Demander de l'aide n'est pas un crime [pv: Chiron]

Un mois s’était écoulé depuis son retour à la réalité. Reprendre une vie plus ou moins normale d’étudiante et faire comme si de rien était n’était pas aussi facile que Wendy avait imaginé. D’un autre côté, à ce moment-là elle ignorait encore qu’elle avait perdu onze années de sa vie ainsi que ses parents. C’était la perte de ces derniers le plus douloureux. Trop vif, trop injuste et en plus elle ne savait rien ! Elle avait eu beau utiliser la magie, cherchait sur le net des moldus et même à la bibliothèque, elle ne trouva absolument rien sur la mort de ses parents. Alaric l’avait prévenu pourtant. Eux-mêmes avaient essayé d’enquêter et de comprendre, mais c’était comme si on avait fait disparaître toute trace d’eux et de ce qui s’était passé. Ce qui était d’autant plus frustrant. Wendy se sentait totalement impuissante et ne pas savoir ne l’aidait pas à faire son deuil.

Si elle ne pouvait rien faire, alors qu’est-ce qu’elle fichait là ? Wendy releva la tête pour regarder autour d’elle et soupira. Elle était seule. L’aube à peine levé, il ne risquait pas d’y avoir du monde à la bibliothèque et c’était bien pour ça qu’elle s’y était rendue. Elle avait espéré trouver un indice, quelque chose qui lui aurait échappé les autres fois. Wendy avait pensé aux journaux d’il y a dix ans qu’elle n’avait pas encore lu. Il devait bien y avoir mention quelque part de la mort de ses parents. Ne serait-ce que la disparition de deux personnes, leurs noms, ou le fait de trouver des corps. Malheureusement, elle ne trouvait toujours rien. Ce qui l’agaçait de plus en plus. Elle n’arrivait pas à comprendre comment c’était possible. C’est vrai qu’ils déménageaient beaucoup, mais depuis que l’école avait ouverte, ils s’étaient posés. Il n’y avait plus de raison de changer de ville étant donné que Wendy séjournait le plus souvent à l’école. Il n’y avait plus de risque d’incendier la maison. Et si elle allait là-bas ? Wendy y avait songé. Peut-être qu’en y allant elle verrait ou ressentirait quelque chose. Quoi au juste ? Elle n’en avait aucune idée. Surtout après dix années, qu’espérait-elle trouver ? La maison devait être habitée par des humains ignorants et depuis longtemps sans doute. Les voisins peut-être ? La police du coin ? Mais qu’est-ce qu’ils allaient lui apprendre de plus à elle qu’ils n’auraient pas déjà raconté à Alaric et Dorian ? Rien. Absolument rien !

D’un coup, elle envoya valser les journaux au sol tout en se levant pour faire les cent pas. Plus elle ne trouvait pas de réponse, plus son agacement, sa frustration, son impuissance et sa douleur augmentaient. Parfois lentement et d’autres fois aussi vite qu’un bout de papier qui prend feu. Cette fois-ci n’y échappa pas. Alors qu’elle marchait de long en large pour essayer d’évacuer passivement sa colère, Wendy commença à sentir la fumée, le brûler. Elle se retourna vivement pour s’apercevoir que les journaux avaient pris feu.

« C’est pas vrai ! Mais qu’elle gourde ! »

Wendy se précipita à côté des journaux pour essayer de les éteindre. En les jetant, des étincelles avaient dû jaillir de ses doigts sans même s’en rendre compte. A chaque fois que ses pouvoirs se mêlaient à ses émotions, des catastrophes arrivaient sans qu’elle le veuille. Elle perdait le contrôle. Ça arrivait une nouvelle fois. Au lieu de se poser, de respirer un bon coup et d’éteindre le feu par magie comme elle était tout à fait capable de faire, Wendy paniquait. Elle gesticulait ses bras pour étouffer le feu entre les papiers journaux, sauf qu’elle créait de l’air et au lieu de l’éteindre elle était en train d’alimenter les flammes. Sa charge émotionnelle et les souvenirs de la nuit horrible, durant laquelle elle avait perdu le contrôle, lui revenaient en mémoire et prenaient le dessus sur elle, l’empêchant d’analyser calmement la situation. Wendy s’imaginait déjà le pire : le feu allait prendre de l’ampleur, l’étage allait prendre feu, puis l’école, il y aurait plein de blessés, voir des morts.

« Mais c’est pas vrai ! Non… éteint toi. Eteint toi ! »