The darkness that bring us together [Alistair & Honor]

 

Parfois j’avais l’impression d’être à l’étroit dans mon propre corps, de m’y sentir opprimée et oppressée. Aujourd’hui était une de ses fois. Après les cours, j’avais été voir le Dr Saltzman et j’avais obtenu l’opportunité de passer la nuit dehors. Heureusement, ce point avait été réglé dès mon arrivée grâce à Ashwini. Bien que le directeur n’avait pas été d’accord, elle avait réussi à le convaincre que l’internat serait déjà assez compliquée pour une fille qui avait été à l’extérieur pendant plus de trois ans sans en plus me refuser des sorties annexes. Et encore, il ne savait rien de ma claustrophobie qui s’était développé au contact des sœurs du couvant. Alors, j’étais dehors après 16 heures, ayant réussi à tenir jusqu’à la fin des cours malgré la démangeaison qui parcourait mon corps.

C’était une étrange sensation que je ressentais. J’avais l’impression de plus m’appartenir, d’être enfermée dans mon corps alors que j’aurais dû pouvoir passer par-dessus celui-ci. Dis ainsi, cela semblait peu compréhensible mais je ne savais pas comment expliquer cette sensation. C’est comme si mon corps ne m’appartenait plus, ne m’avait même jamais appartenu et que nous devions nous subir l’un l’autre. Je n’avais jamais été fan de mon corps, je ne l’avais jamais détesté non plus, j’avais juste appris à vivre avec. Mais il faut dire que les oppressions constantes que j’avais subies m’avaient empêché de l’aimer. La seule chose que j’aimais plus que tout en lui, c’était la capacité qu’il avait à contenir de la magie… Bien que je me demandais si c’était mon corps ou mon esprit qui possédait cette capacité. Enfin si la magie était une affaire de famille, j’imagine que le corps comptait plus que l’esprit. Mais voilà, même cette capacité de l’aimer m’avait été enlevée depuis que j’avais tué mon meilleur ami à cause de la magie noire. J’avais expliqué que je voulais ne plus utiliser la magie noire mais j’avais conscience de mentir. Je sentais l’Expression bouillonner dans mon corps, prête à prendre le dessus sur la moindre de mes émotion. Et j’avais ce besoin puissant de la laisser s’exprimer, me libérer de cette pression qui s’accumulait en mon corps. J’étais droguée de cette magie et je ne voulais pas m’en passer. Mais je tentais, malgré tout, sans réelle conviction.

Passant devant la caisse, je réglais le repas que j’avais mangé et je m’enfonçais dans les rues, mes mains glissées dans les poches de ma doudoune. Il fait déjà nuit depuis plusieurs minutes mais je n’avais pas peur. La rue était un domaine que je connaissais, c’était mon monde, bien plus que l’internat. Et puis, j’avais la magie pour m’aider. Alors que j’avançais dans une des ruelles contre lesquelles on m’avait mise en garde, j’entendis de drôles de bruits. On aurait dit des bruits… De mastication ? Avec des gémissements presque inaudibles de douleur. Je n’allais pas y prêter attention quand je me rendis compte que les bruits avaient augmentés en intensité. Non c’était faux, ils n’avaient pas augmentés en intensités, c’était moi qui m’étais approchée d’eux en continuant à avancer dans la ruelle. Je continuais encore d’avancer et soudainement je tombais sur un drôle de spectacle. Au sol, il y avait un homme, tout du moins je supposais que c’était un homme au vu des vêtements, avec du sang sur lui et des morceaux de chaires manquants… Ainsi qu’un bras et une jambe en moins. Et justement le bras se trouvait dans les mains d’une drôle de créature. Un être, beau d’une certaine façon, mais très loin des convenances. Un homme, avec des yeux jaunes qui pourraient faire penser aux loups-garous, tout comme ses longues canines mais les similitudes s’arrêtaient là. Il avait de longues griffes mais le plus remarquable était les cornes sur le sommet de sa tête. Des cornes qui faisaient penser à celle des cerfs. Distraitement, je penche la tête sur le côté, presque hypnotisée par elles. C’est un gémissement de l’homme presque mort au sol qui me fait revenir au présent dans un léger sursaut. Oh… D’accord. Pourquoi pas. Je n’avais jamais vu de cannibale avec des cornes de cerf mais je suppose que cela faisait une bonne raison pour tuer un homme, contrairement à la plupart des humains. Malgré son état, l’homme tentait de reculer au fond de la ruelle, mais vu le sang qu’il perdait, il était de toute façon condamner d’avance. Et en réalité… J’avais vu bien pire dans la rue, bien que je n’aie vu d’êtres surnaturels comme lui. Oui, je ne doutais pas du côté surnaturel, les cornes mettaient sur la voie. Je levais le regard vers la créature et je finis par remarquer un léger détail.

« Y a… hum… un bout de chaire qui a glissé juste là. »

D’un geste de la main, je désignais le bas droit de ma mâchoire pour l’indiquer à la créature. Je sais, c’était une étrange façon de s’introduire mais… Encore une fois, ce n’était pas le genre de rencontre que l’on faisait tous les jours.

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