Le cheval et le serpent [Liya]

Voilà 4 jours que la gorgone avait été libéré des cachots. Une sorte d'acte de gentillesse de la part de celui qui dirigeait les lieux. Un cadeau de Noël. Quelle était donc encore cette lubie humaine de cette époque ! Méduse ou Liya, peu importe son identité aujourd'hui, voyait cela comme des chaînes supplémentaires. Ce collier. Le cœur d'Athéna n'était qu'une entrave à ce qu'elle est. De quoi se plaignait-il cet Alaric. N'avait-elle pas libéré les étudiants qu'elle avait pétrifié ? N'avait-elle pas fait preuve de clémence ? Bien sûr, c'est un enfant qui a su la convaincre, mais la gorgone n'avait que jouer d'une froide émotion, habituelle chez cette dernière, pour ne pas dévoiler les faiblesses dont son palpitant sifflant peut parfois faire preuve. Quitter une prison pour une autre, ce n'était pas réjouissant pour une créature qui n'a vécu que comme elle le souhaitait durant des centaines d'années.

Certes libre, bien que l'on s'entend sur la limite de ce mot, la femme devait travailler en tant que surveillante. Une gardienne des lieux. Veiller sur tous ces gosses qui sont loin d'être aussi matures que ceux de son époque. Leurs préoccupations ne comportaient aucune logique pour la gorgone. C'était même insignifiant. Les devoirs semblaient différents, bien loin de ceux d'autrefois. La créature avait encore bien des choses à apprendre. Les us, les coutumes et les mœurs aussi. Tout dépassait cette créature au sang froid. La tenue qu'elle porte aujourd'hui est une nouveauté à laquelle s'habituer. On lui avait offert quelques tenues pour ne pas qu'elle ait à mourir de froid avec celle avec laquelle la gorgone est sortie du Malivore. Trop ancienne. Trop légère.

Après avoir déambulé dans les couloirs sans faire preuve d'aucun effort pour jouer les surveillantes, un rôle depuis longtemps oublié. La femme se rend à l'extérieur. Il est étrange de sentir une telle piqûre sur sa peau. À son époque, déjà, il était rare de contempler de la neige en Grèce. Tout dépend où l'on pouvait bien se trouver. Proche de la mer Égée, le climat restait relativement agréable. Mais la gorgone voyageait si souvent. Ne restant jamais au même endroit pour ne pas finir en une cible facile à éliminer.

La grande cour semblait être animée par quelques enfants et adolescents joueurs. C'est impassible que la gorgone les observe et il semble, qu'elle non plus, ne passe pas inaperçue. La craignait-on encore ? Voilà qui serait fort amusant et plaisant, parce qu'elle reste, malgré tout, détentrice de bien des capacités.

De loin, la femme entend une voix qui ne lui est pas étrangère. Un comparse non désiré d'une époque qu'ils ont partagé. Un être pour qui elle a ressenti de la compassion à tort ! Du jour où elle l'a figée dans la pierre, la chasse perpétuelle de Méduse à débuter. Sa célébrité a augmenté autant que les ennemis. Si le Malivore a effacé toute trace de l'existence du centaure dans les esprits, le plaisir de pourchasser la gorgone ne s'est guère éteinte, engendrant moult péripéties comme le complot de ses sœurs envers elle. S'arrêtant devant le centaure qui jour les nounous avec une enfant, Liya observe celle-ci. << Bouh… >> Fit-elle impassible, mais amusé de la voir se cacher.

《- Bonjour Liya, quelle belle journée n'est-ce pas ?》

<< Epagne-moi ton habituel ton heureux Chiron… >> Elle l'observe. Son sourire remplaçant les mimiques qui déformaient les traits de son visage lorsque ce dernier l'a supplié de mettre un terme à sa souffrance face au poison de l'Hydre. << Cette journée est à l'image de mon cœur, froid et piquant. >> Le soleil perce le ciel offrant une caresse chaleureuse sur le visage parfait de la gorgone. Une apparence retrouvée, celle qu'elle avait perdu. Oui, il est bien triste que Sthéno et Euryale n'aient pu jouir de ce même privilège. Mais elles ont choisi leur destin et Méduse s'est montré insensible à leur détresse, n'agissant aucunement lorsque Persée a décidé de leur couper la tête. << J'espère que ce sourire n'est pas une façon moqueuse d'agir envers moi parce que tu t'es porté garant de ma personne. Je me demande si le poison de l'hydre n'a pas laissé une quelconque folie t'atteindre, centaure. >> Elle ne voulait fournir aucun effort ni aucun sourire. D'une liberté retrouvée, on lui mettait un collier comme un chien et plus encore, l'insultant en mettant cette chose que l'on appelait le cœur d'Athéna. << Que veux-tu en échange de ta gentillesse… Mais prend garde, il n'est pas dit que je te paierais en retour, je ne t'ai rien demandé. >> Oui, depuis qu'il a été figé, la gorgone n'était plus cette créature où la compassion réchauffait encore son cœur. Bien trop de haine et de rage ont été la récompense de son acte de bonté envers ce centaure.

Spoiler:

Bien que Méduse soit soulagée d'avoir retrouvé la liberté, elle reconnaît ce goût amer dans sa bouche pour ne pas pouvoir être totalement elle-même dans ce nouveau siècle où les évolutions sont nombreuses. Un peu trop pour une gorgone prisonnière depuis des siècles et plus habituée à la noirceur rassurante des grottes qu'à la lumière du soleil. La créature a bien tenté les voyages et s'est imprégnée du bonheur d'aller là où elle le souhaitait avant de bien vite déchanter sous la haine des gens. Même en prenant toutes les précautions du monde pour ne blesser personne, on la haïssait pour ce qu'elle était. On ne voulait ni lui parler ni la comprendre. Seulement la lapider et détruire cette existence qu'elle possédait. Toute différence était banni et il semble que c'est une chose qu'on nourrit encore actuellement. Alors pourquoi agir autrement ? Pourquoi changer ? À quoi bon faire des efforts, encore, alors que d'autres ne veulent absolument pas évoluer.

《- Je suis heureux de voir une ombre du passé et une compatriote grecque, tout simplement.》

<< Une ombre. >> Répète-t-elle moqueuse. << Cela définit bien mon existence après avoir croisé ta route. >> Bien sûr qu'elle en voulait au centaure. D'une compassion ressentie. D'un sort pour le soulager. On a passé des années à la pourchasser pour venger cet être que tous aimé. Comment a-t-il fait pour être autant apprécié malgré sa différence ? Méduse a été une bonne personne même après sa malédiction, elle a tout fait pour se battre contre les ténèbres qui prenaient le pas. Et pourtant, elle n'a eu que colère, ignorance et le besoin de faire couler son sang.

L'enfant continue de se cacher derrière le flanc de Chiron. Si Méduse daigne la regarder, elle n'offre qu'un regard froid et sans émotion. Autrefois, elle s'occupait d'une ribambelle de joues roses, maintenant, autant dire que ce n'était plus sa tasse de thé. Toutes les relations sociales sont devenues quasi impossibles pour cette femme qui n'a été que trop trahi.

《- Rien n'est plus sage qu'un fou, Méduse. Ce que je voudrais c'est que tu saisisse la main qui t'est offerte, je ne te demande rien d'autre que de réfléchir aux axes de cette nouvelle vie qui t'ouvre les bras. Je ne veux absolument rien en échange, tu peux me croire.》

Croisant les bras sur sa poitrine, la gorgone observe le centaure droit dans les yeux. Voyait-on qu'elle ne le croyait pas ? Absolument. Qui croire à présent ? La confiance n'était plus une chose qu'elle offrait comme ça, sans preuve et encore… << Mon cher Chiron, je ne prends plus aucune main depuis fort longtemps. Je ne fais plus confiance à personne. >> Il ne savait pas ce qu'elle avait pu vivre. Chiron ne peut que l'imaginer, mais il restera toujours loin de la vérité. << Une nouvelle vie. >> Elle rit de façon amère. << Tu parles d'une vie. Je porte un collier tel un chien ! Je troque une prison pour une autre, c'est ça que tu appelles une nouvelle vie ? J'ai bien réfléchi mon cher et je resterais ce que j'ai toujours été aux yeux du monde. Un monstre. Et ce rôle me convient parfaitement. >> Chiron l'a connu à une époque où son cœur s'ouvrait facilement à la beauté, où l'on pouvait imaginer le regard de Méduse pétiller à chaque nouveauté malgré ce bandage qui couvrait son regard. Mais c'était terminé. << Il n'y a aucun acte désintéressé, Chiron, tu devrais le savoir avec ta si précieuse et ancienne sagesse. Ma présence ici, n'en est-elle pas un exemple ? Sortir d'une prison avec un collier et devenir la surveillante d'une bande de gamins prépubère. Un monstre pour être le gardien d'une école. >> La jeune femme s'avance vers lui pour lui faire face. << Cesse donc de jouer avec moi. Tu te sens juste coupable… C'est la culpabilité qui te fait agir comme cela et non pas une envie sincère d'aider. >> D'un geste, la gorgone stoppe une pierre qu'on a lancé par un procédé magique envers elle et la montre à Chiron. << Dois-je me réjouir de cela aussi, cher compatriote. Sais-tu ce que je vois en cette pierre ? La mentalité inchangée des gens à mon égard, mais aussi qu'il me fallait peu de raisons pour pétrifier ou tuer celui qui me l'a jeté. >> D'un geste, elle broie la pierre qui tombe en poussière. << La cruauté de l'homme va loin, qu'il ignore que c'est lui-même qui a créé les pires monstres. >> Termine-t-elle dans sa langue natale. Un grec somptueux et parfait à son ouïe délicate.

Spoiler:

On ne peut pas dire que la gorgone fasse des efforts. Elle ne le souhaite pas non plus. Comment pourrait-elle apprécier sa liberté retrouvée si on lui mettait un collier comme un chien pour supprimer ce qui pourrait l'aider à se défendre. On voulait la rompre d'une nouvelle façon, mais ces êtres semblaient oublier que derrière Méduse se trouvait une guerrière forte et fière. Une guerrière à l'image d'Athéna, elle observe le centaure droit dans les yeux. Il semblait vouloir l'aider, mais la jeune femme ne prenait plus les mains qu'on lui tendait. Après tout, on l'avait tant de fois trahi qu'il était difficile d'offrir à nouveau un brin de confiance. On la regardait facilement de travers et on lui balançait des pierres. Si c'est cela la conception d'une nouvelle chance, Méduse n'en voulait pas. Pas comme ça tout du moins.

《- Je ne joue pas avec toi, ô terrible Méduse, oui il est vrai que je me sens fautif d'avoir engendré une rage aveugle envers toi et je me dois d'être franc envers toi puisque tu l'est avec moi.》

Se mettant un peu plus droite, Liya observe Chiron qui avouait sans peine qu'il voulait l'aider pour se faire pardonner de ce qu'il s'est passé après qu'elle ait accédé à sa demande de faire de lui un être de pierre. Froid de toute vie pour le préserver du mal que lui offrait odieusement le sang empoisonné de l'hydre. << Ajoute à la rage, une chasse perpétuelle. Et oui, ton absence a su créer un événement sportif digne de notre si beau pays. >> Chasser les monstres signifiait entrer dans l'histoire. Persée s'en était donné à cœur joie même si c'est le Malivore qui a dévoré dans les ténèbres la gorgone. La légende de Persée naquit tout naturellement après cela.

《- Je ne vois pas un monstre qui se tient devant moi... Juste une femme abîmée par une vie qui ne fut pas tendre avec elle. C'est tout, c'est même déjà assez.》

Liya ancre son regard dans celui du centaure. Elle ne voulait pas se laisser avoir par ces paroles. Pourtant, il a raison. Liya est une femme abîmée par la vie et les individus qui l'ont comblé. Elle n'a pas de merveilleux souvenirs ou plutôt a-t-elle décidé de les oublier pour que ce soit moins douloureux pour elle. << Ne me dis pas que l'on ne te considère pas comme un monstre toi aussi. Comment peux-tu être si conciliant avec ces êtres ? >>

Cette enfant commençait à la porter sur les nerfs à la dévisager de la sorte. Et ce n'est pas Méduse qui allait lui offrir un regard tendre. Elle n'est pas comme Chiron. Tout du moins ne l'est plus depuis ce qu'il s'est passé au Temple.

《- Et tu mérite qu'une nouvelle vie t'ouvre les bras, d'être heureuse enfin dans cette nouvelle époque après tout ce que tu as enduré. Une malédiction peut devenir une bénédiction tu sais, il suffit juste de bien regarder...》

Une nouvelle fois, un rire amer se fait entendre. << Mais voyons… M'aurais-tu dit cela quand je suis devenue un monstre ? Cette femme avec des serpents pleins la tête, la voix sifflante et cassante dont le regard fige dans la pierre tous les individus qui croisent par malchance mon regard ? >> Elle s'approche de lui tournant même autour de Chiron, l'enfant cherchant plus encore la protection du centaure dont elle semble s'être entichée. << Je regarde bien et je vois toujours la même chose. Des regards effrayés et de dégoûts. L'envie de tuer et de me chasser. Qu'est-ce que cette époque a à m'offrir que celle d'avant ne m'a-t-elle pas déjà offert hm ? >> Elle se penche vers lui, son visage proche du sien. << Que t'offres cette époque à part une réalité horrible… Celle de ne plus revoir les tiens. De plus serrer ni ta femme ni ta fille dans tes bras. De ne plus sentir le parfum qui se dégage des cheveux de ton épouse. De ne plus entendre le rire de ton enfant… >> Un sourire froid et mauvais se dessine sur les lèvres de Méduse. << Trouves-tu encore qu'une seconde chance est possible ? >> Elle pose sa main sur la joue du centaure. << Oh… Aurais-je appuyé là où ça fait mal mon cher Chiron ? >> Finalement, elle prend son visage en coupe. << Maintenant tu vois ce qu'on fait les hommes de moi… Mes émotions sont fermées, c'est tellement mieux de vivre ainsi. >> Elle le regarde. << Si vraiment tu jouirais de cette nouvelle chance, tu trouverais quelqu'un à aimer… Peut-être fonder une nouvelle famille… Mais non, tu te complais dans le rôle que tu as toujours connu parce que c'est la seule chose que tu contrôles. Mais laisse-moi te dire une chose… Ils ne seront jamais ceux que tu as perdu. >> Relâchant son visage, Méduse se recule. << Ose me dire que cette époque est propice pour notre salut… Pour nous faire pardonner nos erreurs. Je n'ai commis que l'erreur de vouloir me défendre, mais mon apparence n'a fait qu'engendrer la légende de la puissante Méduse… La réalité, c'est cela. On te fera voir l'illusion que tu as ta place, mais ce n'est qu'un leurre. Tiens-le toi pour dit, Chiron. >> Froideur de la belle Méduse dont l'apologie du mal par ses serpents restent bien ancrées dans son esprit. Absents et pourtant, fortement présent d'une certaine manière.

Spoiler:

Appuyer là où ça fait mal. Méduse a appris à le faire après des années à vivre comme un monstre. Manipuler l'esprit par des paroles judicieusement posées. Murmures sifflés au creux d'une oreille pour pousser les gens à l'écouter, à la croire et à sombrer dans un état d'esprit aussi catastrophique que la créature. Après tant d'années à être malmené par le monde, la gorgone a décidé de prendre les choses en main. D'avoir les meilleures cartes et de les mettre sur la table au bon moment. Bien que Chiron n'ait jamais rien fait à Méduse, sauf peut-être de le sauver de cette atroce douleur qui brûlait atrocement son être, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de le faire souffrir. Elle ne supportait pas cette attitude qui le poussait à l'aider et à lui répéter encore une fois qu'elle pouvait trouver une seconde chance à cette existence qui lui tendait les bras. Pas avec un collier capable de l'électriser si celle-ci tentait de le retirer par elle-même. Un collier qui la met sur le même palier qu'un chien à qui l'on aurait apposé sa marque. Mais pire que tout, cet humain l'avait obligé à prendre le rôle de surveillante pour garder un œil sur des êtres dont elle se fichait royalement. Certains pourraient s'entre-tuer que la gorgone n'y ferait rien, hormis observer le spectacle. Cela donnerait un goût de plaisir à sa bouche. Telle l'ambroisie nourrissant les dieux.

Les ongles grattant la barbe du centaure, Méduse l'observe ancrant son regard dans le sien. Elle voyait sa tristesse, au point de s'y plonger comme l'on pourrait le faire dans la douceur de la mer égée. C'était amusant de voir à quel point Chiron se retenait de ne pas éclater parce qu'une enfant se trouvait là, à ces côtés. Comme c'est pathétique d'avoir un tel garde-fou.

《-J'ai mes raisons connues de moi seul pour ne pas fonder une autre famille mais il n'est pas question de moi, ma personne n'a aucune importance. C'est de toi qu'il est sujet en ce moment. Laisse-toi une chance et laisse-leur une occasion de te connaitre.》

Eludant d'un geste de la main gauche les dernières paroles du centaure, Méduse s'éloigne de deux pas. << Je connais parfaitement ces raisons mon cher… Je peux le voir dans tes yeux, je lis en toi comme dans un livre ouvert. >> Méduse tapote sa propre tempe délicatement de son index. << Je lis dans ton esprit mon cher… Tu es peut-être reconnu pour être d'une grande sagesse, mais je suis reconnue pour comprendre un esprit rien qu'en regardant une personne. >> Comment pense-t-il qu'elle a fait sa collection de statues humaines. Arquant un sourcil, Méduse l'observe. C'est amusant de constater les réactions des uns et des autres. Cultiver cette méfiance et cette peur à son égard lui convenaient parfaitement. Mais au fond, n'est-ce pas tout simplement parce qu'elle ne sait plus comment faire pour se faire apprécier ? Aimer ? Ou encore parce qu'elle sait à quel point cela peut être douloureux de se faire trahir.

《- Certes tu as raison mais...tu as réellement ta place ici. L'illusion n'est-ce pas de croire que tu n'as pas celle-ci ? Tu m'as sauvé d'une souffrance abject, tu n'est pas le monstre que tu crois, Méduse !》

<< Les illusions sont une part cachée d'un monde que nous ne connaissons que trop bien toi et moi. >> Rien que par leur nature difficilement accepté à leur époque. Si Chiron a su atteindre les cœurs, Méduse a soulevé le dégoût et la haine à un moment de sa vie où les sentiments humains gouvernaient encore son cœur. Sa simple apparence a su créer les pires tentatives d'atrocités à son égard. << Sauvé ? Et le prix de ce sauvetage a été une traque continuelle. Mais soit… Je vais te laisser une chance de me prouver que cet endroit en vaut la peine. >> Croisant les bras contre sa poitrine, Méduse tourne autour de lui. << Démontre-moi ce qu'il y a de bien en cette nouvelle époque sans que je n'ai à redire quelque chose et peut-être que je me montrerais plus conciliante. Parviens à faire renaître une partie de l'ancienne moi et je t'accorderais ma confiance et j'accepterais bien sagement de me préoccuper de cette bande de braillards sans intérêts qui se pensent, guerriers, mais qui ne tiendraient même pas face à l'hydre ou au Minotaure. >> Arquant un sourcil, elle étire ses lèvres. << Oh… Une chose encore… Il n'y a pas que moi à convaincre, mais mes serpents aussi… Et tu sais par les dieux qu'ils sont difficilement abordables et ouverts d'esprits. >> Ils sont encore plus perfides et envieux de manipulation et de jeu que Méduse elle-même.

Spoiler:

《- En toute franchise j'ignorais que tu possédait la faculté de télépathie.》

<< Il y a bien des choses que tu ignores encore sur moi. >> Et c'est peu de le dire. Tout le monde pensait savoir qui était Méduse, mais ce n'était que l'image que les gens se faisaient d'elle au fur et à mesure des époques. La créature n'avait que prendre un rôle, s'habituant au point de s'y perdre elle-même. Quand la survie est de mise, nous sommes prêts à tout pour voir le soleil se lever le lendemain. C'est ce qu'a dû faire la jeune femme au cours de son existence. Si celle-ci avait eu la liberté de ne pas suivre ce protocole de vie avec ses sœurs d'armes, le temps l'a rapidement fait déchanter. De sa vie, Méduse n'aurait jamais pensé à aider le destin à mettre à l'existence de Sthéno et Euryale.

Alors le simple fait que Chiron annonce qu'il savait qui la jeune femme pouvait être, donnait naissance à une sourde colère dans le cœur de Méduse. Non, il l'ignorait ! Du moment où elle l'avait pétrifié par pitié, il ne savait pas ce qu'il s'était produit par la suite. Le centaure ne pouvait que l'imaginer, l'effleurer de l'esprit. Donc, pour quelle raison la maîtresse des serpents viendrait à agir différemment avec lui. Chaque parole ne faisait que naître un rire bien amer de la bouche de celle que l'on a toujours pourchassé. Qu'il ose encore lui dire que les élèves viendrait à l'accepter alors que l'un d'eux lui avait jeté une pierre, il y a encore quelques minutes.

Méduse avait tué pour moins que cela ! L'histoire ne se trompait sur ce point à son sujet. Mais celle-ci restait encore si loin de la réalité. Il n'y avait qu'une version. Qu'une seule vision. Cette dernière étant bien erroné, avouons-le sans détour.

《- Tout ceux qui te traquait sont morts depuis longtemps, du reste les élèves et employés ici sont dans le même cas que toi : différents. Ce sont pour la plupart des sorciers, des vampires et des loups-garous, il y a aussi des créatures comme toi et moi. Tu as plus de chance de te faire accepter d'eux car ils savent ce que c'est que d'être chasser, ils comprennent ce que tu ressens car ils le vivent au quotidien, notamment les vampires. En 2031, la chasse aux créatures de la nuit à remplacer celle de la gorgone. J'ai déjà eue à protéger des triplés louveteaux des velléités d'un duo de chasseurs. Mais ne va pas croire que tous sont dévorés par l'appétit du sang des êtres magiques. Alaric est un humain normal, pourtant il veille sur nous tous. Certains savent faire la part des choses...Et à l'ancien temps, tu sais bien que le désir de célébrité faisait perdre la tête de beaucoup de héros, hélas la modération n'était pas leur fort. C'était l'envie de reconnaissance qui poussait les guerriers à te poursuivre, plus que tes aptitudes. Excepté durant ma pétrification... mais mis à part Pelée, mon cher ami qui à agi par chagrin, je crois que beaucoup de jeunes gens furent séduits par le vin de la gloire, quitte à détruire ta réputation. Ici, les jeunes n'ont plus les mêmes envies.》

<< D'autres viendront… >> Fit-elle en balayant les premières paroles du centaure. Des chasseurs, il y en aurait toujours et peut-être même ici. Qu'il ne lui répète pas que les créatures n'étaient pas détestées pour ce qu'elles sont justement ! Si certains éprouvaient de la curiosité, d'autres ressentaient du dégoût et de la peur. En somme, une réaction normale que Méduse n'avouera jamais de vive voix. << Dois-je verser une larme ? Dois-je ouvrir mon cœur sous prétexte que l'on me comprendra ? Tu t'es trompé d'époque mon cher, la Méduse encore emplie d'une certaine humanité n'est plus. >> Après que sa confiance ait été broyée, par celles qu'elle considérait encore à l'heure actuelle comme ses sœurs, n'est plus. Méduse pleure en silence leur disparition, mais cela ne faisait qu'alourdir la haine contre sa propre mère. << Et parmi ces héros, beaucoup de tes admirateurs… >> Elle s'approche alors de lui. << Pelée ? Pas que lui… Les deux femmes de ta vie également. Regarde ce que ma pitié a fait naître à mon égard. À chaque fois que j'ai ouvert mon cœur, il a été broyé et trompé. >> Elle regarde l'enfant toujours dissimulé derrière lui. << Et cet Alaric, ne me parle pas de sa bonté de nous aider. Regarde ce collier ! Je ne suis qu'un animal que l'on a muselé ! Et tu voudrais que je fasse des efforts pour ce monde ! Avoue que nous autres créatures, nous jouons plus de malchance. >> Elle sourit. << Toi, tu sais comment te faire accepter parce que la bonté coule en toi aussi sûrement que le poison coule en moi. >> Si certains appellent cela de l'entêtement, Méduse opte pour le mot, prudence. La crainte aussi, mais c'est un sentiment qu'elle ne montre pas.

Une autre pierre est lancée par le biais d'un sort maladroit qui fonce droit vers la petite fille. D'un geste, Méduse le stoppe avant de se retourner vers le groupe. << Bande d'idiots ! Quand on ne sait pas utiliser la magie, on se retient. >> Fit-elle en broyant d'un geste de la pierre qui finit en poussière. << Hors de mon regard si vous ne voulez pas que je vous broie comme cette pierre. >> Son regard les fusille alors que ces derniers s'en allaient. Si ce stupide collier ne lui permettait plus d'agir selon sa volonté, il restait encore bien des capacités chez Méduse et il lui fallait bien peu pour les utiliser même contre ces étudiants sans cervelle.

Spoiler:

Cela faisait des vies entières que Méduse vivait de cette manière. Plus de croyance envers les humains et tout autant envers les êtres surnaturels. Des vies entières qu'on la pourchassait pour le sport et la reconnaissance. Alors forcément, malgré les paroles du centaure, la maîtresse des serpents ne pouvait pas accepter et ne le voulait pas. Changer de vie pouvait être effrayant pour bien des gens. Méduse se refusait de croire qu'une quelconque peur la faisait maintenir sur ses positions. Elle préférait croire que personne ne pouvait changer et encore moins l'accepter pour ce qu'elle est. Elle, la créature que tout le monde à cherché à rabaisser, à trahir et à manipuler au cours des siècles. Penser ne serait-ce qu'un instinct qu'on puisse parvenir à la manipulation a fait rire durant des années cette femme qui est devenue une professionnelle à ce niveau. Personne ne sait manier les mots comme elle. Faire naître toutes sortes d'émotions pour pousser les individus à la croire, à la craindre ou encore à se pousser à la mort. C'était devenu un jeu plaisant et bien des fois, la créature en a usé et abusé.

《- Et pourtant, le commencement n'a pas été ainsi. Un abandon d'abord, celui d'une maîtresse centauresse ayant trahi son fils sans un regard en arrière, la solitude, le rejet et l'adoption par un humain. 》

Pense-t-il que Méduse allait ressentir de la compassion ? À chacun son histoire, mais la sienne était bien plus douce que celle de Méduse. Si elle venait à dévoiler les secrets de son ancienne vie, que ce soit de son enfance ou avant la malédiction, il viendrait à comprendre. Mais Méduse ne voulait ni qu'on la comprenne ou qu'on la prenne en pitié. Raconter son histoire ne la changera pas tout comme les avis à son sujet restent les mêmes. Tout comme cette nouvelle pierre qu'on lui lance. Elle est semblable à toutes celles qui ont cherché à la lapider au cours des centaines d'années d'existences. La longévité est la sienne, mais il semble qu'elle ait acquérir plus qu'une simple possibilité de vivre longtemps. Une immortalité certaine. Tout du moins, c'est ainsi qu'elle voyait la chose.

《- Ça suffit, veuillez cesser de lancer des pierres et autres cailloux, ne réalisez vous pas que c'est extrêmement dangereux ? Que je vous revoie agir ainsi contre Liya où cette enfant et je vous place une retenue salée dont votre palais se souviendra. Aider les cuisiniers du réfectoire ne vous fera pas de mal, vous apprendrez à mieux vous comporter, à acquérir l'esprit d'entraide et d'équipe. Tout le monde à le droit à sa chance, à faire ces preuves.》

Bien sûr que Chiron prend sa défense comme il l'a fait devant cet Alaric. L'aurait-il fait si le chemin des deux créatures les plus célèbres de la mythologie ne s'étaient jamais croisées ? Difficile à dire et Méduse ne voulait pas poser la question, cela serait offrir un intérêt que trop grand envers l'homme-cheval se trouvant à côté d'elle. << Je peux très bien me défendre seule, Chiron. >> Fit-elle exaspérée. << Penses-tu que je sois une demoiselle en détresse ? C'est pas une bande de gamins incompétents qui vont m'effrayer. >> Surtout que ces derniers n'ont rien à envier aux adolescents qui ont voulu jouer à la chasse avec elle.

Mais on ne peut pas dire que Méduse s'attendait à ce que l'enfant vienne vers elle et l'enlacer pour la remercier. Ce n'était pas spécialement pour la protéger que la créature avait agi de la sorte. Mais plus parce qu'elle en avait assez d'être prise pour cible et qu'il fallait qu'elle montre les crocs elle auss. Posant son regard sur la petite fille aussi fébrile qu'elle n'a pu l'être durant son enfance, Méduse n'esquisse aucun mouvement. Ce qui ne semble pas déranger la petite fille qui reste collée à elle. << Oui… Bon… Va jouer plus loin. >> Fit-elle simplement. Le temps de la gardienne du temple d'Athéna était bel et bien révolu tout autant que sa capacité à materner les enfants qui y étaient recueillis. D'une certaine façon, Méduse a pu devenir bien des fois mère de substitution avant que le malheur ne frappe à sa porte. << Bien à nous… >> Dit-elle en regardant Chiron. << Dois-je t'offrir une seconde chance ? Croiser ta route à signer bon nombre de désagréments pour moi… Les tiens… Les adolescents boutonneux voulant devenir des héros… Sans compter le Malivor attiré par ma magie… >> Elle s'approche de lui posant son index sous son menton. << Devrais-je te tuer ou bien t'utiliser comme un jouet ? Les deux sont tentants. Ceci dit… Qui viendrais-je transpercer de mon venin quand le temps m'ennuiera hm ? J'ai besoin d'un bouffon dans ma vie… Que dit-on aujourd'hui ? Un clown, c'est ça ? >> Ses ongles grattent la barbe de Chiron en souriant légèrement. Un sourire froid. << Tu me fais rire à prendre sans cesse ma défense, Chiron… À dire haut et fort que tout le monde a le droit à une seconde chance… Alors que tu n'y crois pas un traître mot en ce qui te concerne. On ne me trompe pas. Alors cesse de me prendre pour une idiote. Quand tu te donneras ce droit, alors peut-être que je consentirais à t'écouter. >>

Spoiler:

Il y a bien longtemps que Méduse s'est résigné à son sort. La gorgone ne cherchait plus à se faire comprendre par des gens qui s'arrêtent constamment à son physique. Bien que depuis sa délivrance du Malivore, la créature peut reprendre son aspect d'autrefois, avant que la malédiction ne la frappe. Celle-ci restera toujours ce monstre avec une chevelure faite de serpents. Un regard qui transcende. Des pupilles reptiliennes qui en a fait pâlir plus d'un. Cette violence au fond de ses chairs qui ne cherchant qu'à s'esprimer le plus souvent par une torture sous des mots bien trouvé. Son être entier est devenu le venin de la souffrance et de la haine. Alors, bien sûr qu'elle n'allait pas acquiescer face aux paroles de Chiron et papillonner des yeux, émerveillée comme tous les élèves qui ont comblé l'existence du centaure. Non, Méduse était bien plus difficile à convaincre. Bien plus détruite par la vie et ceux qui l'ont peuplée. Trahie de toute part. Devant se modeler au fur et à mesure des épreuves. Si son but premier était de continuer à vivre. On lui a bien fait comprendre qu'un être telle qu'elle n'aura jamais sa place en ce monde. Et que la meilleure façon pour elle d'y avoir une place, c'est sous terre. Morte de préférence.

La colère ne faisant que monter en elle. Méduse stoppe une nouvelle pierre qui se dirige cette fois-ci vers l'enfant. Elle ne songeait pas à la protéger, mais plus à faire peur en écrasant la pierre dans sa main qui finit en poussière. Cette bande de gamins n'ont absolument aucune conscience de ce qu'est la vie et ces difficultés. Si les époques ont changé et évolué, il restait le même d'une certaine façon. Les habitudes ont simplement changé se faisant d'une manière différente, mais la finalité reste la même.

《- Bien sûr que non, évidemment. Mais n'oublie pas que je suis professeur il est de mon devoir de les corriger quand de tels actes sont commis !》

<< Et moi surveillante… Je peux parfaitement montrer mon autorité comme il le faut. >> Méduse n'a jamais été de ces femmes ayant besoin de l'appui d'un homme pour se défendre. Si elle a connu des hommes dans sa vie, ils détruisaient plus souvent qu'ils ne construisaient. Les seuls qui avaient eu de la valeur avant sa malédiction étaient les poètes et les musiciens sachant apaiser son cœur très souvent froissé par les mauvais souvenirs. Aujourd'hui, plus rien ne berçait son âme. Pas d'Orphée quelque part pour l'aider. Tant mieux d'une certaine façon.

L'étreinte de la petite fille la met clairement, mal à l'aise. Elle ne s'attendait pas à cela. La gorgone ne bouge pas invitant même celle-ci à aller jouer plus loin afin de faire couler à nouveau son venin dans les oreilles de Chiron. Jouer avec lui était un plaisir. Voilà trop longtemps que le silence du Malivore l'avait touché et elle pouvait à nouveau jouer et bercer sa vie de sa propre mélodie glaçante et sifflante.

《- As-tu fini de déverser le fond de ta pensée ? Un clown vraiment ? Un bouffon ? Le venin de l'Hydre est plus brûlant que le tien mais là n'est pas la question, encore une fois. Et je ne te prends pas pour une idiote, loin de moi cette idée, nous sommes dans une ère nouvelle. Tu peux profiter de ce nouveau destin. Je l'utilise aussi pour me cultiver et mes élèves suffisent à me rendre heureux, c'est tout je ne demande rien d'autre à mon bonheur et ce jusqu'à ce que le loup Fenrir se libère de ces chaînes pour engloutir le monde. Et puis rappelle toi que la Grèce antique associait beauté physique et beauté morale, et donc dévalorisait ceux qui étaient différents où handicapés.》

<< Au contraire, je ne fais que commencer. J'ai passé trop de temps avec mes serpents et moi-même. >> Fit-elle simplement tout en ancrant son regard dans le sien. << Veux-tu encore me mettre dans l'esprit ce qui a coûté ma tranquillité. C'est pour te sauver que j'ai subi les foudres des tiens, Chiron. >> Rappelle-t-elle tout en l'observant. << Une ère nouvelle… Cette ère craint les êtres tels que nous, si on se faisait connaître, on nous chasserait pour nous tuer. Si les choses ont évolué, la finalité reste la même. Je sens bien la haine et la peur de certains élèves envers nous. En quoi devrais-je profiter de cette nouvelle vie hm ? >> Elle se penche vers lui tout en l'observant. << Mens-toi à toi-même si tu le désires, mais je sais ce que ton cœur désire. >> Fit-elle en posant sa main sur le torse du centaure, là où battait son cœur. << Cher Chiron… L'esprit de la Grèce réside encore aujourd'hui… Ne me dis pas que les gens ne se fient plus aux apparences… Si j'étais sous mon apparence de gorgone… Me diras-tu que l'on me tendrait la main avec un sourire et une parole gentille ? >> Elle effleure son nez du sien. Séductrice comme il ne l'avait jamais connu. Les choses ont bien changé depuis leur dernière rencontre. << Je crains fort de ne pas être une bonne élève pour toi, Chiron… Si tu es le maître de la sagesse. Je suis devenue la maîtresse de la souffrance. Quand l'homme crée, le monstre fait. À force de me chasser, à me haïr, à vouloir me tuer… Ils ont créé le monstre qu'il voyait. Je n'ai fait que répondre à leurs attentes… Et crois-moi, ce jeu est fort amusant de mon côté. >> Elle finit par effleurer ces lèvres sans l'embrasser. << Me hais-tu à présent maître de la sagesse ? >>

Spoiler:

《- Moi oui, je te tiendrais la main. Parce que je ne peux pas laisser quelqu'un goûter à la solitude. 》

Si la gorgone est surprise, celle-ci n'en montre absolument rien. Montrer ne serait-ce que le doute ou l'hésitation est un signe de faiblesse qui peut coûter cher. Néanmoins, elle se le demande. Peut-elle faire confiance au centaure ? Certainement oui, le centaure a prouvé par ces années de vie sa fidélité à ces codes et ces principes. Cependant, Méduse en a trop vu pour se laisser leurrer de la sorte. Ses propres sœurs gorgones ont voulu la tuer après tant d'années loyauté. Alors comment peut-on laisser cette chance à nouveau ?

Alors cette dernière cache ce doute par une envie soudaine de séduction. Une attitude qui laisse stoïque le centaure qui devait déjà en avoir vu. Cœur fidèle à l'amour de sa vie. Son épouse. Voilà que la gorgone éprouve une certaine envie vers cette âme trépassée depuis des siècles. Néanmoins, Méduse continue parce que ce n'est pas le genre de se stopper dans un jeu qui lui plaît. Elle pourrait faire ce qu'elle voudrait de Chiron. Là, en ce moment ce n'est pas ce stupide collier qui allait l'arrêter. Le bijou ne bloquant qu'une partie de ses capacités.

<< La solitude est une amie fidèle qui ne trahit jamais. >> Fit-elle dans un murmure à l'oreille du professeur des héros mythologiques. Il est calme, droit et fier comme tous ceux de son espèce. Seul spécimen encore vivant. Si lui ne fait rien, d'autres auraient certainement profiter de la situation. Les centaures sont reconnus pour aimer s'amuser, n'est-il pas ?

《- Je ne te haïs pas et je ne veux pas tomber dans ce piège. J'ai pleinement conscience qu'il te faudra du temps pour évoluer, peut-être même que celà ne se fera jamais car les traumatismes sont profonds, douloureux et sans doute éternels. Mais dis-toi que si c'est le cas tu auras toujours quelqu'un avec toi. Moi. Je n'ai jamais lâché aucuns de mes disciples jusqu'à aujourd'hui. Tu pourras faire tout ce que tu veux, me mordre, me séduire, même me pétrifié à nouveau. Je trouverais le moyen d'être avec toi et tout ceux qui en ressentent le besoin. Et ce n'est pas seulement par culpabilité... Tu n'est pas laide, tu n'est pas un monstre.》

Méduse s'arrête pour le regarder. Comment fait-il pour être si calme alors qu'elle pourrait le tuer ici même, sans regret et partir tout simplement. S'éloigner de cette école si stupide. << J'ai pris mon partie de vivre avec mes traumatismes, Chiron. C'est en puisant dans ma douleur que j'ai pris de la puissance. >> Elle l'observe avant de rire. << Et tu te proposes pour être l'être qui m'apprendra à être humaine à nouveau ? D'avoir des émotions plus saines, c'est ça ? >> Telle la prédatrice qu'elle est, Méduse tourne autour de lui. << Je ne suis pas une de tes disciples, Chiron. Être une élève très peu pour moi, je m'ennuierais rapidement de tes leçons d'humanité. >> Méduse a depuis longtemps éteinte cette partie de son être. Tendre la main quand on est une créature maudite et plus on voudra la frapper et la couper. << Ne me dis pas que tu ne désires pas me remercier de t'avoir figé dans la pierre pour échapper au poison de l'hydre. Les actes désintéressés n'existent pas en ce monde. Si tu agis comme ça, c'est pour te permettre d'être bien ou de croire que tu peux l'être. Tu ne peux combler ton manque ainsi, Chiron. >> Elle se plante devant lui. << Cesse ton mensonge ! Si je pouvais être sous mon autre aspect, tu serais bien incapable de me tendre la main. >> Elle ancre son regard dans le sien. << Comme tu peux être pathétique, centaure. >> Elle emprisonne son visage entre ses mains. << Pathétique, mais amusant, je le conçois… >> Par amusement, elle dépose un baiser sur ces lèvres. Léger, à peine perceptible puis s'écarte. << Tu n'es qu'un menteur. Tu fais croire que tu vis, mais ton cœur est mort. Cette lumière en toi, n'est que le reflet de ce qu'il a été jadis. Il reproduit par automatisme ce qui te rendait vivant. Cesse donc de me mentir et dis-moi qui tu es vraiment au fond de toi, Chiron Galanis. >> Fit-elle en élevant légèrement la voix.  

Spoiler:

Méduse n'avait pas l'intention de se dévoiler plus qu'il n'en fallait. Garder ses faiblesses, c'était devenu un mode de vie ou plutôt de survie. La violence en a découlé, suite logique de ces affrontements et de ces chasses qui la visait juste parce qu'elle était différente. Différente par le biais d'une malédiction lancée par sa propre mère. Cela a dû commencer à poser la première pierre à l'édifice de sa cruauté venimeuse. Quand Méduse voulait y croire encore, on continuait à vouloir l'écraser. Toujours plus loin et plus fort. La haine engendre la haine, c'est une leçon très lourde à laquelle certains êtres se confrontent au cours de leur existence. Méduse en a fait les frais plus d'une fois et aujourd'hui, le jeu, l'audace, la déduction et le venin des mots prenaient le pas. Être comme celle que l'on voulait voir ne pouvait que donner de l'imagination à la créature pour faire rompre toutes ldigues chez les personnes qui voulaient l'affronter.

《- Une amie fidèle, une amante dévouée mais très envahissante je te l'accorde.》

<< Mais la plus sincère. >> L'écho de sa cruauté, Méduse ne pouvait plus s'en passer. C'était une drogue. L'ambroisie sucrée qui la nourrissait depuis que la malédiction a changé son être. Lentement, mais sûrement, elle est devenue ce qu'elle est par esprit pratique. Pour continuer à voir le jour se lever. Si elle a pleuré les êtres tués au début, l'émotion s'est éteinte avec le temps. À quoi bon verser des larmes pour des gens qui n'en valent pas la peine et qui ne veulent que son extinction.

《- Tu crois que je donne cours par intérêt ? Personne n'a jamais déboursé le moindre drachme pour que je prenne son enfant, je te rappelle que je vivais dans une grotte seul puis en compagnie de ma famille. Les actions désintéressées existe, la solidarité aussi. Je t'ai déjà vue sous ta véritable forme tu ne t'en souviens plus ? Il est vrai que je souffrais atrocement mais malgré tout je n'ai pas eue peur.》

Tournant autour de Chiron durant un petit moment, la jeune femme l'écoute sans prononcer un mot. Juste en l'observant. Elle voyait bien que ses tentatives de séduction n'avait pas le moindre effet sur Chiron. À croire qu'il ne pouvait plus rien ressentir. Un homme pouvait-il être aussi éteint ? Difficile à croire. << Non, c'est sûr que l'argent, tu n'y voyais pas l'intérêt, mais je ne pensais pas à quelque chose de matériel Chiron… On peut attendre des services… Tu sais cette phrase que beaucoup disent à un moment donné… Souviens-toi de ce que j'ai fait pour toi. >> Les actions désintéressées n'existent que dans un univers d'utopie et de naïveté. << Tu souffrais et tu étais au bord de la mort… Le venin de l'hydre rendait ta vue floue… Tu avais plus peur de continuer à souffrir et à mourir qu'à te concentrer sur moi. >> Fit-elle sèchement, presque ennuyée par le côté buté du centaure.

Un effleurement. Un baiser. Sans véritablement appuyer sa bouche contre celle du professeur face à elle. Un jeu bien horrible, mais qui encore une fois, ne faisait ni chaud ni froid à Chiron.

《- Qui suis-je ? Un orphelin, un bâtard, un adopté, un enfant solitaire et rêveur, un indécis éternel, ayant trouvé réconfort et passion dans l'instruction quand sa voie s'est montrée et qui aujourd'hui le trouve encore. Je suis tout ça à la fois. Et toi qui est tu vraiment au plus profond de toi-même chère Méduse ?》

<< Je suis celle que l'on décide de voir. Un monstre sans foi ni loi, qui tue sans pitié. Qui s'amuse à torturer l'esprit en sifflant des espoirs vains et des douleurs que l'on tente d'oublier. Je suis un être qui connaît un autre rien qu'en l'observant et me servant d'un menu détail pour le plonger dans le désarroi et l'envie de croiser mon regard. Je suis celle que l'on cherche à tuer sans y parvenir. Je suis un être qui a éteint ses émotions parce qu'ils n'ont rien d'utile ni de pratique. >> À quoi bon s'en servir pour le peu que ça ait pu l'aider. << Je suis la définition même du monstre, mais si, je te l'accorde, le descriptif peut être varié. Mais c'est plaisant de savoir que l'on ne m'a pas oublié même si ce qui est écrit sur moi n'est qu'un tissu d'ânerie. >> Elle tapote le nez de Chiron de son doigt. << Et toi mon cher centaure, qu'attends-tu de moi hm ? Avoue-le sans détours ni ambage et surtout sans mensonge, car je le saurais. Ne me fais pas croire que tu cherches uniquement à me sauver mon cher… Ce serait parfaitement ridicule, mais ça t'accordera au moins l'émotion de l'amusement dans mon regard. >>

Spoiler:

Chiron semblait éteint. Aucune des tentatives de Méduse ne fonctionnaient avec lui. Signe supplémentaire que ce maudit collier bloquait ses pouvoirs. Les rendant moins forts ou inexistants. Supprimer ses capacités, c'était la rendre faible et la créature ne supportait pas d'être rendue à cela. Bien que celle-ci le cache, cela l'irritait profondément. Depuis son changement, Méduse prenait plaisir à manipuler les gens et leurs esprits. Les faire souffrir ou jouer avec eux comme un chat joue avec une souris.

《- Quels services est-ce que je pourrais demander à mes élèves ? Les seuls que je pouvais réclamer c'est leurs progrès, et les seuls que les parents attendaient de moi c'est d'en faire des héros. Je n'ai jamais réclamé ce type de paiement non plus. Pour le reste je te remercie pour m'avoir sauvé de la mort. 》

<< Oh je t'en prie, pas avec moi. >> Méduse voyait là, une ouverture intéressante. << La reconnaissance… Voilà ce que tu attendais… Tu espérais être accepté en aidant tous ces gamins boutonneux à devenir des héros. N'as-tu pas eu tout cela ? Quand ceux à qui tu as enseigné se sont fait connaître, tu as été apprécié… Aimé. >> Elle penche la tête sur le côté en l'observe. << Te sauver, c'est avoir commencé à me condamner à une chasse perpétuelle dont j'ai été la proie… Sais-tu combien de tes étudiants, j'ai dû tuer pour rester en vie ? >> Tuer ou être tué. C'est une loi qui continue d'exister encore aujourd'hui, surtout loin du monde des hommes, ceux sans aucun dons ni pouvoir particuliers.

《- Je sais bien que les légendes sont le fruit de l'esprit volubile des aèdes. Tu en est arrivé à croire que les gens peuvent te prendre sous son aile uniquement par intérêt ? Je pense que non. C'est aussi le caractère et les capacités qui guide à protéger quelqu'un. Je n'attends ans rien de toi, juste que tu puisse comprendre que le monde n'est pas qu'une sombre pelote de laine qui ne pense qu'à te traquer. Je suis sûr que la haine ne t'a pas totalement dévoré !》

Le monde a été bien loin de la vérité. La véritable histoire de Méduse n'a jamais été révélé. Les seuls qui l'ont connu sont à présent morts et de ses propres mains. << Qui aurait voulu me prendre sous son aile hm ? J'étais jugé avant même que l'on veuille bien me connaître. Avant même que je devienne ce monstre que tous a vu en moi. >> Elle lui montre ses mains. << Elles sont pleines de sang… Ces mains ont pris plaisir à tuer et pas seulement parce que je devais survivre. Cette pelote qui me traquait comme tu dis, j'ai appris à jouer avec comme les chats peuvent le faire… >> Elle baisse à nouveau ses mains. << Tu semble bien convaincu de ce que tu avances… Suis-je vraiment tel que tu l'imagines ? >>

《- Je veux t'aider, c'est tout. Il y à des gens qui peuvent se laisser toucher par ta personne, voir tes capacités et ce que tu est.》

Un sourire moqueur étire ses lèvres. << Tu es fort amusant, Chiron… Laisse-moi te raconter une histoire… Il y a fort longtemps, une petite fille a vu le jour… Elle avait une mère qu'elle aimait… Un père humble pêcheur et deux frères très protecteurs envers elle. Un jour, la mer s'est déchaînée… La colère de Poséidon s'est acharnée et les monstres sont apparus… Il n'y avait plus ni père ni frères. La mer en est devenue leur unique demeure. La mère et la fille ont beaucoup pleuré… Jusqu'à ce que la mère décide de tout vendre pour partir avec sa fille. Fille qu'elle a abandonné dans un temple d'Athéna. La petite fille a énormément pleuré, elle a hurlé à plein poumon, mais sa mère ne s'est pas retourné et elle n'est pas revenue la chercher. La petite fille a donc grandi dans le temps où on lui a appris à lire, écrire et compter. Se battre aussi. Avec ses sœurs de cœur, elle est devenue l'une des grandes gardiennes de ce temps, protégeant les prêtresses et les enfants qui y étaient recueillis. Cette petite fille devenue une femme aimait profondément les enfants, elle pouvait sacrifier sa propre vie pour eux. Mais un jour, des bandits sont venus. Les trois sœurs se sont battues pour protéger les prêtresses et les enfants… Elles sont même parvenues à un marché… >> Elle tourne autour de Chiron faisant une pause avant de reprendre. << Libérer les enfants et les prêtresses en échange de leur vie. Le marché a été conclu. Ce sacrifice, le chef de ces bandits l'attendait. Durant les jours qui ont précédé la mort des trois sœurs, elles ont été torturé, violé et affamé. La gardienne croyait toujours qu'Athena allait les sauver, mais il ne s'est rien passé. Puis un jour, elles ont été amené une après l'autre au cœur du temple juste devant la statue de la déesse. La sorcière du groupe de bandit a commencé un rituel en l'honneur de Poséidon… >> Elle s'approche de l'oreille de Chiron. << Cette sorcière n'était autre que la mère de la gardienne… La mère a reconnu la fille, mais elle s'en fichait… Elle savait ce qu'il s'était passé et n'est jamais intervenu. >> Murmure-t-elle avant de s'éloigner. << Les trois sœurs sont mortes pour renaître en monstre… Dès leur renaissance, elles se sont acharnées à tuer les bandits et la fille a pris plaisir à tuer sa propre mère. Les années ont passé, les sœurs étaient pourchassées chacune de leur côté. Parfois, elles étaient réunies, d'autre fois non… Mais la jalousie ravageait le cœur des deux sœurs envers celle qui se faisait un nom dans le monde sans le vouloir. Un nom à la fois craint et respecté… Un jour, alors que la gardienne pensait retrouver l'apaisement de ses sœurs comme autrefois, elle a compris que ces dernières avaient fomenté un complot pour la tuer… Une fois encore, la pauvre a été trahi et elle a laissé ces dernières mourir, tué par Persée. Elle n'est pas venue à leur aide même si ces dernières la suppliaient de les sauver. Elle a continué sa route… Apprenant à vivre comme on l'a toujours vu… >> Elle ancre son regard dans le sien. << Voilà la véritable histoire de Méduse, Chiron… J'ai aimé des personnes qui n'ont fait que me trahir… J'ai voulu tendre la main et on a cherché à me la couper si ce n'était pas ma tête que l'on voulait. >> Elle pose sa main sur la nuque de Chiron approchant d'un geste son visage près du sien. << Crois-tu encore que je peux toucher le cœur des gens hm ? >>

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