Le coeur d'un enfant (Jake)

Je marche longuement le long du chemin menant à cet énorme portail. Au loin j'entends le moteur de mon taxi qui redémarre pour quérir une nouvelle clientèle mais je ne me retourne pas, mes yeux restent figés sur le grand bâtiment. Que c'est grand... J'imagine qu'il faut être plutôt imposant lorsque l'on veut faire de l'éducation à des enfants qui ne maîtrisent pas leurs pouvoirs... Et surtout beaucoup de moyens. J'imagine bien la casse qu'il peut y avoir. Je repense affectueusement à Simon quelque part dans l'école à faire... Et bien son Simon. Effectivement il va falloir des moyens ! Vous ne le voyez peut être pas mais je suis excité et j'ai hâte de lui faire la surprise. Bon vous ne voyez qu'un sourire au bord des lèvres c'est déjà ça !

Il ne me faut que quelques minutes pour atteindre tranquillement cet énorme portail qui finit par s'ouvrir devant moi après que je me sois manifesté. Je reprends par terre l'un des deux gros sac de sport, qui contiennent à eux deux l'ensemble des mes effets personnels, et le soulève pour traverser le portail. Ca vous surprendra peut être, mais deux sacs c'est quand même beaucoup pour moi. J'ai souvent pris l'habitude de partir avec le strict nécessaire, à savoir ustensiles vitaux et vêtements en très peu d'exemplaires. Alors deux sacs c'est un luxe inespéré. De toute façon, je n'aurais pas beaucoup de choses en plus à fourrer dans un 3e sac...

C'est donc tout perdu dans mes pensées que je continue d'avancer sur le chemin. Je ne sais pas du tout par où passer mais les énormes bâtiments au loin devraient être un bon endroit par où commencer. Enfin en réalité je n'ai pas vraiment pu aller très loin. Déjà un mouvement sur ma gauche me met immédiatement les sens en alerte, sens que j'avais de toute évidence mis en pause à l'instant où j'avais mis un pied dans l'enceinte de cette école. Enfin Jake reprend toi, cet endroit est pire que l'armée, tu es entouré de loups garous, vampires et compagnie ! J'ai à peine le temps de laisser tomber mes sacs au sol qu'une ombre, bien entendu surhumaine, se précipite sur moi et me... percute en quelques secondes. Enfin percuter... Agripper plutôt...

Mais très vite, mon corps tendu à l'extrême se détend aussitôt. Cette chaleur, cette odeur familière et bientôt ces cheveux finissent de me rassurer sur cet envahisseur qui s'est emparé de mes bras. Aussitôt un sourire fleurit sur mes lèvres bien que je ne m'attendais pas à le voir si tôt ! Ça en est fini de ma petite surprise ! 5 minutes après être passé par un portail. Ah bravo Jake, homerun ! Et puis tant pis j'étais trop content de le revoir ! Cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas vu. Et si je m'en réfère à son corps et à sa force qui semblaient s'être bien développés, cela faisait bien trop longtemps.

Visiblement le sentiment est partagé pour mon Simon qui se confond en pleurs de joie et en un déluge de questions. On aurait dit un petit chien revoyant son maître qu'il n'avait pas vu depuis des années. Et bizarrement cela me fendit le coeur de le voir dans cet état. Mais il faut dire qu'entre l'armée et lui qui était parti à son école, je crois bien qu'on n'avait jamais été séparés aussi longtemps. Alors je le garde encore un peu contre moi, enlacé dans mes bras en serrant peut être un peu plus fort que ce que je ne le voudrais. Alors je finis par me détacher de lui pour lui passer la main dans les cheveux dans l'optique de l'ébouriffer affectueusement comme j'avais l'habitude de le faire, mais pas sans lui avoir murmuré un petit "Surprise c'est moi !" à son oreille. Puis je fais face ensuite à un flot de questions qui ne purent que m'arracher un petit sourire.

- Eh bien, eh bien, ne te mets pas dans tous ces états ! Un petit ébouriffement et un petit sourire supplémentaire et je n'attends pas plus pour lui révéler quelques secrets... Enfin pas tout quand même ! Oui ta maman est au courant, c'est elle qui m'envoie ! Elle m'a dit qu'elle t'avait prévenu par sms...

Je fronce les sourcils un petit moment, regardant rapidement mon portable et les messages venant de la louve. Ah non elle avait dit une surprise ! Je souris mystérieusement en tendant mes bras à la manière d'un magicien pour lui redonner complètement le sourire et qu'il sèche ses larmes.

- Je suis ta surprise ! Comme on m'a dit que tu nous couvais une petite déprime, et que je suis un peu magicien, je dois l'avouer, hop ! Fini l'armée !  Je rigole gentiment avant de poursuivre, voyant la question sur ces lèvres : Je vais rester quelques temps ici avec toi, pour te tenir un peu compagnie, le principal m'a gentiment autorisé de rester loger ici quelques temps, ca te fait plaisir ?

A vrai dire je n'avais pas vraiment besoin d'entendre la réponse, je crois bien que je la connaissais déjà. Il faut dire que je le connais depuis déjà des années. Je pourrais presque penser comme lui si je le voulais. Sans quitter mon sourire, qui se voulait toujours mystérieux et taquin, je m'éloignais légèrement de lui. Après tout je ne lui avais pas dit, pas dit que j'allais être son professeur de sport dès Lundi et que, sans aucun doute, j'allais lui en faire baver avec le petit programme de sport tout droit sorti de l'armée que je leur avais concocté. On est des créatures magiques ou bien ? Donc ce n'était pas vraiment un mensonge. J'étais après tout vraiment venu pour le voir et pour rester vivre un moment dans l'école. Juste un moment assez long voilà tout. Je me dépars enfin de mon sourire puis vient poser mes mains sur ses épaules, bras tendus, pour le regarder d'un peu plus près. Je malaxe doucement ses épaules sans y faire attention, scrutant son corps de haut en bas. Mon petit protégé n'a plus rien de petit ! Il s'est bien épaissi, a gagné en virilité. Il devait sans aucun doute faire tourner la tête de toutes les filles. Enfin en l’occurrence des hommes vu que Simon est gay... Voilà la magie du loup garou !

- Ouah ce que tu as changé depuis la dernière fois ! Tu es un homme, un vrai ! On m'avait dit pour ta transformation mais... C'est impressionnant de le voir en vrai !

Mais mon sourire disparaît un peu alors que je me rapproche de lui doucement pour presser mon corps contre le sien quelques instants. Je fais marcher mes sens, repérant une subtilité à laquelle je n'avais pas fait attention jusqu'à présent, tout à ma joie que j'étais. Le petit a une autre odeur sur lui. Une odeur puissante, une odeur d'alpha. Je grimace. Aïe, il a changé d'Alpha. Alors je me sépare de lui et le regarde droit dans les yeux, le sondant très sérieusement.

- Tu as trouvé un alpha... Mais je finis par soupirer en reprenant mon sourire où il s'était arrêté. J'ai l'impression que tu as beaucoup de choses à me raconter sur ce qui t'est arrivé ici ! Alors je lui souris, sincèrement très heureux de le revoir.

(c) feu follet

Passée la surprise, le revoir était un réel bonheur pour moi. Simon était comme mon petit frère. C'est lui qui m'aidait à tenir lorsque j'avais des petits moments difficiles à l'armée. Il me suffisait de penser à lui pour retrouver la patate. A sa mère et au clan aussi bien entendu. Mais Simon... C'était différent, peut être parce que nous avions passé beaucoup de temps ensemble ? Après tout, dès que je revenais, on était toujours collé l'un à l'autre, des frères très proches quoi. Alors ça faisait vraiment du bien d'être à nouveau avec lui, rattraper le temps perdu, même si on est dans une école que je ne connais absolument pas, entourés de monstres ne contrôlant pas leurs pouvoirs. Il va falloir que je regarde ça de bien plus près. Hors de question de laisser Simon étudier dans un endroit dangereux, quitte à ce que je le traîne chez sa mère par la peau des fesses.

Aussi, je suis tout ouï lorsqu'il se met à parler un peu de sa nouvelle vie, bien qu'il n'entre pas du tout dans les détails, à mon plus grand désarroi. Enfin j'imagine que dans les prochains jours j'en saurais un peu plus, voire beaucoup plus : Simon n'a jamais vraiment été doué pour me mentir. D'ailleurs je remarque aussitôt sa sincérité lorsqu'il me dit être content de me voir. L'inverse m'aurait plutôt blessé je dois dire... Mais la suite retient davantage mon attention... Un certain Castiel hein ? En voilà un qui est noté dans ma tête. Je ne vais pas oublier ma mission après tout. Sa mère m'envoie savoir ce qui ne va pas, et je ne compte pas échouer. Non monsieur, pas cette mission ! Et si Simon est malheureux, c'est peut être parce que ce Castiel n'est pas si efficace que ça pour lui remonter le moral ! Après tout, peut être que le coloc profite un peu trop de la gentillesse de Simon. Il va falloir s'en assurer ! Cela dit, je préfère donner le change pour l'instant, ne pas révéler mes plans alors je souris, lui répondant en blaguant :

- T'as intérêt Sim, je ne voudrais pas passer pour le frangin relou qui te casse les pieds en venant le voir à l'improviste ! Et puis s'ils sont tes amis, c'est probablement qu'ils en vaillent la peine...

*Du moins ils ont plutôt intérêt...* je rajoute dans ma tête. Mais je dois bien avouer qu'il a plutôt tendance à trouver de bonnes personnes. Contrairement à moi qui trouve toujours les plus grandes têtes brûlées du coin... Enfin, qui se ressemble s'assemble après tout. Je n'ai jamais été particulièrement sage. Mais pas le temps de niaiser, Simon enchaîne avec un sujet qui me passionne : le sport et les muscles ! Ah il a remarqué que j'avais pris en musculature ! Et un peu mon neveu ! Et j'en suis pas peu fier ! Il faut dire qu'à l'armée, les temps libres me semblent bien trop longs si je ne me mets pas à faire un peu de sport. Alors je ne m'en privais pas...

- Ah tu l'as dit ! Je me suis fait un nouveau programme aux petits oignons ! Et ça... Pas pudique pour un sous je soulève mon tee-shirt, révélant mes abdos que je me mets à taper légèrement de mon poing pour montrer le peu de graisse, enfin le pas de graisse en fait, qu'il me reste. Ca petit Sim, c'est la fin de ma sèche ! Ah ce que j'adore les fins de sèche... Ouais enfin surtout parce que j'adorais particulièrement me regarder dans le miroir après une bonne sèche. J'avais faim tout le temps mais putain ce que c'était bon de se voir comme ça. Ca assouvit mon petit côté narcissique. Et puis il faut dire que c'est dans ces moments là où je peux draguer des filles à la pelle... Ne perdant toujours pas mon énorme sourire, je saisis les épaules de mon Simon et lui frappe virilement le ventre du plat de ma main, pour tester ses nouveaux muscles mais aussi pour le taquiner. Je savais bien qu'il n'aimait pas que je lui fasse ça. "Ah ! Si tu veux, maintenant que tu es loup-garou, je vais pouvoir te faire un programme personnalisé ! De bons exercices pour gagner en puissance, une bonne sèche et tu me rattrapes en un rien de temps !"

Je finis par le lâcher pour ne pas faire durer le supplice mais je suis heureux. J'aime qu'on parle de mon corps, après tout je me casse le cul tous les jours pour avoir un corps pareil alors qui n'aimerait pas être féliciter ? Mais Simon n'avait pas à rougir et je le pensais, il me rattraperait très vite, surtout à son âge ! D'autant que je serais réellement heureux d'être son coach de sport personnel, j'adore le sport ! Puis vient le moment de parler de l'alpha et mes sens d'alerte se réveillent en le voyant baisser les yeux. Si Simon ne me regarde pas dans les yeux, c'est qu'il se sent coupable. Je devine qu'il se sent coupable vis à vis de sa mère mais j'ai dans l'intuition que ce n'est pas tout, qu'il y a autre chose dont il ne veut pas me parler. De toute façon ce fameux alpha est au plus haut de ma liste depuis que j'ai senti son odeur sur Simon. Lui je vais l'observer de très très près, faites moi confiance. Mais bien qu'un air inquiet passe furtivement sur mon visage, je n'insiste pas. Il m'en parlera le moment voulu, quand il sera prêt. Il finit toujours par tout me dire... Alors je lui souris chaleureusement pour chasser cette ombre de son visage, n'aimant pas le voir ainsi.

- Ne t'en fais pas, je ne dirais rien à ta mère. Et puis, je comprends. Après tout moi aussi j'ai dû m'intégrer pour survivre. Trois phrases qui veulent pourtant dire beaucoup. Et je sais que Simon me comprend alors je n'ajoute rien de plus. C'est son affaire après tout, je ne vais pas le forcer à ne pas rejoindre une meute qu'il va côtoyer 24h/24 après tout... "Mais c'est toi qui va devoir le dire à ta mère ! Enfin, quand tu seras prêt quoi..." Puis je le vois regarder mes sacs et je me dis instantanément que Simon n'a jamais oublié d'être intelligent lui. Par contre j'oublie constamment qu'il est plus intelligent que moi. Qu'il est embêtant à poser ces questions ! Et ma surprise alors ? J'hésite un peu en grattant ma tête. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir répondre ? Alors je décide de rester vague et mystérieux...

- Ca c'est pour une mission que m'a confié ta mère... Et n'insiste pas, je ne peux pas t'en dire plus... Disons que j'ai autre chose à faire dans le coin. Même si tu seras ma seule priorité ! Je lui souris à nouveau puis en voulant changer de sujet, je me passe une main sur mon ventre qui crie famine depuis une paire d'heure dans ce fichu car que j'ai pris pour venir ici. Contrecoup de la sèche, j'ai toujours très faim. "Dis, tu ne voudrais pas me faire visiter les cuisines par hasard ? Je meurs de faim..."

(c) feu follet

Bon... Pas de sport personnalisé alors... Mais je ne désespère pas... Je l'aurais un jour je l'aurais... Mais bon je le connais mon Simon, le sport c'est mon truc pas le sien. Et après tout ce n'est pas plus mal, je prends de la place pour deux dans ce domaine là. Et le peu que j'ai pu tâter en le chambrant un peu me laisse penser que finalement il n'en a pas vraiment besoin. Beau gosse le petit loup ! C'est tout dur là en dessous. Enfin en dessous... Au dessus de la ceinture quand même hein. Restons respectable. Ahem. Je finis par rire à sa remarque, plus que ce qu'il ne pourrait penser... Dire que dans quelques jours c'est moi qui serai son professeur de sport. Ah, j'ai hâte rien que d'y penser, il va me falloir faire un sacré effort pour ne pas tout faire capoter avant le premier cours ! Et puis finalement, oui, relativisons, mieux vaut qu'il n'aille pas à l'armée, ce n'est clairement pas fait pour lui et il est hors de question qu'il n'y mettre ne serait-ce qu'un orteil.

Du coup je m'adoucis un peu en lui rendant sa liberté, sans me douter une seule minute de ce qu'il se passait dans sa tête à cet instant précis. Mais je suis sûr en voyant son air contrit qu'on a beaucoup de choses à se dire pour rattraper le temps perdu et que je sois à la page dans l'histoire de la vie de Simon... Voyant sa petite grimace et écoutant les paroles qui s'ensuivent, je fronce les sourcils. Sa mère était au courant ? Mais pourquoi diable ne me l'a-t-elle pas dit ? Elle ne n'a pas jugé utile de me prévenir du changement d'allégeance de son fils pour le surveiller et le garder en sécurité ? Non mais je te jure... Il va falloir qu'elle m'explique pourquoi elle ne m'a rien dit et surtout s'il y a d'autres points de ce genre dont je devrais être potentiellement au courant. J'ai déjà l'impression d'être dans un bateau qui est en train de prendre doucement l'eau par plusieurs fissures et cela fait à peine quelques minutes que je suis entré dans ce lycée. Et puis encore cet alpha qui revenait encore et toujours, sans arrêt... Comme une menace de fond...

- Ah. Ton alpha hein...? Tu sais Simon, tu peux me parler si tu veux... Je vois bien qu'un truc t'embête. Et depuis le temps, tu peux tout me dire, tu le sais bien non ? Je ne te jugerai pas, j’essaierai juste de t'aider et de te conseiller peut être, si je le peux...

Fini le petit sourire, j'étais affreusement sérieux. Cela fait deux fois que cet alpha revient sur le tapis. Je sais très bien qu'il a envie de tout me dire tout en n'en ayant aucune envie et je ne sais pas bien pourquoi. Il avait l'habitude de tout me raconter tout le temps sans même que je lui pose la question. Alors je ne peux que m'inquiéter, fronçant les sourcils davantage tout en scrutant ses yeux une nouvelle fois comme si j'allais y trouver la réponse.  Mais finalement je décide de lui faire un sourire en coin, blaguant mais à demi-mots pour essayer de détendre l'atmosphère, qu'il puisse se sentir libre de me raconter.

- Et puis, je pense que tu sais comme moi que tu finiras pas me le dire... Ou vu que j'ai son odeur maintenant, c'est lui qui finira par me le dire... Alors autant te décharger de ton poids tout de suite !


Je rigole pour ponctuer ma blague mais je pense qu'il sait comme moi que je suis tout à fait capable de réveiller ce gosse en plein nuit pour lui faire dire ses 4 vérités. Gosse ou pas, il a fait quelque chose à Simon et, un Jake ne pardonne pas et ne ménage pas. Mais je change aussitôt d'état d'esprit lorsque la nourriture vient sur le tapis. Je sors rapidement mon portable de ma poche pour reparcourir les e-mails que l'école m'avait envoyé. Notamment sur la partie pratique. Tout en lisant, j'en tiens informer Simon à voix-haute:

- Mon sauveur ! C'est parti alors ! Alors attends... Oui c'est ça, dortoir des adultes, enfin des profs... Je dois juste faire un crochet par l'accueil pour récupérer la clé et deux trois autres trucs de paperasse...

Je range mon téléphone rapidement dans ma poche puis je me saisis une nouvelle fois de mes deux sacs de sport, avançant en direction de Simon qui était parti ranger des sandwiches. Puis je lui emboîte aussitôt le pas lorsqu'il se dirige vers l'école, lui souriant, juste heureux d'être là avec lui.

- Je te suis ! Direction l'accueil ! Tu seras un peu comme mon guide officiel de l'école. Oh ! Et puis il faudra que tu me montres où est ta chambre !  

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De toute évidence, cette histoire le retournait réellement. Alors je me tais, l'observant attentivement avant de doucement acquiescer de la tête en signe d'assentiment. Après tout il me le racontera quand il sera prêt. C'est vrai que je venais de le retrouver alors autant en profiter avant de parler de choses désagréables... Puis il se blottit dans mes bras et je ne peux pas résister à l'entourer de mes bras comme pour former un petit cocon protecteur pour lui remonter le moral et éviter de penser à ces souvenirs qui étaient apparemment de très mauvaises pensées... Délicatement ma tête se pose doucement sur ces cheveux, en fermant doucement les yeux pour profiter de ce câlin improvisé. Cela m'avait bien manqué toute cette douceur que je pouvais partager avec lui. Alors oubliées les missions, oublié cet alpha qui méritait une grande claque dans sa tête, il n'y avait plus que cette chaleur et cette douceur. Mais vient la fin et nous nous séparons, content de cet instant partagé.

La route reprend alors en direction des bâtiments, Simon me délestant d'un de mes sacs de sport. J'ai les yeux grands ouverts, essayant de mémoriser le chemin menant jusqu'à l'accueil et jusqu'au dortoir. Mon regard s'attarde aussi sur les élèves dont bon nombre d'entre-eux me dévisagent comme un animal de foire. Mais je n'y prête pas plus attention que cela. Après tout, j'ai déjà été dans un lycée, je sais ce que c'est... Les ragots sont plus importants que la discrétion. Et probablement que Simon va se faire harceler pendant un moment par plusieurs élèves m'ayant vu avec lui, qui plus est portant l'un de mes sacs ! Mais d'un coup d'oeil, je m'aperçois que cela ne le gène pas plus que cela alors pourquoi le serais-je ? Après un court passage à l'accueil / administration, passage pendant lequel je prends bien soin de cacher tous les papiers qui n'ont rien à voir avec le dortoir en lui-même mais plutôt mon emploi du temps de professeurs, un rappel du programme et d'autres papiers qui me seront bien utiles pour mon premier cours, papiers que je fourre illico presto dans mon sac de sport.

Puis je reprends la route en la compagnie de Simon, l'écoutant attentivement lorsqu'il m'explique que nos dortoirs sont au même étage mais pas dans la même aile... Et bien, autant dire que je vais mettre du temps à me retrouver dans ce gros bâtiment... J'acquiesce doucement à ses paroles puis jette un coup d'oeil rapide à la clé qui avait un petit porte-clé indiquant le numéro de ma future chambre. "C'est la 3 !" lui répondis-je aussitôt. Il ne nous faut pas très longtemps pour la trouver. Cette aile est extrêmement silencieuse, contrairement aux autres couloirs grouillants d'activité et d'élèves bavards et surexcités. Et le silence m'a toujours mis mal à l'aise assez bizarrement. Ca semble trop suspect, trop... Anormal. On est souvent bien plus en sécurité dans le bordel le plus total. Mais j'imagine que cette partie du bâtiment exprimait naturellement une zone de non-droit pour les élèves d'où le silence de mort.

Je m'avance, insérant rapidement la clé dans la porte pour l'ouvrir en grand et entrer dans la chambre en y jetant un regard curieux. La chambre était cosy et semblait pratique et confortable bien que toute simple finalement. Un lit double, un bureau et une salle de bain privée attenante que je m'empresse de visiter rapidement, après avoir laissé mon sac négligemment posé au sol. Disons que ce n'est sûrement pas là que j'y passerai la plupart de mon temps. Comment être fan de rester enfermé...? D'autant plus seul ? Heureusement qu'ils ont tout un complexe sportif sur lequel je pourrai décemment m'entretenir. Et puis espionner les élèves et Simon m'occupera aussi. Good enough donc ! Simon visite à son tour la chambre, me demandant si la chambre me plait. D'un hochement d'épaule, je signifie mon appréciation, modérée, mais appréciation quand même.

- J'ai connu pire !

Après tout, ce n'est pas faux. J'ai réellement connu bien pire. Je soupire doucement avant de me rapprocher du lit et de me laisser tomber dessus, allongé, pour y tester la fermeté du matelas. Puis je sautille doucement sur le matelas, me redressant en position assise. Satisfait, je lui souris puis vient tapoter sur le matelas à côté de moi pour qu'il vienne s'installer contre moi. Je me cale dos au mur pour qu'il s'installe plus près s'il le souhaitait, on avait l'habitude de parler tous les deux, lui sur mes genoux ou contre mon épaule. Aussi c'est un total réflexe de ma part, je n'y pense même plus. Une fois qu'il s'est installé je prends la parole pour lui poser tout un tas de questions qui me démangeaient les lèvres.

- Alors vas y, raconte moi tout ! Comment se passe ta petite vie ici ? Qu'est-ce que tu racontes ? Est-ce que tu t'aies fait des amis ? Et les cours comment tu te débrouilles, qu'est-ce qu'ils t'apprennent de beau ?

Finalement je finis par me calmer, cela fait peut être déjà assez de question non ?

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Je me dandine légèrement près du mur jusqu'à prendre une position parfaite et confortable. Pas mal la literie, c'est déjà ça ! Enfin il faut dire que je ne suis pas réellement des plus objectifs, j'ai tendance à m'endormir comme une masse lorsque je ferme les yeux, que l'on soit dans un lit queen size très moelleux ou sur une simple souche d'arbre... Déformation professionnelle... Honnêtement cette piaule n'est pas si mal, elle n'est juste pas très chaleureuse en l'état. Mais heureusement que j'ai un sac entier pour décorer un peu cette pièce ! Simon me tire de mon test du matelas par une phrase étrange... Enfin étrange, qui ne me serait pas vraiment venu à l'esprit en fait. Ces élèves ont quoi... 10-15 ans de moins que moi ? Ca fait bizarre.

- Qu'est-ce que tu racontes...? Je dois être un papy pour eux, vous êtes tous des petits enfants... Non ils doivent sûrement tous se demander qui était le nouveau qui se traîne avec deux énormes sacs aux côtés du beau Simon, lui fais-je en prenant un petit sourire coquin en coin. Enfin... Un peu plus et je croirais que tu es jaloux ! finis-je en riant franchement, tant l'idée me paraissait absurde. A vrai dire, plus qu'absurde, cette discussion me rendait en fait un peu mal à l'aise, bien que je ne sache pas vraiment pourquoi... Peut être le fait d'imaginer que des gosses fantasment sur moi...

Tentant de chasser cette idée bizarre de la tête, je frissonne puis finit par me repasser une main dans les cheveux comme pour les recoiffer histoire de reprendre ma contenance. Mais l'idée devient vite fugace lorsque Simon s'installe sur mes genoux comme au bon vieux temps. Et comme au bon vieux temps, mon sourire revient très vite comme par magie et ma main se met inconsciemment à faire des tours dans les cheveux du jeune loup, comme lorsqu'il était tout petit et devait s'endormir ou se rassurer auprès de moi et d'une histoire que je lui relisais pour la énième fois. A ce simple souvenir, mon coeur se réchauffait d'une agréable sensation familière. Je ne sais pas trop comment il en était arrivé à toujours me coller lorsque je revenais le voir mais  je n'aurais changé ça pour rien au monde... Alors tout sourire, je l'écoute religieusement parler de l'école, de ses problèmes avec les autres élèves, des cours et de son mal du pays. Bon à part un petit grognement que ne pus m'empêcher de relâcher contre ma volonté à la mention du vampire, je restais relativement de marbre, comme il se le devait. Déformation professionnelle, pour avoir dû me frotter à quelques vampires dans le passé. Je pouvais bien affirmer que c'étaient de belles saletés. Ca ne voulait jamais crever, et surtout jamais sans emporter un bout de vous en passant.

- Excuse moi, je n'ai rien contre ton amie, je n'aime pas les vampires de manière générale. Mais je peux faire une exception ! Je serais ravi de les rencontrer quand tu voudras me les présenter. Je pourrais même vous inviter tous en ville si tu veux, ca vous ferait sortir un peu d'ici !

Enfin il faudra que je regarde mes maigres économies mais dans ce trou perdu, les restaurants ne devraient pas être trop chers... Si ? Quoique entre 3 loups et une vampire, pas sûr que ce soit un si bon plan. Enfin, c'était proposé ! J'étais tout de même content qu'il se soit fait des amis, quand bien même l'une d'entre eux se trouve être vampire... Puis je continue la conversation avec Simon m'enquérant des détails :

- Comment va ton père au fait ? Et vous avez des cours par rapport à... Enfin aux loups quoi ?

Finalement, Simon finit par me demander comment cela s'est passé pour ma mission. Je soupire doucement en faisant un moulinet de la main. Je n'aimais pas trop lui parler de mes missions, soit parce qu'elles étaient dangereuses, et il s’inquiétait invariablement, soit parce que je m'étais ennuyé comme un rat mort, ou bien parce que c'était tellement horrible que moi-même ne voulais plus du tout y penser et le garder bien à part dans un coin de mon esprit... Alors j'avais toujours tendance à enjoliver ou passer certains détails en sourdine pour éviter tout ça. et cette fois-ci, j'avoue que je n'ai pas trop envie de rentrer dans les détails...

- Oh euh bof... Mon unité a été dépêchée pour protéger un diplomate en visite officielle au Moyen-Orient et hum... Disons que même avec nous, ils ont trouvé le moyen de l'avoir... Je réprime un frisson de dégoût rempli d'odeur d'essence, du souffle d'un brasier soudain et de centaine de gouttelettes de sang répandues autour de moi, toutes plus odorantes les unes que les autres... Mais disons qu'ils l'ont regretté ensuite... J'avais en effet pu remonter leur trace, faisant semblant d'avoir vu un rebelle au loin. Et on avait ensuite donner l'assaut méthodique d'un bâtiment. Bref rien de très chouette. Mais soudain une pensée me frappe. "Oh j'oubliais, je t'ai ramené un petit cadeau de là-bas."Me tortillant légèrement, je finis par sortir un petit sachet en papier très fin de ma poche pour le lui tendre. Il contenait un très joli petit bracelet en tissu coloré et tressé. Il m'avait fait penser à lui dès que je l'ai vu alors je n'ai pas pu m'empêcher de le lui acheter. "Tiens cadeau, il est censé porter chance !" lui dis-je avec un grand sourire.

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Simon, un adulte ? Quelle idée très saugrenue que vous avez-là... Simon pour moi restera toujours ce petit enfant qui gambadait joyeusement autour de moi, qui me racontait ses aventures et que je câlinais le soir avant de dormir. Comment pourrais-je effacer cette vision et tous ces souvenirs ? Alors lorsqu'il me dit qu'ils ont le droit de me regarder, la chose me semble toujours très étrange. Je n'ai aucun souci avec mon corps et ne suis pas pudique mais de là à m'imaginer être le fantasme d'une bande de pré-pubères à peine capables de maîtriser leur don... C'est assez perturbant. Pourquoi ai-je décidé de venir enseigner dans ce lycée déjà ? Donc mon cerveau se met aussitôt à bloquer. Hors de question, aucun étudiant ne peut décemment fantasmer sur mon corps...

- Oh arrête c'est tout bizarre de penser ça ! C'est comme si toi tu te mettais à me fixer dans le couloir en fantasmant sur moi. Je secoue la tête en faisant une grimace. Non vraiment trop bizarre. Tu te fais des films. Brrr !

Je retiens un frisson de dégoût. Non vraiment c'est bizarre d'imaginer ça. Mais à vrai dire une voix dans ma tête me disait que Simon ne disait pas forcément que des bêtises et que c'était probablement le cas. Et une autre petite voix s'en réjouissait un peu... Ça c'est la voix orgueilleuse qui aime se mater dans le miroir... Oui, être adulte ne signifie pas être sain d'esprit, ni ne signifie qu'on a oublié tout de nos rêves d'enfant, à savoir d'être le roi et la reine du lycée, adulé de tous. Alors je secoue la tête avant de revenir à la conversation. Du sang... Voilà encore un détail qui me fait dire que les vampires ne sont vraiment pas des gens à fréquenter. Quelle drôle de nourriture franchement ! Qui pense vraiment qu'une créature s'abreuvant du sang des autres est fondamentalement bonne et gentille ? Et bien moi je vous donne la réponse : personne ! Alors je grogne à nouveau, peu satisfait mais n'insiste pas. Après tout ce ne sont pas mes amis et je n'ai pas à juger tout cela. Je n'aurais qu'à l'observer de près cette vampire.

- Hum... On va peut être éviter finalement... J'oubliais que j'avais affaire à des ados en puissance... Peut être un pique-nique quand les beaux jours reviendront...? Je laisse glisser, tout en réfléchissant à tout cela. En réalité, je souhaite réellement rencontrer ses amis.

Et puis Simon se met à parler de son père. Son père, je dois bien l'avouer, m'a toujours impressionné et fasciné. Pourtant je ne l'ai jamais vu et je ne lui ai jamais parlé directement mais Simon et sa mère ont déjà évoqué le sujet plusieurs fois. Il fait partie d'une meute Française assez violente selon ce que j'ai cru comprendre, le genre de meute dont je n'aimerais pas faire partie. Même si je suis exécuteur de mon alpha, je ne cherche pas la violence pour la violence. Ceux que je mate ou que je tue l'ont mérité. C'est un mal nécessaire pour que notre meute puisse perdurer. Et je ne le fais jamais de bon coeur. Mais ça a l'air bien différent dans la meute de son père. J'acquiesce doucement, comprenant ce qu'il me dit.

- Il compte revenir bientôt te revoir...? Je sais qu'il ne vient pas souvent au plus grand dam de Simon. Il faut dire qu'on ne peut venir de si loin et pendant trop longtemps hors d'une meute si violente qui a toujours besoin d'être contrôlée, de savoir que son chef est toujours le plus fort d'entre eux. C'est dans la nature des loups d'être si primaires, presque sauvages alors certains se laissent gagner par ce sentiment. Puis je continue, me référant à ses cours : Tu sais, c'est bien ce qu'ils font dans cet école, t'apprendre à te contrôler, à maîtriser tes dons. Un jour ou l'autre tu auras besoin de tout ça, de savoir quoi faire entre toute situation. J'aurais bien voulu savoir tout cela quand je me suis transformé... Je reste pensif un moment avant de continuer : Au fait, comment s'est passé ta première transformation...? Ce n'était pas trop dur ? Tu n'es pas obligé de me raconter si tu ne veux pas... Je sais à quel point c'est amer de s'en souvenir...

Ma voix s'efface doucement alors que je me perds dans mes propres souvenirs de cet après-midi où ma vie entière avait bousculé dans l'enfer. Un souvenir que j'essaie de réprimer mais qui m'envahit tant il est puissant. Alors je grogne malgré moi comme si mon corps entier se sentait vulnérable et en danger. Mais le sourire et la joie de Simon me sortent de ma torpeur. Il a toujours eu ce don sur moi, me réconforter, me détendre et me rendre heureux, souriant. Je le vois déballer et découvrir son cadeau avec de grands yeux, comme un enfant. Le voilà le Simon enfant qui ne quitte pas mes souvenirs. Juste pour ce moment, cela valait la peine d'acheter des cadeaux. Je lui réponds par un simple sourire et le réceptionne lorsqu'il se jette dans mes bras. Je profite à nouveau de ce rapprochement et de cette tendresse qui m'ont manqué. Et lorsque Simon se met à culpabiliser de ne rien m'avoir acheté je rigole, passe une main sur sa joue pour le rassurer :

- Tant fait pas Sim, ton sourire est le plus beau des cadeaux.
Et c'était vrai, je ne voulais que le rendre heureux. En plus, tu sais très bien que je ne suis pas matériel alors ton sourire me fait encore bien plus plaisir. Alors je le regarde encore un peu, savourant ce moment, ma main toujours sur sa joue. Me voilà de retour à la maison, enfin. Je le réalise maintenant.

(c) feu follet

Toute cette histoire d'ados est perturbante. Peut être parce que je n'ai jamais vraiment eu affaire à eux dans ma propre enfance. Après tout, dès que j'ai eu 17 ans je me suis enrôlé dans l'US Army, soit un peu avant l'âge que Simon a maintenant et avant cela, disons que je n'ai jamais été très populaire au lycée... J'ai toujours eu tendance à faire le justicier et à me battre pour ceux qui sont trop faibles pour se défendre eux-mêmes. Et ceux qui s'en prennent à ce genre d'élèves sont toujours les plus populaires, en meute. Alors cela m'a vite isolé. D'autant que j'étais aussi trop agressif pour m'entendre avec les petits gentils que je défendais. En fait, j'étais en dehors du moule. Une constante source de problème. Alors qui sait, peut être que les amis de Simon n'ont aucune envie de rencontrer... De rencontrer qui déjà ? Techniquement un très bon ami de Simon qui se trouvera être leur prof de sport. Pas tellement sexy comme approche, j'imagine qu'ils auront mieux à faire de leurs journées.

Enfin, après tout cela ne m'engage à rien. Une proposition orale ne veut rien dire. Et puis j'ai le temps de voir les choses évoluer, en apprendre plus sur cette école, ses élèves. La mère de Simon m'en a déjà touché un mot et apparemment il s'est passé de très vilaines choses ici, dans l'école, avec monstres et compagnie... Alors la protection de Simon passe avant tout cela. Lorsqu'il propose un barbecue et un feu de camps des souvenirs agréables me reviennent. Oui c'était agréable de passer la nuit à la belle étoile. Simon accompagnait la meute puis lorsqu'il s'endormait, toute la meute partait chasser, une vraie cohésion de groupe et un moment très agréable. Et je me rappelais que Simon appréciait particulièrement ces moments là. En fait il appréciait tous les moments et c'est aussi ce que j'aimais chez lui. Alors j'acquiesce doucement en souriant.

- Oui tu as raison, on a qu'à faire ça, ca sera bien. Ca rappellera des bons souvenirs.

Même si cela ferait bizarre de le faire sans la meute. Enfin, ça ne nous empêchera pas d'aller chasser, Simon moi et ses copains. Après tout, ils sont aussi passés dans le camp des créatures de la nuit... Mais pas sûr que le proviseur soit très enchanté avec cette idée. Mais peut être pourrais-je lui en parler quand le moment viendra ? Ce proviseur a l'air plutôt cool. Après tout il m'a recruté non ? La conversation tourne doucement vers son père. Seul un aveugle ne pourrait voir que son père lui manque énormément et cela a toujours été le cas. La situation n'est pas simple, et je le comprends très bien. Mais Simon en a toujours souffert et a un réel besoin de revoir son père et de passer du temps avec lui. Mais lui ne peut pas quitter sa meute compliquée avec ces loups agressifs. Alors j'acquiesce, comprenant la situation. Je finis alors de proposer :

- Et pourquoi ce n'est pas toi et ta mère qui iraient le voir ? Il peut maîtriser alors sa meute et puis vous deux, vous n'êtes plus aussi vulnérables qu'avant. Toi tu es devenu un vrai loup et ta mère est aussi une alpha... Comme ça tu pourras le voir, voir comment ça se passe là-bas et tu seras peut être plus rassuré. Et puis moi je pourrais t'apprendre 2-3 choses sur la manière de maîtriser un loup en combat singulier...

Je souris à cette idée d'entraîner Simon au combat. Je n'ai aucune idée de pourquoi j'ai particulièrement envie de le faire depuis qu'il est devenu loup-garou. Peut être parce que j'ai envie de le protéger et que j'ai envie qu'il soit en sécurité même en mon absence. Car je ne serai pas toujours là je le sais. Je reste un exécuteur, et ce "poste" là n'est pas réputé pour être sécurisé et avoir des membres dont la vie dure très longtemps. C'est un grand honneur mais aussi un malédiction. Pour l'instant je m'en sors bien mais qui sait. Il suffit d'un adversaire plus fort que soit, plus malin. Et je m'en voudrais encore plus qu'il arrive quelque chose à Simon si je ne suis pas là auprès de lui alors j'imagine que c'est normal. Et c'est aussi pour cette raison que j'ai les oreilles très attentives lorsqu'il me parle de sa première transformation. J'écoute jusqu'au bout acquiesçant et compréhensif, accélérant peut être un peu trop mes caresses sur ses cheveux. Je suis inquiet ? C'est tellement stupide... Ca s'est déjà passé ! Mais j'ai l'impression de vivre la chose, après tout, j'y étais déjà passé par là...

- Ouais, je vois très très bien... Bizarrement, j'ai hâte de te voir en version loup ! C'est un peu bête parce que quelque part, il était évident que Simon deviendrais loup un jour avec ses deux parents loups, c'était inévitable. Et même si j'avais toujours souhaité que ce soit le plus tard possible, c'était aussi inévitable que cela arrive un jour, c'est la nature du loup-garou. On est agité, colérique, violent tant que le gène ne s'est pas activé et qu'on ne peut se transformer pour évacuer toute cette pression et cette violence... Et c'est tellement différent d'être loup que oui, j'ai bien envie de voir à quoi il ressemble, l'odeur qu'il aura et qui diffère un peu de la version humaine, plus subtile, plus bestiale aussi... Ouais je suis curieux. Alors pour l'embêter je me met à le charrier et à rire : "Je suis sûr que tu es un petit loup blanc, aussi innocent que la neige. Haha !"

Et soudain la conversation vire à la nourriture. Et cet estomac que j'ai ignoré jusqu'à présent, tout à mon contentement d'avoir retrouvé Simon, se remet à se manifester, encore plus mécontent d'avoir été oublié. Je vois Simon quitter le lit, fouiller dans son sac et revenir avec les sandwichs alors que je le regarde comme s'il est mon sauveur. Moi et la nourriture, c'est une grande histoire d'amour et il me faut une très grande volonté à chaque fois pour réaliser ma sèche qui me permettra d'avoir le corps que j'ai maintenant. Et c'est pour ça que le sacrifice en est encore plus grand et beau et que je suis toujours très fier de parvenir jusqu'au bout. Et heureusement que j'ai terminé cette période !

- Aaaah, merci Sim !

Je ne me fais pas prier lorsqu'il me propose de choisir un sandwich, écoutant religieusement les parfums. Je ne peux résister de choisir celui à la viande crue et je ne suis pas étonné que Simon fasse la même chose. Après tout nous sommes loups-garous alors la viande crue... C'est un petit met de choix. Alors je croque dedans avec entrain, soupirant d'aise en savourant l'olive et la viande crue contre ma langue. Je dois dire que malgré moi, je le dévore assez vite. J'avais vraiment plus faim que je ne l'aurais pensé mais il faut dire que je voyageais depuis un moment déjà et qu'à part grignoter, je n'ai pas mangé grand chose. Soupirant d'aise, je m'essuie la bouche du revers de la main mais avant de prendre un autre sandwich, Simon me pose une question. Un peu étrange s'il en est. Disons qu'elle est tombée comme un cheveu sur la soupe. Je tourne ma tête dans sa direction en fronçant très légèrement les sourcils. Mais finalement, le voyant tout innocent à manger son sandwich, je finis par me dire qu'il fait juste la conversation et qu'il s'enquiert juste de ma vie en général.

- Hum... Disons rien de vraiment très sérieux. Enfin, si c'était sérieux avec une mais... Ca ne s'est pas fait.

J'avais rencontré une fille là-bas et c'était devenu assez sérieux mais... Quand ses parents l'ont appris, elle a été lapidée devant le village entier. Elle ne s'est pas pointée au rendez-vous suivant, ce qui m'avait inquiété mais quand j'ai appris la nouvelle... Cela m'avait mis hors de moi... Et, mon loup aussi si vous voyez ce que je veux dire. Bref ça m'a vraiment refroidi. Alors je secoue la tête, regardant ailleurs pour ne pas montrer que cela m'affecte plus que ce que je ne voudrais. Finalement je me calme et reporte mon attention sur lui, souriant comme si rien ne s'est passé.

- Et toi ? Il y a un monsieur Simon dans ton coeur en ce moment ? Des petits rendez-vous d'un soir ? je m'enquiers avant de prendre un sandwich au poulet et de croquer dedans.

(c) feu follet

La situation de son père est loin d'être simple, c'est le moins qu'on puisse dire. Je me demande souvent, lorsque Simon m'en parle, pourquoi son père s'évertue tant à rester dans cette meute, loin de sa femme et de son fils, sans jamais les voir. Une meute qui est de toute évidence violente, agressive et très dure à contrôler... D'autant plus lorsque l'on connaissait Simon et sa mère, tout cela me semble très étrange. Mais après tout, il doit avoir ses raisons et j'avoue ne jamais avoir posé la question à Simon ou même à sa mère. Je ne sais pas ce que je crains, à part peut être l'impression que cela ne me regarde pas vraiment même si je ramasse souvent Simon à la petite cuillère lorsque son père lui manquait. Alors finalement, lorsqu'il m'annonce que son père est en train de rechercher (enfin) une solution pour les voir, sa mère et lui, je souris sincèrement, content pour lui. Cela fait longtemps qu'il a envie de revoir son père en vrai. Alors j'acquiesce doucement de la tête et lui répond, assez peu sûr de moi :

- Oui... Pourquoi pas ? Enfin s'ils sont d'accord, je ne veux pas m'imposer dans des retrouvailles de famille...

Après tout, si j'ai l'impression de faire partie de la famille, dans les faits je n'en fais pas vraiment partie. Je suis un loup de la meute de sa mère qui s'entend très bien avec son alpha et son fils, voilà tout. Mais je lui souris tout de même pour ne pas lui montrer mon malaise. Comme je l'ai déjà dit, son père m'a toujours rendu mal à l'aise, il me fascine et me rend mal à l'aise en même temps, sans que je sache pourquoi. Mais je me détends lorsqu'il évoque sa forme de loup et j'essaie alors instantanément de m'imaginer à quoi ce petit loup peut ressembler. Et rien que de me l'imaginer, je souris gentiment, il a l'air mignon même sous forme de loup ! Alors j'acquiesce à nouveau, lui souriant:

- Alors tu m'enverras la photo, j'ai hâte de voir ta petite truffe. Mais je ne suis pas sûr d'être encore là jusqu'à la pleine lune...

En fait, si. Il y a une grande chance pour que je sois encore dans le coin d'ici quelques jours. Mais j'ai encore envie d'entretenir le mystère sur ma présence ici, je veux ménager mon effet. Mais je me doute que ma réponse ne le satisfera pas pleinement et le décevra alors je ne le regarde pas pour éviter de craquer et de tout déballer sur l'instant. Finalement la conversation bascule sur sa relation amoureuse et alors que je commence à entamer mon sandwich au poulet, il me parle d'un homme qu'il a rencontré il y a peu de temps et qui l'a fait flasher. Oh mon Simon a une amourette ! Bizarrement cela excite ma curiosité et un tas de questions brûlantes se basculent dans ma tête, questions que je m'empresse aussitôt de lui poser, bien entendu. J'ai rarement eu l'occasion de discuter de cela avec Simon, il me disait toujours qu'il n'avait personne dans sa vie. Alors ça c'est nouveau, et excitant !

- Oh trop bien ! Qui c'est ? Il est comment ? Comment il s'appelle ? Il est dans ta meute de l'école ? Il est gentil ? Tu me le présenteras ? Ce n'est pas ton coloc au moins...? Han ! C'est ton alpha ?

Je ne sais pas pourquoi cette information me frappe comme une évidence... Mais comme Simon m'a dit que c'était assez compliqué avec son alpha et que ça semblait tout aussi compliqué avec son amoureux, mes deux neurones ne prirent pas longtemps pour faire ce lien saugrenu. Son alpha n'a pas pu venir récemment, enfin réfléchis un peu Jake. Mais non, moi j'en suis intimement persuadé ! Et je me prends déjà à réfléchir à des plans pour conseiller Simon sur la manière d'approcher son alpha, loin de me douter que c'était déjà fait et que je fais complètement fausse route. Non à la place mon esprit vagabonde, se demandant si Simon lui a déjà demandé s'il préférait les femmes ou les hommes, s'il lui a demandé on type de femmes ou d'hommes, s'il pouvait éventuellement rentrer dans ce modèle là, alors je ne peux m'empêcher de continuer, en roue libre :

- Il faut absolument savoir s'il est déjà plutôt filles, plutôt garçons ou plutôt les deux... Tu peux tenter au cours d'une conversation de demander ses préférences en actrices de cinéma ! De préférences avec d'autres gars, ou alors tu demandes carrément d'abord à un autre gars pour lui demander à lui ensuite ! S'il hésite un peu trop, s'il réfléchit ou s'il est gêné avant de répondre, alors il est probablement gay. Et ses préférences de femmes te diront ce qu'il aime chez un homme.

Regardez moi l'expert qui n'y connaît absolument rien en homosexuels. Alala Jake, je te jure... Mon expérience en cette matière se résume à certains soldats que j'ai pu rencontrer et qui répondaient toujours comme ça la première fois. On a appris après coup qu'ils étaient gay. Parfois parce qu'ils se demandaient si je l'étais aussi et si je voulais bien sortir avec eux. C'était gênant parce que je ne le voyais pas du tout venir. Non pas que j'avais quelque chose contre les hommes ou les homosexuels, hein. Je suis simplement plus intéressé par des femmes. C'est mon unique intérêt en fait. Enfin bref, ça peut marcher non ? Moi je pense que oui. Puis Simon me demande si les sandwichs sont bons, m'interrompant en pleine bouchée sur le sandwich. Je prends le temps d'avaler après avoir secoué la tête vigoureusement de haut en bas, signifiant mon accord.

- Oui ! Ils sont parfaits, exactement ce dont j'avais besoin... Si on te mange pas, on pourra faire un cuisinier de toi !

Je souris, ne pensant pas une seule seconde à ce que je dis bien sûr. A vrai dire j'utilisais une phrase qu'on dit habituellement aux petits enfants. J'ai peut être tendance à trop le materner...? Oui peut être. Peu de temps ensuite, j'engloutis mon dernier bout de sandwich qui finit de caler ma faim, temporairement du moins. Rassasié, et donc forcément heureux, je m'étire alors, mon tee-shirt légèrement moulant se soulevant alors en même temps que mes bras. Puis je soupire, rabattant mon tee-shirt vers le bas d'un coup sec et le regardant dans les yeux en souriant : Dis ça te dérange pas que je prenne une douche, histoire de me rafraîchir du voyage ? Tu pourras rester si tu veux, je ne devrais pas mettre trop de temps...

(c) feu follet

Simon... Qu'il est mignon... Vous voyez ce qu'il me dit ? Que je fais partie de la famille ? Comment ne pas être touché quand on me dit quelque chose comme ça ? Cela résonne en moi, bien entendu, vu que je ressentais exactement la même chose. Cette famille est la mienne dans mon coeur. Même si dans les faits ce n'est pas vrai, je m'en fiche. Ils sont ma famille et puis c'est tout. Alors je craque, je fonds intérieurement, rougissant même très légèrement, tout de même flatté par ce qu'il me dit. Et je le prends dans mes bras, inévitablement, parce que je suis touché et que si je n'étais pas un mec, je me mettrais à pleurer comme une madeleine. Alors à la place je lui fais un gros câlin et dépose un baiser sonore sur sa joue. C'est plus fort que moi.

- Oh... Tu es adorable... Moi aussi je t'aime SimSim... Tu es mon petit frère de coeur... Tu l'as toujours été...

Ca fait un peu mielleux et plein de sentiments. Mais j'aime ça parfois, les sentiments. Ca fait du bien au coeur d'entendre tout ça et de dire tout ça. Surtout à la personne la plus importante de ma vie... Car oui, j'ai beau y réfléchir, je crois que Simon est bel et bien la personne la plus importante de ma vie. Plus que mes parents, plus même que mon alpha. C'est mon petit frère adorable, celui qui se met toujours dans des situations étranges, qui a toujours besoin de moi et d'être protégé. Alors comment en être autrement ? Cela fait tellement longtemps que je le connais. Il est hors de question qu'il lui arrive quoique ce soit. Alors je le serre encore un peu dans mes bras pour profiter de l'instant présent. Ces instants si précieux dans ma vie car si peu nombreux...

Lorsque l'on se sépare et qu'il m'en raconte un peu plus sur sa vie amoureuse. Je fronce des sourcils, interpellé. Que de secrets il me fait aujourd'hui. Je sais que je viens d'arriver et que c'est peut être un peu tôt pour m'en parler mais dès que j'évoque son alpha ou son amoureux secret, la question reste évasive, fuyante. Il n'a pas envie de me le dire apparemment alors qu'il ne m'a jamais rien caché. Alors c'est étrange et ça m'étonne. Pourquoi me cacherait-il ça ? Mais j'ai beau tourner le problème dans tous les sens, je ne sais pas. Au moins, ce que je sais, c'est que son amoureux secret et son alpha sont deux personnes différentes. C'est peu mais je prends, vu le peu de réponses que j'obtiens. Qui sait, peut être pourrais-je en savoir plus de son colocataire ? Alors je fais une petite moue mais n'insiste pas pour autant, il me le dira lorsqu'il sera prêt...

- Hmm... Tu n'es pas très loquace dis moi aujourd'hui. Enfin j'imagine que tu sais déjà que je suis là si tu veux. Je pourrais te donner des conseils, après tout j'ai déjà dragué avant toi alors je sais de quoi je parle...

Je lui souris, espérant qu'il me présentera l'élu de son coeur un jour. J'espère en tout cas. Et alors qu'on parle de ces fameuses techniques pour savoir si un homme est homo ou non, et croyez moi quand je vous dis que je ne suis clairement pas l'expert dans le sujet : mon gaydar est à peu près fiable à 10%, je rigole lorsqu'il répond, peu convaincu de ma technique. Et ça peut se comprendre, j'avoue. Mais je pense que ça pourrait marcher. Enfin, ça se tente quoi. Ca ne peut pas faire de mal, au pire cela passe pour une question qui arrive comme un cheveu sur la soupe, au mieux ça passe tout seul et on est clairement fixé si la personne est gay ou non. Alors dans mon esprit, ce n'est que du bonus. Alors, toujours souriant et rigolant, je lui réponds :

- Haha, oui bah non là je te prends pour un mec étrange si on ne se connaît pas ! Voire je te cogne : genre je fais efféminé dès le premier coup d'oeil ? Non ça ne va pas de faire ça de but en blanc ! Par contre si on parle d'un film et que tu me demandes en cours de conversation quelle actrice je préfère alors je te réponds tout de suite Emilia Clarke ou Olivia Wilde, tu vois... Et pas... Euh... Brad Pitt...?

Quoi, je ferais un piètre homosexuel, je sais... Genre tous les gays aiment Brad Pitt... N'importe quoi Jake... En plus ce sont les femmes qui craquent sur Brad Pitt. Voilà le bon hétéro que je suis avec son petit côté macho qui ressort. Mais le pire c'est que je ne m'en rends pas vraiment compte. Mais bon s'il ne veut pas de ma technique... C'est à prendre ou à laisser après tout, je lui donne des conseils et libre à lui de les suivre ou pas. Je ne suis pas compliqué.

Se fait sentir le moment de la douche et cela ne pose apparemment pas de problème que j'aille prendre ma douche pendant qu'il finit de prendre son déjeuner. Oui, accessoirement, il peut avoir cours effectivement. Étant futur prof, je n'ai pas encore intégré que Simon lui est un vrai élève... Alors j'acquiesce à sa proposition tout en souriant !

- Oui j'espère bien que tu vas revenir ! Je suis là pour toi après tout... Et comme ça, ça me laisse le temps de m'installer. Allez j'y vais !

Je me lève du lit prestement, me dirigeant vers mes sacs tout en commençant à me déshabiller. J'arrive aux sacs déjà en boxer, oui j'ai beau être très peu pudique, je ne vais quand même pas tout lui montrer même si on est entre hommes. Et même s'il m'a déjà vu tout nu pour ma transformation en loup... Ce n'est pas pareil. Je me penche alors, fouillant dans les sacs à la recherche de mes produits de bains et, sans jeter un regard vers Simon, m'enferme dans la salle de bains pour prendre une douche. Finalement la douche est rapide, déformation professionnelle de l'armée, et je sors de ma douche au moment où j'entends Simon frapper à la porte de la salle de bains. J'enfile alors rapidement une serviette autour de la taille pour me dépêcher et aller lui dire au-revoir avant qu'il s'en aille. C'est donc avec une simple serviette et le corps encore complètement humide que je sors, voyant Simon se diriger vers la porte.

- A tout à l'heure petit loup !

Je me dirige vers lui, lui fait un câlin pour lui dire au-revoir en lui souriant puis me dirige à nouveau vers les sacs pour trouver des vêtements propres. J'entends alors Simon refermer la porte derrière lui et je soupire alors que je m'habille à nouveau. J'ai beaucoup de choses à faire avant que Simon revienne : il faut que j'installe mes affaires rapidement et que je commence à préparer mes premiers cours de sport en allant visiter les installations sportives de l'école. Mais je ne m'inquiète pas trop. On est dans une école privée très riche alors cela m'étonnerait qu'ils manquent de matériel...

(c) feu follet

Honnêtement, je n'ai pas vu l'après-midi passer. Après avoir très rapidement déballé mes maigres affaires, et mon dieu que je me suis loué d'en avoir si peu, il a fallu les ranger, dans les armoires puis sur les meubles. Finalement, la chambre n'est pas si chiche que ça, j'ai vu pas mal de choses, décorations, plaids et compagnie qui étaient rangées dans les armoires, attendant mon humble bonne volonté pour qu'ils soient exposés ou non. Et quelque part cela m'arrange bien. Je n'ai pas pu mettre trop de décorations à moi pour éviter que Simon pense que je m'installe pendant très (trop) longtemps en tant que professeur par exemple. Et oui, malin comme un singe le Jake ! Et puis bon j'ai déjà fait un peu trop de bourdes et il a déjà commencé à avoir des doutes sur la chose... Enfin je commençais peut être à me dire que j'y mets beaucoup d'énergie pour un résultat pas si ouf. Enfin, on verra bien. J'ai surtout très envie de voir son sourire lorsqu'il apprendra que je suis le nouveau professeur de sport de l'école !

Alors après 2 heures passées à décorer ma chambre confortablement, place aux installations sportives. Je quitte alors ma chambre pour aller au stade puis au complexe sportif non sans être d'abord passé une nouvelle fois par l'accueil pour récupérer les clés de tout ce petit bazar, privilège du professeur de sport d'avoir un milliard de clés. D'ailleurs, je ne suis pas sûr de les avoir toutes utilisées mais j'ai repéré les principales : clés des vestiaires, clés des salles, clés des rangements de matériel. J'ai passé le reste de ma journée à trouver la clé qui aille dans la bonne serrure. Pour seulement quelques minutes passées à inspecter le matériel. Comme je m'en doutais, ils ont de quoi faire dans cette école, bien plus que ce que je n'aurais imaginé. Il y a de quoi m'amuser à faire suer des créatures fantastiques, c'est moi qui vous le dit.

J'avais mes petites idées pour faire des parcours du combattant, leur apprendre le combat au corps à corps, les bases de la défense par arts martiaux. Mais cela me demandait quelques réflexions. je pense que je commencerai avec des trucs un peu bateaux pour commencer. Après tout, les vacances de Noël sont très proches. Autant attaquer les hostilités dès la rentrée. Et si j'en croyais leur principal, il est temps de leur apprendre à se défendre correctement contre les menaces... Il semble qu'ils aient eu quelques déboires ces derniers temps. Mais pour cela, il va falloir que j'établisse un programme adapté et autant dire que cela ne va pas être simple. Il faudra que je progresse à tâtons. Après tout, il n'y a pas franchement d'études bien développées sur les loups-garous, les vampires ou les magiciens en ce qui concerne leurs facultés physiques. Alors l'empirisme, c'est encore ce qu'il y a de mieux...

Finalement, la fin de la journée approche à grands pas et je dois déjà retourner au bâtiment principal pour le dîner, ignorant les regards et les chuchotements hâtifs sur mon passage. Diantre que cela ne m'a pas manqué le lycée ! Je pense que les rumeurs vont déjà bon train sur ma présence ici et sur le fait que comme par hasard, un inconnu débarque lorsque le poste d'un professeur de sport est vacant... Bizarre n'est-ce pas ? A ce moment, je pense que mon plan tombe à l'eau et que Simon va vite se rendre compte de la supercherie...! Alors je rentre au réfectoire, me dirigeant directement vers ce qui me semble être la table des professeurs pour aller manger un morceau, non sans avoir adressé un clin d'oeil à Simon en passant, déclenchant une horde de chuchotements aussitôt. Mais bon dieu, n'ont-ils donc rien de mieux à faire ? Vient alors le moment de me présenter aux autres professeurs, loin des oreilles indiscrètes des élèves. J'ai eu bien entendu bien du mal à retenir tous les prénoms, non à vrai dire je crois bien n'en avoir retenu aucun.

Je m'efforce d'être avenant et poli avec mes nouveaux collègues jusqu'à la fin du repas mais je m'éclipse dès qu'il est terminé, histoire de ne pas m'imposer trop dès le premier soir. On aura bien l'occasion de se parler en salle des profs plus tard. En passant, je vois Simon en grande discussion avec ce qu'il me paraît être son colocataire. Alors je mémorise rapidement son visage pour plus tard et continue ma progression vers ma chambre, encore un tas de regards me suivant jusqu'à la porte de sortie. Je ne peux m'empêcher de pousser un grognement, appréciant très peu cette attention malvenue sur ma personne. Et aussitôt les regards se détournent pour mon bon plaisir. Arrivé à ma chambre, je m'écroule, bras en croix, sur le lit, déjà bien épuisé par cette première journée très intense. Avec un petit soupir, je prends mon téléphone et commence à parcourir les réseaux sociaux et surtout les applications de rencontre pour voir ce qu'il y avait à proximité. Mais peu de temps après, la porte de ma chambre retentit. Craignant que ce soit déjà des élèves turbulents, je me tends avant de me rappeler que Simon devait me rejoindre après dîner.

- Entre !

Bingo c'est lui. Immédiatement, un sourire prend place sur mon visage et je lui fais une place sur le lit en me redressant, laissant tomber mon téléphone à côté de moi sans prendre la peine de le verrouillé, en totale confiance. Il me parle des cours et je remarque à nouveau que ce n'est pas la grande passion entre Simon et les cours... Alors je rigole suite à sa phrase, lui répondant alors :

- Et bien, j'ai commencé à explorer un peu ton école. Je dois avouer que j'ai un peu galéré. En fait j'ai surtout chercher le stade et le gymnase pour que je sache où m'occuper pendant que tu seras en cours. Et je dois dire que je ne suis pas déçu, vous avez l'air d'avoir des belles installations ! Je vais me régaler.

Normalement, cela devrait passer, Simon est bien au courant de ma passion pour le sport, rien donc d'étonnant à ce que ce soit la première chose que j'ai cherchée lors de ma visite. Et puis je restais cohérent avec avec ce que j'avais vraiment fait. Mais je continue, curieux : "Alors les rumeurs vont déjà bon train sur moi ?"

(c) feu follet