La surprise est l'épreuve du vrai courage - feat. Simon Demaury et Jake Raeken

Les réactions de Simon sont vraiment très drôles. Après tout j'ai fait tout ça juste pour voir la réaction qu'il aurait en apprenant que je suis son nouveau professeur de sport. Sa première réaction de surprise en particulier est particulièrement drôle et je dois faire de gros efforts pour ne rien laisser paraître. Il serait dommage de perdre mon sérieux et ma composition dès le premier jour. En tout cas cela me fait bien plaisir de voir qu'il est ravi d'apprendre cette nouvelle. Nous allons enfin pouvoir rester ensemble plus que quelques jours le temps d'une permission de l'armée. Chose qui... et bien qui ne nous est jamais arrivé en fait. Et je dois bien avouer que j'étais aussi ravi que lui pour cela. Cela dit, je m'attendais peut être à un peu plus de respect de la part de ces élèves. Si la première question ne porte apparemment que sur mon statut de professeur de sport, bien que l'attitude de la jeune louve me laisse quelque peu perplexe quant au réel but de sa question, la deuxième est clairement indiscrète et un manque de respect envers moi. Cela dit, je prends le temps de répondre calmement à chacune d'entre-elles après avoir pris soin de relever le nom des élèves m'ayant posé leur question. Mais dans ma tête bien sûr j'ai déjà des envies de meurtre.

- Mademoiselle, merci pour votre question. J'ai bien peur que votre ancien professeur de sport ne se soit gravement blessé. Il est malheureusement contraint de renoncer au métier de professeur de sport. Je serai donc son remplaçant pour une durée indéterminée. Quant à M. Davis, bien que ma vie personnelle ne vous concerne nullement, sachez que je connais bien Simon car sa mère est aussi mon alpha et que je le connais depuis plus de dix ans maintenant. Nous sommes donc juste amis. Il n'est donc pas étonnant que je discute régulièrement avec lui depuis mon arrivée. A présent, puisque vous avez de toute évidence le temps de vous occuper des affaires personnelles de vos professeurs, vous ne verrez aucun inconvénient à passer deux heures de colle en ma présence d'ici la fin de la semaine pour démonter ce super parcours que je vous ais préparé pour cette semaine n'est-ce pas..?

La question n'appelle bien entendu aucune réponse. J'ai bel et bien collé un élève dès mon premier cours. Ca se passe hyper bien, Jake. Un silence de mort s'ensuit à cette déclaration alors que d'un regard noir, je vois l'élève indiscret rougir de honte et de protestation. Je finis par le quitter des yeux avant d'embrasser l'ensemble des élèves du regard. Je finis par reprendre la parole alors que je pose  sur un banc devant moi mon porte bloc et mon stylo. "Bien, je vais à présent vous montrer ce que j'attends de vous pendant les deux heures qui vont suivre. Un par un, je vais vous appeler et vous allez suivre le parcours qui se trouve dans le stade et qui commence ici." Je joins le geste à la parole et me place entre deux piquets avec au bout un fanion vert qui indiquaient le début du parcours. "Le parcours commence par une course de vitesse. Vous allez me faire 10 tours du stade le plus rapidement possible..." D'une foulée très rapide, aidée par les aptitudes de loup-garou, je leur montre un tour d'essai que je termine en quelques dizaines de secondes à peine sur la piste délimitée par des plots. "Puis vous passez par la porte près de l'entrée et en profitant de l'élan de la course, vous allez me faire un petit saut en longueur dans le sable par ici..." Ne m'arrêtant pas non, plus je bondis pour atterrir dans un geyser de sable.  

Je souris en me relevant, heureusement qu'il y a des mages dans le corps professoral, l'un d'eux m'a aidé à réalisé ce petit bac à sable en un rien de temps. "Lorsque vous vous relevez, vous suivez toujours le parcours et vous vous dirigez vers le mur en bois en face de vous. Le but est de... Sauter le plus haut possible." D'un bond, je me propulse jusqu'au sommet de l'édifice en bois de plusieurs mètres de haut. Je dois bien avouer que je m'étais servi de mes propres performances pour déterminer à quelle hauteur construire l'édifice. Puis comme je savais par avance qu'aucun d'entre-eux ne parviendrait à atteindre mon niveau d'entraînement, une corde leur servait à s'agripper pour atteindre le sommet. "Puis vous prenez un ballon de basket au sommet. Vous sautez. Et pendant le rebond vous essayez de mettre le ballon dans le panier de basket en face de vous." Je joins le geste à la parole, atterrissant sur un trampoline qui me propulse dans les airs. D'un geste calculé, le ballon se propulse à son tour pour atterrir dans le panier alors que je me réceptionne au sol.

"Ensuite, sur les tapis au sol, vous me faites la figure ou l'enchaînement de gymnastique le plus compliqué que vous connaissez, mais surtout que vous maîtrisez, je ne veux pas de blessés." Achevant ma phrase je m'élance sur quelques pas avant de me plier en deux, posant les deux mains au sol en biais. L'élan me pousse à faire un enchaînement de rondade puis un flip pour me réceptionner sur un salto arrière qui me laisse face à mon point de départ. "Ensuite vous nous rejoindrez au centre sur la zone de tapis et ce sera au tour de quelqu'un d'autre..." Mon enchaînement fini, je reviens dans les gradins, le souffle légèrement rapide mais qui finit par se calmer très vite. "Des questions sur le parcours...? Non...? Bien Simon, tu commences le parcours. Les autres, vous vous mettez par deux et vous me montrez vos talents à la lutte au milieu du terrain, on va faire un petit tournoi. Allez en piste les loups, époustouflez moi !" Puis sans un regard vers les élèves que j'entends se lever des gradins, je me dirige au centre sur le tapis, regardant Simon près du début du parcours, prêt à lui donner le top départ avec un sifflet...

(c) feu follet

Je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à voir à ce point des adolescents. Je crois bien qu'avec tout ce que j'ai vécu, j'ai un peu oublié à quoi cela peut ressembler d'être jeune, et surtout débile. Car mon dieu ce qu'ils sont bêtes. Assez bêtes pour murmurer à deux centimètres de moi, ce n'est pas comme si j'étais un loup-garou avec une ouïe hyper développée capable de les entendre distinctement. Non... Pas du tout... En plus, il n'y a franchement pas de quoi se moquer, je vois bien que Simon est très concentré et donne tout ce qu'il a. D'ailleurs, il ne fait pas des temps dégueulasses. Je note tout ça au fur et à mesure, concentré sur son parcours. Puis vient le mur et il s'élance et... Je grimace. Aïe ça doit faire mal ça. Je le vois se prendre le mur de plein fouet et s'écraser au sol, épaule la première. Je lève alors les yeux au ciel. Il s'est laissé déconcentrer par ces sales gosses. Puis je le vois revenir tout penaud et tout mignon vers moi, la honte sur son visage.

Je soupire alors et passe mon bloc notes sous le bras, allant tâter rapidement son épaule pour voir si tout était bien remis en place. Un os saille encore et je prends délicatement son bras pour le tirer d'un coup sec dans la bonne direction en serrant les dents. Je sais très bien pour m'être démis l'épaule plus d'une fois que c'est loin d'être la chose la plus agréable au monde. Mais ça lui permet de guérir une bonne fois pour toute. Alors lorsqu'il me demande s'il recommence, j'acquiesce doucement. "Oui, recommencez depuis le début, je dois prendre votre temps sur tout le parcours. Et ne vous laissez pas déconcentrer cette fois." Ma voix n'est pas incisive. Je suis juste désolé pour lui qu'il ait déjà à subir ce genres de remarques puériles. D'autant qu'elles sont particulièrement insultantes et irrespectueuses. Alors que je vois Simon repartir pour faire un nouveau tour, je me retourne pour fixer ces élèves qui n'ont pas avancé d'un pouce.

- Non mais je parle chinois ? Allez en position et combattez ! Sinon vous passerez tous la soirée à récurer toutes les douches et toilettes de cette école. Mon regard s'attarde alors sur les deux loups qui ont fait leurs remarques désobligeantes sur les performances de Simon puis sur mon cours. "Vous deux, sachez que dans mon cours, même si vous avez le droit de discuter entre vous, on ne manque de respect ni à son professeur, ni à un autre élève quel qu’il soit. Vous n'êtes pas dans la cour de récréation ni dans vos dortoirs. Vous allez me faire 20 tours du stade, cela calmera vos ardeurs. Et je vous rappelle que j'entends tout et que je peux encore distribuer des heures de colle."

Alors que les deux élèves s'éloignent en pestant, contre moi bien entendu, je me retourne pour faire signe à Simon qu'il peut commencer à nouveau son parcours. Et cette fois, je suis bien décidé à garder un oeil non seulement sur les performances de Simon mais également sur les élèves pour qu'ils fassent bien ce que je leur dis de faire. Je n'aurais jamais imaginé me retrouver dans une telle situation lorsque j'ai accepté ce poste... Mais bon c'est pour la bonne cause et une mission de mon alpha alors je n'ai pas vraiment le choix. Il va falloir que je me retienne de faire un carpaccio d'ados pendant un long moment... Je me note aussi mentalement d'aller taper mon sac de sable très fort ce soir pour évacuer la pression de la journée. Alors, après avoir fini de conseiller une louve sur une mauvaise posture qu'elle a pris pour faire une prise, je me redresse pour voir Simon à nouveau face au mur contre lequel il s'est rétamé. Je le fixe alors intensément du regard. *Allez Simon, je compte sur toi, ne te ridiculise pas... Pas encore...*

(c) feu follet

Je commence à me dire que j'ai enfin réussi à les calmer. Ils se taisent et Simon peut enfin reprendre tranquillement son parcours sans être perturbé ou déstabilisé par ses camarades de classe. Mais je sens qu'il est quand même un peu fébrile, qu'il pourrait faire mieux. Mais que voulez-vous que j'y fasse moi ? Si je m'y mêle à nouveau et que je lui demande ce qui se passe, voire si je le conseille, cela ne ferait qu'empirer la situation. Alors je ne fais que soupirer d'impuissance et prends mes notes comme s'il était un élève normal. Je ne pensais pas en acceptant ce poste qu'il serait aussi compliqué d'avoir Simon parmi mes élèves. Et bêtement je pensais aussi que les élèves seraient un peu moins agressifs et un peu plus solidaires. Après tout, ils sont tous dans le même bateau : ils sont tous des loups qui doivent apprendre à contrôler leur nature. Rien qu'avec cela, ils devraient se serrer les coudes et non se tirer dans les pattes. Alors je soupire, griffonnant mes notes et regardant de temps en temps le chronomètre.

Simon termine son parcours par un salto arrière que je finis par noter dans mon carnet avant de relever le temps final sur mon chronomètre. Je ne peux pas m'empêcher de soupirer légèrement, au moins il n'est pas tombé cette fois. Voyons le bon côté des choses. Il revient doucement vers lui pendant que je nomme le loup qui devra passer à sa suite. Le voyant revenir, un peu déçu de lui-même, je tente de le réconforter par un petit sourire discret. Il faudra que je vienne le voir après les cours pour lui remonter le moral. J'imagine assez bien ce qu'il doit se dire en ce moment. Puis alors que le nouveau commence à monopoliser mon attention, commençant son parcours, tout finit par basculer d'une manière totalement imprévue. Une remarque s'échappe, cinglante et acerbe et tout finit par échapper à mon contrôle.

Je me retourne, moi-même choqué par la récente remarque du loup. Je me dis qu'il doit forcément mentir, pour provoquer Simon. Alors je fronce les sourcils, furieux, presque prêt à lui en mettre une, oui dès le premier jour. Entacher l'honneur de Simon gratuitement, c'était aller trop loin pour moi. Mais mon regard croise Simon, croise son visage déformé par la haine, avec un soupçon de honte et d'incrédulité totale. Alors je bloque un moment. Soudainement l'énervement se dégonfle aussi vite qu'un ballon de baudruche et mon visage se fige d'un air stupéfait. Mince, en fait ce qu'a dit le petit morveux est vrai. Simon a vraiment couché avec son alpha ? Je ne sais pas pourquoi l'information a du mal à être traité dans mon cerveau. Dans ma tête Simon reste toujours ce petit garçon que j'ai connu il y a bien longtemps. Ce n'est pas un jeune homme qui enchaîne les conquêtes et le fait avec son alpha... Mais ça fait deux jours en si peu de temps que la réalité me rattrape et me met un uppercut dans le menton. Les temps ont bien changé, ton petit Simon est devenu un homme...

- Monsieur !... Mais monsieur faites quelque chose enfin !

*Hein ?* Je cligne des yeux, surpris d'entendre cette voix qui m'implore d'agir. Et la scène me frappe de plein fouet. Simon, toute griffe dehors, est en train de frapper sans retenue son camarade de classe. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état, furieux et en larmes. Alors je finis par me réveiller et agir, enfin. Mon agressivité se fait immédiate et ma colère intense. je grogne puissamment, toutes dents dehors, menaçant, en me rapprochant des deux élèves. De mes deux bras, je les sépare en un instant. Mais je dois bientôt emprisonner Simon dans mes bras pour l'empêcher de revenir frapper l'autre élève. A vrai dire je l'aurais volontiers laisser faire et casser la gueule à ce petit idiot. Mais je suis professeur et en bon professeur, on ne laisse pas faire ça. Alors à la place je l'enserre dans mon étreinte pour qu'il se calme, le soulevant un peu du sol. "STOOOOP, CA SUFFIT TOUS LES DEUX !" Je crie, je suis excédé. Comment ce simple petit cours a bien pu être un tel fiasco. Tout le stress, toute la frustration des remarques précédentes remontent, ravivent une violence qui n'est pas censée remonter. Mais je finis par me calmer, reprendre contenance en soufflant doucement. Je desserre mon étreinte autour d'un Simon calmé et je reprends posément :

- Tous les deux, direction les gradins. Vous ne bougez plus jusqu'à la fin du cours. Vous irez voir le proviseur avec moi dès la fin du cours, compris ? Et vous aurez deux heures de colle. Je laisserai au proviseur le soin de monter votre punition ou non. Maintenant je ne veux plus entendre personne. Le prochain qui ouvre la bouche se tape une heure de colle supplémentaire !

Ces élèves m'auront mis hors de mes gonds. Je grogne une nouvelle fois d'insatisfaction et ordonne violemment à l'élève qui est resté bras ballants sur le tour du stade de reprendre l'exercice. Même Simon m'a passablement déçu. Lui qui est si gentil et si doux. Je suis très surpris qu'il ait réagi comme ça. D'habitude c'est moi qui perd mon sang-froid et qui en vient aux mains, pas lui. A croire que je ne le reconnais plus. Tant pis, je ne peux pas laisser faire tout ça dans mon premier cours. Alors je soupire, dépité. Ce n'est pas comme ça que j'ai imaginé ce cours...

Le cours se termine sans heurts. ENFIN. Plus aucun élève ne bronche. Je crois qu'ils ont compris qu'ils ont atteint mon seuil de patience. Et si l'un d'entre-eux se prend à tenter d'ouvrir la bouche, il se fait gronder dessus sans ménagement. On a rarement fait plus embêtant qu'eux. Alors je renvoie tout ce beau monde dans les vestiaires, marquant officiellement la fin de ce cours désastreux. J'en veux à mes élèves mais je m'en veux surtout à moi. Ils ont apparemment voulu me tester dès le premier cours et je n'ai pas su me montrer assez ferme dès le début. Me voilà, dès le premier cours, à ramener deux élèves chez le principal. DES LE PREMIER COURS BON SANG. J'avise les deux élèves récalcitrant et d'un geste furieux, les ordonne de me suivre en direction du bâtiment principal. Ils ne se font pas prier pour me rejoindre et alors que nous marchons vers le bâtiment, je décide d'avoir une petite conversation avec Simon. J'agrippe alors sans ménagement l'épaule de l'autre fanfaron et le pousse en avant. "Allez continue d'avancer un peu, je dois avoir une petite discussion avec Simon. Et ne t'avise même pas de dévier du chemin qui mène au proviseur, je ne te quitte pas des yeux." Oui ce sont presque deux délinquants à mes yeux. Je laisse l'autre avancer tout seul jusqu'à être à l'abri de ses oreilles indiscrètes, retenant Simon d'un bras, sans un regard ni une parole. Une fois en toute intimité, je me retourne vers lui furieux bien que prenant soin de chuchoter.

- Mais enfin qu'est ce qu'il t'a pris enfin ? Moi qui pensait te faire plaisir en annonçant la nouvelle et toi tu te mets à frapper un élève dès mon premier cours ? Mais ca va pas bien ? Qu'est ce qui te prend ?

(c) feu follet

Simon a une mine vraiment affreuse. Il est bouleversé, des larmes séchées sur le visage, les yeux honteux. Cela me fait mal au coeur de le voir comme ça mais je suis trop remonté contre lui maintenant. Pourquoi a-t-il fait ça ? Pour des paroles idiotes ? Il m'a déçu. Que cet idiot de loup devant nous déverse sa haine, grand bien lui fasse, il n'aura que colle sur colle et puis voilà, peu importe. Mais que Simon cède aussi vite et aussi facilement, cela ne lui ressemble pas. Et surtout je ne l'accepte pas, ce n'est pas comme ça qu'il est d'habitude, pas comme ça que sa mère lui a appris à se comporter et pas comme ça que j'ai appris à l'apprécier. La force de Simon c'est d'être aussi doux et innocent qu'un agneau et d'être gentil en toutes circonstances. Il est pur, et moi qui suis loin de l'être. Cela me fait du bien, toujours du bien, de croiser son chemin. Alors entre toute la tension d'un cours catastrophique et cette déception, je dois avouer que je n'ai pas coeur à lui faire des calins. Ni à le réconforter. Je m'en mordrai sûrement les doigts plus tard cela dit...

Je le vois s'excuser mais ses excuses ne me suffisent pas. Il me cache encore quelque chose mais je ne sais toujours pas quoi. Probablement cette histoire avec son alpha. Visiblement ça l'a assez dérangé pour se mettre à taper sur quelqu'un sans aucune retenue. Mince, il s'est même blessé à s'en fendre la lèvre ! Heureusement qu'il va vite guérir en bon loup-garou. Bref, tout ça pour dire que ces excuses ne ressemblent pas vraiment à des excuses. A vrai dire je le vois qui s'énerve à nouveau et je lance les yeux au ciel. Il n'a toujours pas compris... Alors je continue de m'énerver moi aussi, toujours en chuchotant pour éviter que l'autre sale gosse nous entende :

- Mais Simon je n'ai pas besoin de toi, je pouvais très bien m'en occuper de tous ces petits mioches. Et je l'ai fait d'ailleurs. Mais cela n'excuse pas du tout ton comportement ! Merde, j'ai même dû te punir toi ! Ca ne te ressemble vraiment pas, je ne te reconnais même plus... Je fais une légère pause pour reprendre mon souffle avant de continuer ensuite : Et toi et moi, on va devoir avoir une sérieuse discussion après le proviseur... Il va falloir qu'on parle de ton alpha, et pas moyen de te débiner cette fois !

Puis je le vois qui s'excuse sincèrement et qui est à nouveau dans tous ses états, pleurant à chaudes larmes. Ca me calme un peu, je me dis que j'y suis allé un peu fort, peut être. Alors je soupire, me rapproche de lui pour le rassurer et poser une main sur son épaule pour lui redonner un peu de force. "Ne t'en fais pas, je ne partirai pas déjà juste pour ça... C'est plutôt toi qui aura des ennuis... Je te conseille de préparer ton mea culpa à Alaric..." Que des élèves défient mon autorité, c'était normal. Je suis nouveau ils me testent. Ce sont des créatures surnaturelles après tout. Mais c'est lui qui devra trouver une bonne défense lorsqu'il se fera interroger par le proviseur, qu'il lui explique pourquoi il a fait ça avec l'autre garçon. Finalement je soupire, l'entraînant par la même épaule sur laquelle j'avais posé ma main. "Allez viens, réglons ça rapidement, qu'on puisse discuter ensuite"...

Je l'entraîne plus en avant et nous finissons par rejoindre à quelques pas l'autre loup récalcitrant. Nos pas nous portent sans encombre vers le bureau du proviseur devant lequel je leur demande de m'attendre pendant que je parle avec Alaric. Il ne me faut pas très longtemps pour entrer dans le bureau et expliquer la situation au proviseur, un peu mal à l'aise. Avouer dès le premier cours que des élèves ont autant défié mon autorité et qu'ils ont autant dérapé, c'était assez délicat. Quelque part je me sens un peu coupable même si je ne vois pas vraiment ce que j'aurais pu faire de plus. J'ai déjà distribué plus d'heures de colle qu'il ne le faudrait, et même cette menace ne les a pas arrêtés. Il a fallu aller jusqu'au proviseur pour les calmer. Je finis par sortir du bureau et je fais signe au loup bagarreur d'y entrer alors, sans rien dire, allant me placer dos au mur à proximité de Simon, silencieux. Finalement le loup bagarreur finit par ressortir du bureau, en trombe, furieux. Je sais déjà ce que le proviseur lui a dit, il a décidé d'aggraver sa peine en l'enfermant à l'intérieur pendant la prochaine pleine lune. Je pouvais comprendre que ça ne lui plaise pas...

Puis vient le tour de Simon et il entre à son tour sous mon regard compatissant. Je ne m'inquiète pas non plus de son sort. Alaric a simplement accepté la punition que je lui ai déjà donné. On passera simplement 2h ensemble, ce qui n'est pas réellement une très grosse punition et ça, Alaric le sait aussi. Alors j'attends patiemment que Simon subisse les remontrances du proviseur puis il finit par sortir, tout penaud, de son bureau. Je grimace avant de venir vers lui. "Ca va ? Ca s'est bien passé ?" Je m'enquiers de son état actuel. Il a beau avoir tabassé un élève tout à l'heure, je sais aussi qu'il n'a pas l'habitude d'aller contre les règles, de désobéir. Aller dans le bureau du proviseur devait sûrement sa première fois ou l'une de ses premières fois. A cause de moi. Alors je m'inquiète un peu, en bon grand frère que je suis. Et j'espère juste qu'Alaric n'y est pas allé trop fort avec lui. Il n'est pas aussi fort qu'il peut en avoir l'air avec tous ses nouveaux muscles. Alors on commence à avancer en direction de ma chambre. Je n'ai pas encore oublié cette petite discussion que nous devons avoir. Il n'a pas le choix...

Il ne nous faut pas longtemps pour atteindre ma chambre, justement, que je me fais un malin plaisir à ouvrir rapidement. J'ai été patient, je lui ai laissé le temps de me le dire de lui-même mais depuis les quelques jours que je suis ici, il ne l'a pas fait. Et du coup il a été rattrapé par les événements. Je sais très bien qu'il n'a pas envie de me le dire mais ce que je ne sais pas c'est pourquoi ? Que pourrait-il bien me cacher de si terrible ? A moi à qui il a toujours tout dit ? Alors je m'assois sur le lit, l'intimant à faire de même d'un geste. Puis tout doucement, je le regarde dans les yeux et l'intime à tout me dire. "Alors, je t'écoute... Ton alpha... Qu'est-ce qui s'est bien passé ? Et pourquoi tu ne voulais pas me le dire...?"

(c) feu follet

Simon est ressorti tout penaud du bureau d'Alaric et il n'a pas sorti un mot depuis qu'il en est sorti. Je devine qu'il n'est guère fier de ce qu'il a fait, qu'il souhaite s'enterrer sous le sol et qu'il souhaite revenir à quelques heures en arrière pour arrêter tout ce qu'il s'est passé lors de ce cours. Mais malheureusement pour lui, ce n'est pas possible et il va devoir tout me raconter maintenant. Pas de fuite possible, pas d'excuses, pas de "Je t'expliquerai plus tard" qui ne tienne. Alors je l'invite à me raconter tout, gentiment. Je ne veux quand même pas le brusquer. Après tout, nous ne sommes pas vraiment pressé, il reste encore un peu de temps avec les prochains cours... Alors je le regarde fixement, une mine avenante figée sur mon visage. Et j'attends qu'il trouve le courage de tout m'avouer.

Il finit enfin par le faire, me racontant son arrivée à l'école et ses déboires avec l'ancien alpha, un certain Jed. J'acquiesce doucement lorsqu'il évoque sa transformation et comment il a activé son gêne. Il me parle de sa réticence à vouloir intégrer la meute. Mais j'avoue que pour le moment, je ne vois pas trop où est le problème et quelle est cette fameuse histoire de... de... Sexe. Puis je vois Simon qui détourne les yeux et je devine que l'on va commencer à aborder la partie délicate. Je reste donc coi et attentif à la suite. Puis il me raconte sa rencontre avec un certain Nate, que je devine aussitôt être le centre de toute cette histoire. Et il me semble bien avoir entendu parler du fait que c'était lui l'alpha de l'école maintenant. Il me raconte à sa manière qu'ils avaient couché ensemble mais qu'il s'était pris un vent ensuite. Je grimace légèrement, pas sympa le mec. Puis il parle d'un autre gars qui lui plait et de sa crainte que je pense quelque chose d'autre de lui. Que je sois déçu par son comportement. Il finit de raconter son histoire et il me regarde. Moi je reste encore silencieux un moment. En fait je m'attendais à quelque chose de bien plus grave que ça...

- Quoi...? C'est tout...?

Je soupire un instant. Je n'en reviens pas, c'est juste cette histoire qu'il me cache depuis plusieurs jours et dont il a autant honte ? Honte au point de mettre un coup de poing à un autre élève...? Je crois bien être encore plus déçu par Simon. Je ne suis pas tant choqué par son histoire, il est jeune et il a les hormones qui le travaillent. C'est normal. Mais qu'il s'énerve pour si peu au point d'en venir aux mains, c'est cela qui est très décevant en fait. Alors je soupire, je m'apprête quand même à lui remonter le moral. Il ne faut pas qu'il s'en veuille pour si peu.

- Ecoute Simon, tu es jeune, c'est tout à fait normal de coucher avec d'autres personnes à ton âge. Tu n'as pas à te sentir mal pour ça, ni envers tes camarades et aucunement envers moi. J'ai été jeune bien avant toi et crois moi les coups d'un soir et coucher dès le premier soir... C'est quelque chose que je connais bien.

Je soupire, un peu mal à l'aise tout de même. Je n'avais encore jamais considérer Simon comme ce qu'il était : un adolescent. Ces histoires de coucheries, cela me semble si loin à mon âge. A 30 ans, sans femme sans couple et sans enfant, on commence par être un peu le mouton à 5 pattes. Alors on cherche davantage des histoires sérieuses, moins des histoires sans lendemain même si ça permet de calmer la libido. Mais jusqu'à présent je n'avais jamais pensé que Simon puisse être autre chose que ce petit gamin qui levait des yeux d'admiration devant moi. Il va falloir me faire une nouvelle fois au fait qu'il était bien plus âgé que ça et qu'il n'était plus du tout un enfant mais un adulte. Du moins un jeune adulte.

- Tu n'as rien à te reprocher. Les hormones c'est comme ça. Une coucherie sans lendemain ne fait pas de toi un "garçon facile". Juste un garçon. Et je suis sûr que le garçon qui te plait le comprendra très bien lui aussi. D'ailleurs vous n'êtes pas en couple alors comment pourrais-tu le tromper, hein ? Allez viens-là.

Je finis par le prendre dans mes bras et lui faire un câlin de réconfort. Je suis content qu'il m'en ait parlé, j'ai l'impression que ça lui enlève un poids des épaules et moi je retrouve enfin mon Simon qui ne me cache rien et qui me raconte tous ses déboires, aussi petits soient-ils. Un jour il m'a raconté en pleurs qu'une grenouille lui avait sauté sur la main, alors voyez bien... Bon c'était il y a longtemps, mais quand même. Je ne crois pas qu'il se rende compte à quel point il est chanceux. Certes son père n'est jamais là et il ne le voit jamais mais sa vie est paisible, sans accroc. Et le monde est bien loin d'être comme ça... Mais cette innocence, je veux la préserver, c'est ce qui fait que Simon est Simon.

- Mais maintenant je veux que tu te contrôles. Il n'est pas question que tu ailles taper d'autres élèves pour ça. Les élèves sont méchants entre eux, c'est comme ça. Mais plus te réagiras, plus ils auront plaisir à te titiller. En plus, c'est juste probablement parce qu'ils sont jaloux... Soit parce qu'ils sont encore vierges ou parce que tu as une relation avec l'alpha que du coup eux n'ont pas. Mais rien ne justifie que tu les frappes d'accord...?

Bon j'avoue que c'était un peu hypocrite de ma part. De la part de celui qui avait collecté les expulsions pour cause de violences... Maintenant, je sais que c'était mon gêne loup qui s'exprimait. Mais j'ai toujours eu un faible pour m'exprimer avec mes poings plutôt qu'avec des mots... Même encore maintenant. Mais il n'y a aucune raison pour que Simon suive cette voie n'est-ce pas ?

- Bon n'en parlons plus... J'espère juste que tu ne me caches rien d'autre de ce style... Je n'ai pas envie d'avoir une autre surprise lors de mon prochain cours...

(c) feu follet

J'ai l'impression que mon discours ne convient pas tout à fait à Simon. Que ce n'est pas suffisant pour lui remonter le moral. Et pourtant je le pense vraiment. Quels que soient les sentiments qu'il ressent pour ce fameux garçon, il n'y a pas de mal à s'être amusé avant avec un autre. Il n'a qu'à se déclarer avant auprès de Simon après tout, s'il n'est pas content... Alors je ne comprends pas pourquoi il se sent si coupable. D'autant que ce n'est pas comme s'il peut revenir en arrière et que tout le monde oublie ce qui s'est passé. Cela s'est passé et cela ne sert à rien de ressasser quelque chose qui est d'ordre hormonal et purement physique. Ces choses là arrivent. D'autant que s'il ne voulait vraiment pas le faire, pourquoi l'a-t-il fait ? Non vraiment c'est quelque chose qui me dépasse... Alors lorsqu'il acquiesce, j'ai l'impression qu'il fait plutôt ça pour me faire plaisir plus que parce que mes paroles l'ont rassuré. Mais après tout, s'il ne m'en parle pas, comment savoir s'il veut d'autres conseils, n'est-ce pas...?

Alors on reste un moment dans les bras l'un de l'autre avant que Simon ne rompe notre étreinte. Apparemment il n'a plus de secret qu'il me cache. J'acquiesce doucement, satisfait qu'il me fasse confiance. Mais je ne suis pas encore tout à fait convaincu. Il faudra que j'interroge les gens à droite à gauche en toute innocence. Je crois qu'il me cache encore quelque chose... Mais quoi...? Simon me sort de mes pensées en me demandant de prendre une douche chez moi. Euh... Hein ? Je bloque un peu sur le moment, ne sachant pas bien quoi répondre. Il veut se doucher...? Dans ma chambre...? Euh et bien... Oui...? J'acquiesce doucement, peu convaincu. A vrai dire, mon cerveau n'a pas encore traité toute l'information et tous les tenants et aboutissants. Un élève est vraiment autorisé à se doucher dans la douche de son prof...? Même si celui ci est une connaissance...? Et si quelqu'un arrive à ce moment là ? Mais c'est Simon, ce n'est pas n'importe qui... Les gens comprendront. Alors à défaut de pouvoir répondre rapidement à sa question, et aussi pour éviter de paraître pour quelqu'un de stupide, j'acquiesce doucement de la tête tout en fronçant des sourcils, toujours pris dans ma réflexion. Il y a quelque chose qui me dérange et qui ne me dérange pas à la fois mais je ne sais pas quoi. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

Qu'à cela ne tienne, de toute façon Simon est déjà parti vers la douche avec ses affaires et son sac de sport. Du coup trop tard Jake ! En plus il m'a fait un bisous sur la joue. Là aussi, c'est bizarre et pas bizarre à la fois... Pas bizarre venant d'un Simon car j'avais l'habitude de ses marques d'affection mais pas non plus complètement normal. L'air de rien, mon cerveau commençait à me dire que Simon n'est plus un bébé ni un gamin de 10 ans. C'est peut être mignon à cet âge là... Mais entre un ado de 18 ans et un adulte de 30 ans, c'est étrange non...? Est-ce qu'on fait encore ça entre frères à cet âge là...? Et bien en voilà une colle. Après tout je n'ai jamais eu de frère alors difficile de pouvoir faire une comparaison. Mais la porte de la salle de bain se ferme déjà. Alors je finis par secouer la tête, soupirant de mon imbécillité. *Mais enfin bien sûr que c'est normal Jake, mais où est-ce que tu vas chercher tout ça ? Tu es bête ou quoi ? C'est Simon pas une strip teaseuse.* Ce que je peux être stupide parfois. Alors je prends mon portable, regardant rapidement les réseaux sociaux. Ah ma dernière photo instagram avait eu un peu plus de succès que d'habitude...

J'entends toujours l'eau couler et j'ai le temps de répondre à plusieurs messages privés avant de soupirer d'ennui. Mais qu'est-ce qu'il fout Simon, cela doit bien faire un quart d'heure que je suis sur mon téléphone et que j'entends encore et toujours une cascade d'eau. Il compte former un lac artificiel dans ma salle de bain ou quoi ? Alors je fronce les sourcils et me hisse rapidement hors de mon lit, me rapprochant doucement de la porte de la salle de bain. Allez savoir ce qui me prend, je colle mon oreille à la porte pour guetter tout signe de vie. Et des signes de vie j'en ai entendu ! Je décolle aussitôt mon oreille de la porte comme si c'était du fer chauffé à blanc. Mais il gémit le bougre ! Mais ça ne va pas bien oui ? Il va falloir qu'il arrête de penser à son alpha... Ou à son amoureux... Ou aux deux !! Aussitôt je frappe à la porte en me raclant la gorge. J'avoue que j'ai un peu honte d'avoir été témoin d'une scène que j'imaginais très bien être de l'intimité de Simon. Alors je préfère faire comme si rien ne s'était passé. Foutues hormones...

- Euh Simon ? Tout va bien là-dedans ? Tu ne t'es pas noyé si...?

J'entends Simon s'excuser de l'autre côté de la porte et je préfère me rasseoir sur le lit pour oublier tout ça. Il finit enfin par sortir de la salle de bain, pas trop tôt, les cheveux encore mouillés et les vêtements collants d'humidité. Mon regard se pose sur lui, suivi d'un petit sourire. N'y pense pas Jake, n'y pense pas... Ne dis rien... Ne rigole pas... Sinon il va avoir la honte de sa vie et ne va plus vouloir te parler... Finalement c'est Simon qui prend la parole, heureusement. Je finis par me lever de mon lit.

- Une autre fois, Sim, ce soir si tu veux ? J'ai un cours dans une demi-heure avec un petit groupe de vampire... Et avec toute cette histoire, il va falloir que je prépare mon cours un peu mieux que ça... Et puis j'ai l'impression que tu arriveras très bien à t'occuper tout seul comme un grand garçon...

Je laisse ma phrase en suspens, un sourire en coin. Je vois son regard interrogateur mais je finis par le pousser vers la porte. "Allez ouste, ouste, je vais être en retard pour mon prochain cours." Je le pousse par la porte puis referme la porte derrière lui sans lui laisser le temps de me dire un mot, riant doucement pour moi-même. Simon a décidément bien changé... Cela risque de devenir intéressant finalement...

(c) feu follet