Lara - Il en faut peu pour être heureux

Je n'ai pas toujours été une tueuse. Fut un moment, j'étais même un nourrisson tout innocent. Si, c'est vrai ! Il y a 36 ans, j'étais ce petit bébé prédestiné à un avenir radieux avec ses parents. Mes parents, parlons-en tiens.  D'abord mon père, un médecin d'Inverness réputé pour son talent et son professionnalisme. Ce fut lui qui aida ma mère à accoucher, alors qu'elle eût perdu les eaux sans crier gare. Ma mère, elle, était une infirmière de l'hôpital de la même ville. Ils s'étaient tous deux rencontrés à l'école de médecine, et étaient tombés amoureux. Ce fut de fil en aiguille que je naquis.

Fille unique, je devais inviter d'autres enfants pour que je puisse jouer autrement que seule. Mes parents étaient justement amis avec d'autres parents, et c'est ainsi que je me fis des amis à l'école et à la maison. Ma vie était celle d'une fille normale, avec des problèmes normaux, et mes parents, tout comme moi, s'attendaient à ce que cela continue.

Ce fut au lycée que j'embrassai pour la première fois quelqu'un. Une jeune fille de ma classe. Cela faisait des semaines que nous nous faisions quelques avances sans vraiment nous en rendre compte, et peu à peu nous l'avons remarqué, alors nous avions tenté ça. Cela dit, elle devait quitter l'Ecosse en fin d'année, cette relation n'avait donc aucun avenir. Mais elle me permit de découvrir que j'étais plutôt attirée par les femmes. Je me fichais du jugement des autres, je me considérais libre de mon orientation sexuelle, quels que soient les états d'âmes d'autrui.

J'obtins mon diplôme en fin de dernière année, mais je savais que le meilleur moyen de rendre fiers mes parents, c'était de suivre leurs traces. Je m'engageais donc dans des études de médecine, mais je me rendis rapidement compte que ça ne serait pas aussi simple que je le pensais, malgré l'aide reçue grâce à mes parents, et même si je continuais, les résultats n'y étaient pas. A la fin de deux années d'études, je dus me rendre à l'évidence: La médecine n'était pas pour moi. Alors j'interrompis mon cursus et me trouvais quelques emplois éphémères, pour empocher un peu d'argent et trouver un appartement. Cela se déroula sans accroc, mais bientôt... Ma mère nous quitta, à cause d'une maladie qui infestait son corps depuis des années. Elle avait pourtant tout fait correctement pour lutter contre, mais la vie aime démontrer qu'elle est la plus forte.

La vie... Celle-ci continua durant des années sans réels changements. Les choses allaient et venaient, ma vie était somme toute assez tranquille, j'avais ma routine. Et ce, jusqu'à ce que vienne le tour de mon père.  Contrairement à sa femme, ma mère, il ne mourut pas de cause naturelle, non... Il fut assassiné sauvagement. Vidé de son sang. Et la police ne semblait pas pressée de trouver le coupable. Alors, écœurée par ce manque de considération et de réaction, je décidais de quitter l'Ecosse, afin de me rendre aux Etats-Unis.

Aux "States", j'espérais y trouver un nouveau départ, une nouvelle vie, un nouveau commencement. Oublier tout ce qui s'était passé en Ecosse, à commencer par l'assassinat de mon père qui me peinait tellement. Mais bientôt, tout ça trouverait une explication, certes irrationnelle, mais la seule possible...

Ce soir là, je me promenais dans les alentours de la Nouvelle-Orléans, ville où j'avais établi mes quartiers depuis que j'étais arrivée dans ce pays. Tout semblait calme, pas grand monde autour de moi. Mais soudain, un bruit derrière moi attira mon attention, sauf qu'il n'y avait rien. Je me retournais alors avant de me retrouver face à quelqu'un. Cette personne m'assomma, je perdis rapidement connaissance.

Je me réveillai alors dans ce qui semblait être... Une cave ? Quoi qu'il en soit, je n'étais plus là où j'étais avant de perdre connaissance. Et surtout, j'avais une douleur au cou. Je voulus regarder, mais je ne pus bouger ni bras ni jambes, j'étais attachée. Je hurlais à m'en casser la voix, mais personne ne vint. Je commençai à me dire que finalement, j'allais rejoindre mes parents dans l'au-delà... Mais quelqu'un ouvrit finalement la porte. Aucun mot, aucune réponse à mes questions. L'individu se contenta de se mordre le poignet avant de me le poser sur la bouche. Quel genre de taré faisait ça ? A peine me fus-je posé la question, que ce fut à nouveau le grand noir.

Nouveau réveil.  Cette fois, je sentis une autre douleur au cou, mais pas la même. Comme si... On m'avait brisé la nuque ? J'étais morte alors ? Cette fois ci, j'étais libre de mes mouvements, je n'étais plus attachée. Il ne fallut pas m'en donner davantage ! Sans même me préoccuper de mon état, je me glissais hors de la cave et je sortis du bâtiment. J'étais là, au beau milieu de nulle part. Pas étonnant que mes cris n'eurent alerté personne, il n'y avait personne aux alentours ! Celui ou celle qui m'avait gardée captive avait tout bien préparé. Et si... J'avais été libérée de mes chaînes pour que l'espoir renaisse, et qu'au final je voie... ça ? Me faire perdre envie de vivre... Mais c'était mal me connaître. je pris la direction de... De quoi ? De peu importe, et je finis, bien malgré moi, par tomber sur une route. Certes peu fréquentée, mais c'était bien une route. Et qui disait route, disait voitures qui passaient. Je commençai à avancer tout en me mouvant assez difficilement, j'avais mal à la nuque, mal au crâne, mais surtout une faim dévorante qui me déchirait les entrailles. Je n'avais même plus mon portable sur moi, on me l'avait clairement pris. Je ne pouvais donc pas appeler à l'aide. Mais mon salut vint de deux petites lumières approchant, approchant et approchant encore. Une voiture ! Je levai alors mon pouce, en me mettant sur le côté. Je devais faire peur à voir, mais la personne au volant s'arrêta, et me demanda si j'avais besoin d'aide pour me rendre quelque part. Je répondis que oui, et il m'offrit de monter. Dans une autre situation, j'aurais été méfiante, mais là j'avais juste envie de partir de cet endroit maudit et de trouver quelque chose à manger. A manger... Je sentis d'ailleurs les battements de cœur de ce type. La voiture avait déjà fait un bruit monstre en arrivant, et là voilà que je me sentais attirée par le cou de cet homme. Il me demanda ce qui se passait, et en seule réponse, je lui sautai dessus. Il se débattit mais je finis par atteindre ce que je voulais: son cou.
Je mordis dedans de toutes mes forces, sans même me demander pourquoi, et je commençai à aspirer son sang. Je ne m'arrêtai qu'une fois totalement vidé de chaque goutte. Paniquée, je poussai le cadavre hors de la voiture avant de prendre son portable en guise de GPS. Je partis alors sans demander mon reste, après avoir défini la Nouvelle-Orléans comme destination. Je ne savais absolument pas ce qui était arrivé, pourquoi j'avais voulu agresser cet homme, et comment se faisait-il que j'avais bu son sang. Etais-je devenue comme mon agresseur, une dangereuse psychopathe ?

Quelques heures après, je me rendis compte que je ne pouvais plus sortir au soleil, sous peine de cramer. De plus, j'entendais tout avec une intensité démesurée, et ma vue était bien meilleure. Je sentais également tout avec une précision déstabilisante... Par déduction, je finis par en déduire une explication assez irrationnelle: et si... J'étais devenue un vampire ? Cela pouvait paraître fou, mais c'était la seule explication qui se tenait. De plus, je compris enfin ce qui était arrivé à mon père: un vampire l'avait tué. J'avais également désormais soif de sang, et après un massacre dans un bar, je pris la décision de quitter la Nouvelle-Orléans. J'avais entendu parler d'une ville qui, apparemment, regorgeait de créatures surnaturelles. Une ville en Virginie, appelée Mystic Falls. Sur le chemin, toute une traînée de cadavres vidés de leur sang, je ne pouvais pas m'en empêcher. J'arrivais finalement dans cette ville, et désormais j'ignorais comment tout cela se déroulerait.