Premiers pas dans l'école [Aisha]

J’avais prévu passer la journée avec la charmante sorcière, et lui faire visiter l’école. On avait planifié ça depuis que j’avais visité la boutique de son père, et je ne l’avouerais que sous la torture, mais j’avais attendu avec impatience cette journée.

Souriant à la jeune femme, je lui dis qu’elle pourrait se faire passer pour une nouvelle, quand elle m’apprend son intention. Aisha avait l’air sincère en parlant de vouloir intégrer l’école, et je la dévisage avec un œil à la fois amusé et surpris.

- Ah oui !?

Quand elle me parlait de son père, j’avais compris qu’il ne serait pas trop d’accord, mais je ne savais pas qu’elle envisageait vraiment l’école. Je dévisageais la métisse avant de lui donner une pichenette sur l’épaule comme pour la provoquer gentiment.

- Tu sais que c’est une école avec des gens qui ont de vrais pouvoirs ?

J’étais loin de vouloir insulter ma nouvelle amie, mais je ne la connaissais encore pas du tout. Pour moi elle restait la fille du propriétaire de la boutique de magie, une curieuse qui a lu beaucoup de chose sur le sujet, mais j’étais loin de me douter du potentiel qu’avait la belle bien caché au fond d’elle-même.

- Je veux dire, il y a les livres, et il y a la vraie magie.

En passant ma main dans les cheveux de ma voisine, j’échange avec elle un regard complice, et prononce une petite formule qui va faire virevolter ses magnifiques cheveux bouclés. Elle pourrait sentir comme une douce brise s’emparer de ses cheveux, mais j’étais seule à pouvoir profiter de ce spectacle de la demoiselle emporté par mon sort tout léger.

- Mais tu as raison, c’est agréable ici, et je t’aiderai si tu veux entrer.

Je pourrais parler au professeur Saltzman, il ne dit jamais non quand il s’agit d’aider quelqu’un à maitriser ses pouvoirs. J’avais arrêté d’ébouriffer les cheveux de mon invité quand elle parlait de la potion, pointant d’une main la direction du jardin avec toutes les plantes.

- Les fleurs sont là-bas, mais je t’attendais pour commencer.

Si j’avais besoin de cette potion de vérité pour forcer Josie à avouer qu’elle avait encore des sentiments pour moi, j’avoue que depuis ma rencontre avec Aisha, je décidais d’attendre un peu avant ma concoction.

Dans la cours on pouvait voir des élèves s’amuser sans forcément caché leurs pouvoirs. Je ne sais pas si Aisha s’attendait à ça, je la laisse s’imprégner de l’ambiance de l’école en observant autour de nous, avant de lui proposer de choisir elle-même par où elle voulait commencer.

- Tu veux qu’on aille au jardin ? Ou je te fais la visite avant.

Ma nouvelle amie de la ville était venue comme prévu pour m’aider dans mon filtre. Elle avait très envie de visiter l’école, je crois que j’aurais aussi envie si je ne connaissais pas cette école depuis si longtemps. Son enthousiasme montrait que la jeune fille n’était pas souvent confrontée au côté obscur de la magie.

Je n’étais pas pressé qu’elle découvre que l’école restait une façade pour un combat plus profond que le seul but d’apprendre à contrôler ses pouvoir. J’étais d’humeur souriante, j’avais envie avec Aisha de redécouvrir cette école, comme la première fois qu’on m’y avait conduite.

- Je pourrais te trouver une dizaine de solution différente pour ton père, mais je doute que tu aie envie de ça.

Quoi de mieux qu’une école de magie pour apprendre à duper les gens. Sans parler de l’ensorceler, on pourrait très bien faire en sorte que son père croit ce qu’il voit, et lui montrer ce qu’on a envie qu’il croit ! Je souriais, imaginant des plans différents dans ma tête, avant de revenir à moi pour oublier ça.

- On parlera de ce qui t’empêche d’être ici tout à l’heure. Pour l’instant, profite de la visite !

Il y avait tant de chose à voir dans l’école, je ne savais même pas par où commencer. Heureusement que la métisse m’aide à organiser mes idées. Je fais le tour d’Aisha en sautillant sur place avant de glisser mes bras autour d’elle pour mettre mes mains par-dessus chacun de ses yeux. Mes coudes au niveau de ses épaules, je la plaque un peu contre moi pour lui parler tout doucement.

- Pas de triche alors ! Laisse toi faire, on va avancer tout droit.

Je me souviens encore de ma réaction quand j’avais franchi ses portes pour la première fois. Peut-être que c’était mes yeux de petite fille, mais je n’avais jamais rien vu de telle. D’humeur joueuse, je retrouvais cette époque si lointaine, et en avançant doucement vers l’entrée avec ma complice, je gardais mes mains sur ses yeux pour conserver la surprise.

- Il y a une marche ici.

En me cambrant un peu contre le corps de la jeune fille, je la fais passer le seuil devant la grande porte du manoir. Derrière cette porte se trouvait l’énorme hall d’entrée qui faisait transiter vers chacune des ailes de l’école. J’avais toujours trouvé ce grand escalier impressionnant, cette pièce à elle seule était gorgée de souvenir.

On pouvait entendre ricaner autour de nous, des « Penelope qu’est ce que tu fais » mais je ne répondais pas. Je me contenais de faire avancée la jeune fille en lui décrivant les pièces qu’il y avait autour d’elle. J’avais décidé de lui cacher les yeux jusqu’à notre arrivée dans la bibliothèque qui n’était pas si loin.

- Là tu as une salle énorme, avec un grand escalier que tu verras tout à l’heure. Tu peux entendre tout le monde allez et venir, la bibliothèque n’est plus très loin.

Au départ je pensais lui faire découvrir la pièce en entrant, mais au final j’appréciais ce petit jeu, et je conservais la position jusqu’à ce qu’on arrive dans la bibliothèque. Je faisais avancer Aisha au centre de celle-ci avant de retirer mes mains de son visage. Elle était en plein milieu de toutes les étagères qui à elles seules contenait un savoir magique presque inégalé.

J’étais toujours collé juste derrière la jeune fille quand elle découvrait cet endroit à la fois simple et tellement chargé d’énergie spirituel. J’avais pu en passer des heureux dans cette pièce, recroquevillée derrière une étagère quand je ne voulais pas qu’on me trouve.

- Bienvenue dans mon monde.

La visite pouvait enfin commencer, je n’attendais pas plus longtemps pour diriger la jeune apprenti sorcière dans les couloirs de l’école. Amusée par sa réaction lorsque je place mes mains sur ses yeux, je restais un instant derrière elle sans bouger pour lui montrer qu’elle n’avait pas le choix, et que je prenais la visite en main.

- Je te kidnappe !

Elle devait bien sentir que je n’avais pas de mauvaises attentions, peut être justes de vilaines pensées. Finalement Aisha me laisse la conduire jusqu’à destination, et j’étais plutôt amusée de partager ça avec elle. Quand on arrivait à la bibliothèque, je libérais la vue de ma nouvelle amie pour la laisser s’imprégner de ce lieu magique à plus d’un titre.

Directement la métisse avançait à l’intérieur de la pièce, et je la regarde dévorer la scène de ses yeux gourmands. Je savais que ça lui plairait, et je devais avouer que j’étais plutôt fière de moi. En lui emboitant le pas, je la suis à travers quelques rayon, hochant la tête pour lui confirmer qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait.

- C’est des livres réservés aux élèves ! Mais c’est un peu comme si tu faisais déjà partie de l’école.

Personne ne viendrait nous embêter, et si c’était le cas je ne me laisserais pas faire. Même si la plupart des élèves me considérait comme une peste, les enseignants me vouaient une confiance aveugle ! Après tout je suis une des filles les plus sérieuses et assidue de l’école. Je me penche un peu contre Aisha pour regarder par-dessus son épaule, et voir le livre qu’elle avait choisi.

Son père aussi a pas mal de livre à la boutique, même si la plus part des ouvrages réservés à la vente devaient être beaucoup moins complet, j’avais vu la jeune fille lire à ses heures perdues. Avec un doigt je viens rabattre les pages du livre jusqu’à la 1ère où était rangé la fiche de prêt avec le numéro référencé de l’ouvrage, et je l’attrape du bout de mes ongles soignés.

- Tu aimerais le lire ? Je peux l’emprunter pour toi.

Je pourrais inscrire mon nom sur le registre, et laissé la demoiselle partir avec le livre. Pour le coup ça serait totalement interdit par le règlement, mais qui le saurait ? Je joue avec la carte entre mes doigts, observant la réaction de ma complice. Si elle avait le choix, peut-être qu’elle choisirait un autre livre, je la laisse réfléchir tout en venant lui taquiner la joue du coin de ma fiche de papier.

- Si tu promets de rien ne dire à personne, tu seras obligée de revenir me voir pour le rapporter.

Au milieu de cette bibliothèque regorgeant de mystère, je pouvais admirer le visage illuminé de ma nouvelle amie. J’adore cette idée de la voir réjouie pour une chose qui paraissait si accessible et insignifiante ainsi. J’ai grandi parmi ses murs, parmi ses livres, et le partager avec l’inconnue, c’était un peu comme lui prêter une poupée.

- En réalité, l’index ne sert que si tu ne sais pas ce que tu veux.

Je faisais un petit geste avec deux doigts en récitant une incantation courte pour faire léviter un livre tout en haut d’une étagère pas très loin de nous. Le livre ne prends pas vraiment de détour et arrive rapidement dans ma main tendue pour le récupérer. C’était un des premiers sorts qu’on apprenait en arrivant ici.

En temps normal je n’expose pas vraiment mes pouvoirs, je suis resté traumatisée par cette secte où j’avais résidé quelques jours toutes petites. Je savais qu’avouer aux humain qu’on avait des pouvoirs exposait à des danger, à la peur et à la colère. Mais c’était sans réfléchir avec Aisha je me sentais comme apaisée.

- Je pourrais t’apprendre un jour.

Faisant un autre geste, le livre fini par disparaitre dans le creux de ma main que je referme. Je me trouvais fière de partager ça avec quelqu’un de l’extérieur, peut être parce qu’ici tout le monde est blasé avec la magie. Voir un visage enthousiaste et qui me trouvait intéressante, ça me faisait vraiment plaisir.

Je laissais Aisha me prendre dans ses bras un instant quand je parlais je lui récupéré un livre. D’ailleurs je notais dans ma tête celui-ci qu’elle voulait avant qu’on le repose pour parler de cette fameuse potion de vérité. Quand j’avais croisé la première fois le regard de la métisse, c’était en venant chercher de quoi faire cette potion.

- La potion ! C’est vrai, tu veux m’aider ?

On pourrait visiter en même temps le jardin plutôt bien étoffé de l’école. Il y avait tellement de plante différente qu’il fallait bien les connaitre pour ne pas mettre la mauvaise dans une potion. Se tromper ne serais ce que d’une feuille pouvait avoir des conséquences désastreuses sur les effets final d’une potion.

Je souris en attrapant la main de ma voisine pour lui faire traverser encore quelques couloirs qui nous mèneraient jusqu’aux jardins. Cette fois elle avait les yeux à découvert et pourrait profiter pleinement de la décoration du château salvatore. Il y avait tellement de chose à voir ici que je ne saurais même pas par quoi commencer, alors autant faire la visite dans l’ordre.

En traversant le couloir, ma camarade pouvait voir le regard pas toujours aimable que le lançait certains autres élèves. Je n’étais pas forcément là plus aimée de l’école, mais je m’en moquais, ça me plaisait d’entretenir cette image de vilaine fille qu’on avait de moi. D’ailleurs je fais une grimace en passant à quelqu’un avant d’arriver finalement au jardin.

- Bienvenue mademoiselle dans le jardin de l’école !

Aisha était une fille pleine de mystère, je ne savais pas trop quoi penser d’elle, parce qu’elle recelait en elle une part de magie dissimulée sous cette apparence de fille à papa protecteur. Quand elle me dit qu’elle savait déjà faire quelques sorts, je la dévisageais un peu surprise, moi qui croyais qu’elle n’avait aucune pratique.

- Je pensais que tu n’avais fait que lire et te renseigner.

La vérité c’est que j’imaginais la visite de l’école comme un jeu, une lubie pour une touriste avide de sensation magique. Je n’avais pas compris que la belle métisse était une vraie sorcière, et qu’elle avait toute sa place à l’école, au même titre que n’importe laquelle d’entre nous.

Je restais un instant coi, les yeux dans ceux de mon amie toujours pétillante d’excitation à chaque fois qu’on visitait une nouvelle salle de l’école. Elle dit qu’elle était venue pour m’aider à faire la potion, de mon côté j’en étais resté sur l’idée que tout ça était un prétexte pour venir me voir à l’école.

- Super alors, j’accepte ton aide avec plaisir.

En fait, j’avais déjà fait la potion sans elle, je n’avais plus vraiment besoin de cette potion aujourd’hui, mais Aisha semblait tellement heureuse de me montrer son savoir que je n’avais pas le cœur de lui dire que je ne l’avais pas attendue. Et puis ça me donnerait l’occasion de passer du temps avec elle, et de voir ce qu’elle sait sur la botanique et les potions.

On arrivait dans le jardin, et je sentais déjà ma camarade pleine d’entrain. Elle rationalisait chaque idée, comme le simple fait d’avoir une disposition des plantes différentes. Je n’avais jamais fait attention à tout ça, le jardinage ne m’avait jamais vraiment intéressé, mais quand Aisha en parle, c’était une tout autre histoire.

- Tu as raison, j’en parlerai au professeur.

Et puis d’un seul coup je me mettais à rire en me souvenant d’une histoire qui c’était passée à l’école il n’y avait pas si longtemps. La vérité peu parfois enlever certain poids, et d’autre en rajouter plus encore. Il y avait eu un incident pas du tout contrôler lors d’un évènement sans prétention, certain pensait qu’il y avait eu un sabotage, mais en y refichant, c’était peut être juste de la négligence.

- Tu sais quoi ? Il y a deux mois, un groupe de fille toujours ensembles ont eu une mauvaise expérience après avoir échangé autour d’une tisane à la menthe.

Ça me faisait d’autan plus rire que certaines de ses pimbèches m’avait accusée moi de les avoir droguée ! Comme si j’avais besoin de ça pour connaitre les secrets croustillant de l’école. Maintenant que j’y repense, j’étais tellement contente de connaitre la vérité que je n’avais même pas envie de lever le doute sur ma participation dans l’affaire. Je vais récupéré une herbe, accompagnée de mon amie, en lui tendant celle-ci que j’avais fait attention de ne pas abimer.

- Tu ne m’avais pas dit que tu t’y connaissais autant ?

Accompagnée de ma nouvelle amie dans les jardins de l’école, je lui racontais cette histoire sur ce qui c’était passé la fois où des élèves ont eu un débat à cœur ouvert après avoir bu une tisane à la menthe. Je ne pouvais pas m’empêcher de rire en me souvenant de cet incident comme s’il venait de se passer. Le jardin secrets des filles ne laissait souvent que peu de place pour la vérité à l’état pur.

- La vérité, c’est … compliqué à assumer parfois.

Je lance ça comme si j’attendais l’avis de ma voisine. C’est vrai qu’on ne se connait pas bien, mais le simple fait qu’elle soit ici, avec moi sans que son père soit au courant, c’était une forme de vérité qu’elle préférait garder cachée.

A l’école, on utilisait peut être un peu trop souvent cette magie pour percer les défenses des autres, c’est si facile d’abuser de la magie quand elle coule à profusion dans l’école. Aisha elle, n’a pas eu cette chance, ou à l’inverse, peut être que son père dirait qu’elle a eu la chance d’être préservée de se monde à la fois intriguant et sauvage.

- Jaime bien les fleurs, je veux dire les jolies fleurs, plus inspirante qu’une pousse de menthe.

Faisant une récolte qui devraient suffire à notre infusion, je me surprenais à raconter cette vérité à ma charmante voisine avant même d’avoir consommer la décoction. C’est surement parce qu’elle emploie ce ton avec moi, et qu’elle parce qu’elle a cette clémence dans le regard, Aisha est une des seule ici à me regarder autrement. Pendant qu’on était à genou en train de cueillir, je me penche contre elle pour lui murmurer cette information.

- La plus part ici te diront que je suis le diable … Alors ne le raconte à personne, ça anéantirait mon image de vilaine fille, mais … j’aime les fleurs de lotus.

Je lui souris, et me relève, un peu perturbée par cet aveu que je venais de faire. C’est agréable en fait de pouvoir parler à quelqu’un qui n’a pas encore de préjugé sur moi. Je l’écoute alors me raconter qu’elle n’a pas eu l’occasion de pratiquer vraiment la magie et m’imagine un instant ce que ça aurait été de grandir loin de tout ça.

- Aisha ! Je pense que tu es un peu trop sérieuse !

Pour ne pas dire coincée, le but n’étais pas de la blessée, mais juste de faire réagir la métisse qui semblait en savoir beaucoup sur la magie. Tellement qu’elle pourrait pratiquer facilement si elle se faisait un peu confiance. Mais j’étais contente quand elle me demande de lui en apprendre d’avantage, j’étais douée pour faire ça, enseigner, enfin je crois.

- La magie, c’est comme faire l’amour … la première fois, c’est pas l’extase ! Mais crois moi, plus tu pratiques, plus tu apprends à te connaitre toi-même et plus tu découvres quel potentiel sommeillait en toi.

Plutôt satisfaite de mon analogie, je n’espérais pas choquée mon interlocutrice, peut être juste la faire sourire un peu, et observer sa réaction. C’était ma façon de lui faire prendre conscience que la magie, ça ne s’apprends pas toujours dans les livres, mais ça se ressent, au plus profond de son être. D’ailleurs je prends sa main dans ma mienne, pas pour la guider, juste pour initier un contact. Si elle se concentrait suffisamment, ce simple contact lui permettrait de sentir la magie tout autour de nous.

- Tu sais quoi ! Ferme les yeux, et inspire. Tu as beau apprendre à canaliser la magie, avant même d’essayer de t’en servir, tu dois surtout la sentir traverser ton corps.

Si la belle Aisha était contente de visiter l’école, moi je l’étais tout autant de la lui faire découvrir. J’avais même l’impression de revisiter cette école sous un jour nouveau, comme si l’innocence de ma camarade donnait de la lumière à ces lieux que je connaissais si bien.

Le jardin faisait partie intégrante de l’école depuis que je suis arrivée, toute petite. J’adorais y venir, me promener au milieu des fleurs, m’assoir dans un coin, et lire. Ça faisait tellement longtemps, j’ai abandonné cette petite fille au fond du jardin, près de ce banc où je me reposais parfois.

Je me surprends à sourire, confiant à ma voisine cette part de moi que plus personne ne connait. Les souvenirs de cette époque me chatouillaient les yeux au point presque d’en sortir une larme de nostalgie. Mais ça serait mal connaitre Pénélope ! Je me reprends en échangeant un regard complice avec Aisha.

- Aujourd’hui, les plus belles fleurs de ce jardin c’est nous !

Le cadre se prêtait à un peu de romantisme, et cette idée que la jeune femme ne me voyait pas comme Satan me plaisait assez. Je n’avais pas su être moi-même avec une fille depuis … trop longtemps. Je laissais la magie opérer, tout en parlant justement de ces pouvoirs innés qu’on pouvait posséder de naissance.

En la voyant, je n’avais pas compris que ma camarade était une sorcière. J’aurais surement dû ressentir son pouvoir, mais je m’étais laissée distraire par d’autres charmes. Si Aisha n’avait jamais pu apprendre à canaliser sa magie, je comptais bien me dévouée pour faire ces premiers pas avec elle. Comme je le disais si bien, c’était une première fois tout aussi importante que lorsqu’on laisse son désir s’éveiller.

- Détends-toi !

Ma main dans celle de la sorcière, je lui demandais de faire le vide quand elle commence à me parler de cette famille aux pouvoir puissant que toutes les sorcières connaissent. Avec ce contact charnel je pouvais sentir la nervosité de ma nouvelle amie. Elle avait l’air anxieuse à l’idée de découvrir son potentiel magique.

- papilio lux

Je lance un sort d’apaisement, en restant proche de la jeune femme, prête à la retenir si elle venait à vaciller. Je voulais qu’elle oublie un peu sa famille, son père, ces histoires vieilles comme le monde qui ne devait pas lui interdire d’être elle-même. Je caresse doucement la paume de sa main avec mon pouce, et attends que le sort face effet.

- Il n’y a pas de sorcière Bennet ici, pas de bonne ou mauvaise magie, juste toi et moi. Fait toi confiance.

Le doute était le plus grand ennemi d’une sorcière et il était si facile de se laisser engloutir par ses propres démons. Je me surprenais à fermer moi aussi les yeux, le temps d’un instant, jusqu’à ce que je puisse sentir entre nos deux mains jointe un pouvoir auquel je n’avais encore jamais fait face. Je lâche la main de la sorcière, à la fois surprise et intimidée.

- C’est … très bien comme ça, tu peux rouvrir les yeux.