon frère, lui passait plus de temps avec moi, même si je n’avais jamais pu lui dire qui j’étais. Je profite de cette année de retrouvaille, sans me poser de question jusqu’à ce que je me rende compte de l’état précaire du cœur du garçon. Je refusais de perdre encore quelqu’un, et j’irais jusqu’au bout du monde s’il le fallait pour mon frère.

Je savais pertinemment comment l’aider, même si pour ça, ça voulait dire prendre une vie. Il y avait bien cette de cette petite fille qu’il traitait comme sa sœur. Plus j’y pensais, et plus s’en devenait atroce. J’ai tué ma seule amie, et si c’était à refaire, je préférais mourir, et qu’elle soit encore en vie, mes parents, mon frère en bonne santé.

Quêtant le bon moment pour agir, je toise le garçon de plus en plus souvent. Lui m’avait adopté, comme un gros chien des montagnes. Il venait même avec sa sœur passer du temps avec moi. Et ce jour-là, je n’ai pas eu besoin de prendre de décision pour lui, parce que mon frère fit un malaise, et l’enfant tombait dans la baignoire d’eau.

Pourtant j’étais partagé entre l’envie de sauver l’enfant, et celui de secourir mon frère. L’instinct animal me direct de tirer mon frère hors de l’eau, et il était trop tard pour faire de même avec la trop petite fille qui se noie. C’est ainsi que le jeune Niel découvrait son héritage familial, celui qu’on ne pouvait pas refuser.

Pendant plusieurs jours, j’assistais, impuissant à l’agonie de mon frère. J’étais passé par là, mais je ne pouvais pas lui venir en aide. Je me faisais chasser en loup, et il fallut attendre la pleine lune pour que j’arrive enfin à entrer dans le bâtiment. Ce jour-là, je me rendais compte que la malédiction de Niel resterait à jamais inversé avec la mienne.

Il se transforme en loup, et j’essaie de le porter dans la forêt, dans un endroit plus sûr pour lui que l’hôpital. Quand il reprenait ses esprits, Niel redevint humain, et moi un loup, scellant à jamais notre dernière chance de se rencontrer un jour. Malgré ça, je surpris l’humain m’appeler vers la forêt. Il avait pris ses affaires, et décidait de s’installer avec moi loin de la ville.

Parfois j’avais l’impression qu’il savait, et d’autre fois non. Je crois que comme moi, il ressent se lien qui nous unis, sans pouvoir le nommer ni le décrire. Je veille sur lui, heureux de pouvoir le faire et on vivait ce qui s’apparentait le plus à une famille. Il m’avait adopté, sans savoir que j’étais son frère, et on se battait ensemble contre les dangers de la forêt.

Il y a eu ce monstre qui nous laissait dans un sale état, un wendigo, mais je n’apprendrai que plus tard à identifier l’espèce. Petit à petit, on rencontrait même d’autres personnes qui venait grossir notre meute en forêt, une fée, et puis il y avait cet homme, un humain qui nous avait pisté et proposait à Niel une place dans une école.

C’était certainement ce qu’il y avait de mieux pour lui, même si ça voulait dire le perdre encore. Je faisais comprendre au garçon à ma façon qu’il devait y aller. Il aurait une vie, celle que je n’avais jamais eu. Je laisse partir mon frère, et ère seul pendant plusieurs semaines, jusqu’à me rendre compte que j’avais besoin de lui.

Je parcours le pays pour rejoindre cette ville, Mystic Falls, je crois qu’instinctivement je savais exactement où se trouvait cette école, même sans carte, je marchais, jour après jour jusqu’à arriver à l’école.

Si je n’avais aucune confiance en la magie, je savais qu’il n’y avait pas d’autre choix, encore … Il a fallu que je ravale ma fierté, pas loin de 20 ans de fierté refoulée pour entrer le temps d’une lune dans l’école et quérir une sorcier. Je lui racontais mon histoire, et Brandon acceptait de me faire un bijou qui briserait la malédiction.

En réalité, je n’y croyais même pas, je devais passer plusieurs jours dans la peau d’un humain pour me rendre compte que c’était bel est bien révolu cette époque à quatre pate. Je pourrais maitriser ma transformation avec le bijou, mais je crois qu’avant de maitriser quoi que ce soit, je devrais déjà réapprendre à être un homme.

Niel était là, à quelques centaines de mettre, et je devais trouver comment lui raconter mon histoire, SON histoire, et lui donner les clés de son héritage. Je retrouvais le professeur qui se faisait appeler docteur Saltzman, et lui conte également mon histoire, en lui demandant une place à l’école, au moins le temps de décidé de ma vie, et de parler à mon frère. Comme je n'ai pas eu le temps d'apprendre grand chose depuis mes 7 ans, je me rabbat sur le ménage en attendant de pouvoir faire mieux.