La quête du père noël [Castiel]

Toute cette période me paraissait différente de ce que j’ai pu vivre. Je sais ce qu’est noël dans les grandes lignes, mais cette année c’était différent, j’avais envie, surtout besoin, de partager ça avec mon petit frère. Quand il me salue, ça me fait sourire, même si c’est bête, et qu’on a du mal à communiquer, chaque fois qu’on se dit bonjour dans l’école ça me laisse un pincement au cœur.

C’était la première fois depuis nos retrouvailles qu’il avoue me comprendre. Il est passé par là lui aussi, même s’il a grandi en tant qu’humain, je sais qu’il est seul depuis bien trop longtemps. D’ailleurs, si cette vampire blondasse m’exaspère, je suis soulagé dans un sens que mon frère ait trouvé quelqu’un pour veiller sur lui à ma place.

- Passé d’une vie dans la cabane, tout seul, enfin, les deux … à une grande école, ça n’a pas dû être facile.

Je sais qu’il ne voulait pas me laisser seul dans la forêt, et qu’il m’en a voulu de ne jamais réapparaitre avant, mais c’était pour son bien. Dans ces circonstances, moi j’avais quelque chose que lui n’avait pas eu, un frère à mon arrivée à l’école.

On arrive à se parler un peu, et lui m’explique que c’était trop tôt pour les cadeaux. C’est encore une notion abstraite qu’il m’a été difficile d’assimiler. En tant que loup, le temps se compte en lune, et les jours calendaires n’avaient absolument aucune importance. J’arrivais pourtant à me faire à cette vie d’humain dans laquelle il n’y a pas que des inconvénients.

- Demain ? C’est le jour du père noël ?

Ce fameux bonhomme qui travail au centre commercial, je voulais vraiment le rencontrer, et en savoir plus sur ces coutumes douteuses. Je rigole quand il dit que j’étais grand pour les genoux du père noël, et dévisage Castiel avec une certaine incompréhension.

- Pourquoi je voudrais m’assoir dessus ?

Et puis ça n’avait jamais déranger le garçon que je m’affale sur ses genoux lorsque j’étais un loup. Ça me manque d’ailleurs, cette complicité, cette facilité qu’on avait justement à communiquer sans même avoir besoin de parole.

Aujourd’hui, chaque échange nécessitait un instant de réflexion. Je ne voulais rien dire de blessant, et j’essayais par la même occasion de rattraper tout ce que j’avais manqué depuis. Alors quand mon frère me demande pourquoi je voulais lui acheter un cadeau je lui offre un peu plus de douceur au détour de mes yeux.

- Je croyais qu’il fallait faire un cadeau aux gens qu’on aime ?

Je n’ai jamais pu le faire avant, et bien que je ne pusse pas lui témoigner mon intérêt pour son cadeau de l’époque, je n’avais jamais abandonné ce collier. J’aurais peut-être du le lui montrer à notre première rencontre, ça l’aurait fait réagir. Mais c’était aujourd’hui que j’avais choisi pour le faire, d’ailleurs je le sors de derrière mon dos, et le brandis vers Castiel.

- J’ai toujours ton cadeau d’ailleurs … et je me suis dis qu’on pourrait te trouver un collier assorti ? On serait mignon tous les deux.

Si j’affectionnais particulièrement ce collier, en tant qu’humain, je ne me voyais pas porter ça, mais il restait précieusement dans ma chambre. Décidé pour partir à l’aventure avec moi, je suis le louveteau le long de la route, il connaissait mieux le chemin que moi. On prendrait le bus, moyen pratique pour se déplacer quand on n’est pas un loup.

- Oui …

Tout en continuant d’avancer, je tournais le visage vers mon frère, sa voix avait l’air sincèrement préoccupée par ce qui pouvait m’arriver. J’avais dû faire sans lui cette intégration, vu qu’il refusait de me parler, pourtant c’était en tant qu’humain que je découvrais les plaisir d’une nouvelle aventure avec une louve.

- J’ai rencontré d’autres loup … Il y a des gens avenants, et d’autre vraiment con ! J’apprends à savoir à qui je peux parler ou pas.

En voyant le bus un peu plus loin, je comprenais qu’il était en train de partir sans nous, alors sans réfléchir je prenais la main de Castiel pour courir à vitesse plus rapide que la normale. C’est seulement quand j’écoutais le chauffeur surpris de nous voir avant que la porte ne se ferme que je me sentais idiot.

- D’où vous arrivez, j’étais sûr d’avoir regardé, il n’y avait plus personne ?

Castiel avait l’air si paisible, dans son coin, je n’avais pas compris qu’en l’envoyant dans cette école pour qu’il se trouve une place, le loup s’y construirait une nouvelle prison de solitude. Peut être que c’était dansa la nature de mon frère de rester seul, ou c’était seulement que personne ne l’a jamais habitué à ce monde plein de diversités.

Mes parents l’avaient placés dans un endroit loin des perversités humaines. C’était pour le protéger, le jeune garçon aurait du avoir une vie sereine et naïve, sans jamais savoir d’où il venait. Mais son passé n’était plus qu’un flou opaque sur sa nouvelle vie d’étudiant un peu bizarre comme il l’avoue lui-même.

- Tu n’es pas bizarre … tu es …

Quand on sait ce qu’il a vécu, tout ce comprends, mais Castiel apparemment ne voulait pas qu’on sache d’avantage de choses sur sa vie. Il gardait chacun de ses secrets enfouis en lui, et je comprends mieux pourquoi c’est si dur de lui parler. Je réfléchi un instant pour trouver un autre mot avant de rire, je n’avais pas assez de vocabulaire pour ça.

- Ok, tu es bizarre

C’était le bizarre gentil, le bizarre attachant, et de toute façon, cette année le bizarre ça sera surement moi, pour d’autres raisons. Mais dans toute la conversation, c’était ce dernier nom qui restait hors des autres mots. Je serre un peu les dents en repensant à la vampire, celle chez qui mon frère préfère se réfugier quand il va mal.

- Andromeda, c’est … la blonde ?

Il pouvait sentir la désapprobation dans mon ton. Je n’apprécie pas qu’une vampire se serve de mon petit frère, mais je n’épiloguerai pas, je ne voulais pas me disputer avec lui, l’idée aujourd’hui c’était tout le contraire. Parler de noël ça devait nous rapprocher, d’ailleurs Castiel commençait à m’expliquer ce que je devais savoir.

C’était si loin mes derniers souvenirs de noël, j’étais encore trop jeune pour qu’on m’explique toutes les vérités avant de devenir loup. Et ce temps passé sous la peau d’un animal, nos parents n’avaient pas pris de temps pour faire les fêtes humaines chaque année.

J’avais pu apprendre, comprendre certaines choses, mais j’avais du mal à faire la part entre les histoires qu’on raconte, et la vérité caché derrière toute cette magie. Castiel en parle de façon fluide et raisonnée, mais chaque information qui arrivait était autant de donnée à essayer de matérialiser dans mon esprit.

- Tes parents faisaient ça ?

Je sais bien que quand il en parle, ça n’est pas de nos parents, mais bien de ceux qu’il a connu. S’il a eu des cadeaux enfants, c’était une bonne chose, et l’entendre me faisait sourire. Même s’il a grandi loin de nous, il a aussi grandi loin de la malédiction. J’aimerais un jour que mon frère me parle un peu plus de ses parents. Je proposais alors au loup de m’accompagner et même de lui faire un cadeau une fois sur place.

- Je pensais que les cadeaux, c’était aussi pour dire merci ?

Loin de connaitre à fond la magie de noël, je sais qu’on peut être généreux toutes l’année avec les gens qu’on aime, qu’on offre pour remercier et c’était justement cette idée qui m’avait traversé l’esprit. Sans vouloir brusquer la brun qui montait déjà sur ses grands chevaux alors qu’on avait pas commencé à sortir de la pièce.

- Tu sais j’ai pas beaucoup d’argent. J’espère que ta compagnie ne coute pas trop cher … parce que je ne pourrai pas l’acheter au prix fort.

C’était ma façon de lui faire comprendre qu’on parlait peut-être de la même chose, maladroitement, et pas de la même façon. Je voulais passer du temps avec lui, et lui faire un cadeau pour le remercier d’avoir été là pour moi. D’ailleurs je ressors ce collier qu’il m’avait offert, pour mieux lui faire comprendre mon intention.

Je voulais un cadeau comme ce collier, qui dise que je suis content de l’avoir retrouvé. Je ne sais pas si j’arriverais à refaire le même, au départ c’était une plaisanterie quand je parlais de les assortirs, mais si ça pouvait plaire au garçon, je le ferais. Je regarde le collier une dernière fois avant de le remettre dans ma poche.

- Première mission alors, trouver un canif.

Quand j’étais loup je n’avais pas besoin d’arme, et ça n’avait jamais été dans mes priorité, mais pour sculpter, pourquoi pas. Après avoir épiloguer un moment, plus qu’on avait pu le faire dans tout ces derniers moi, on se mettait en route pour la ville, et je suivais attentivement mon frère qui devenait le chef de file.

J’étais impatient, et content de passer du temps avec mon frère. Je lui raconte un peu ce qui s’est passé pour moi ces dernières semaines, amusé d’attirer la curiosité de mon frère. Quand il me parle de meute, je dois dire que je ne m’étais pas vraiment posé de question à ce sujet. Je savais qu’il y avait une meute à l’école, mais je ne me suis pas encore présenté officiellement au groupe.

- La meute … je sais pas en fait. Comment on les reconnait, ils ont un badge de membre ?

Est-ce que mon frère faisait partie de cette nouvelle meute ? Je ne le sais même pas pour être franc, et avant qu’on en parle, je décidais de courir pour attraper ce bus en face de nous qui avait failli nous échapper. Je n’avais pas pensé un seul instant que ça serait mal vu de faire usage de la vitesse dans cette situation.

Mon frère est un peu contrarié, je le sens quand il paie et à sa phrase quand on s’assoit. Je lui lance un petit regard pour dire désolé quand il continue à me parler de cette rencontre que j’avais faite. Je souris un peu bêtement quand je repense à cette fille, parce que c’était la première fois que j’avais un contact avec une louve qui se transforme en humaine.

- Elle s’appelle Deana, je ne savais pas qu’elle était humaine, avant qu’elle se détransforme …

Est-ce que mon frère à déjà vécu cette situation complexe ? Je ne m’en rendais pas compte, mais avoir des sentiments pour un loup, et apprendre qu’il est en fait un humain, n’était ce pas exactement ce que je lui avais fait en lui donnant toute la vérité ce jour-là ? Je me retrouvais un peu décontenancé par tout ça.

Choisissant de retrouver mon frère pour une journée un peu différente, je profitais de cette occasion qui n’arrive qu’une fois l’an pour essayer de mieux comprendre les mœurs des humains, et de partager quelque chose avec lui par la même occasion.

Tout était plus facilement finalement quand j’étais loup pendant que Castiel restait humain, et inversement. On n’avait pas besoin de communiquer, pas verbalement en tout cas. Après tant d’année à ne pas avoir eu à parler, je m’étais habitué à rester taciturne.

Aujourd’hui tout étais différent, et je me rendais compte à mes dépens que chaque mot avait une portée, une importance et un poids parfois lourd à porter. Le prénom de cette vampire sortait de la bouche du loup, et quand il en parlait, je l’avoue, j’étais un peu jaloux. Mon frère avait construit une relation improbable avec cette Androméda, alors que ce lien qu’on avait ne semblait plus compter.

- Elle change ? Tu veux dire que c’était pire avant ?

Mon débit de parole se voulait plus lent, un peu moins agressif, mais je restais dubitatif quant à la naissance de ce lien qui les unissait. Il faudra vraiment que je me renseigne sur cette histoire, parce que je ne pouvais pas laisser mon jeune frère dans un lien d’asservissement avec une folle vampire. Si les sorciers avaient pu inverser la malédiction qui me frappait, pourquoi pas briser ce lien également.

- Je vais quand même la garder à l’œil.

D’une certaine façon, c’était ma faute ce qui arrivait à Castiel. Si je ne l’avais pas abandonné aux soins du professeur Saltzman, on serait toujours dans cette forêt, tous les deux, et rien n’y personne n’aurait pu nous séparer. J’ai eu la faiblesse de croire qu’un institut pour les êtres surnaturels saurait mieux convenir à ses besoins que moi.

Ça avait au moins eu l’effet de le recentrer sur le monde, et de pouvoir profiter de ces moments que l’humanité avait décidés de fêter. C’était encore un peu abstrait pour moi, et si j’essayais de comprendre comment le garçon passait ces fêtes, je ne pouvais pas m’empêché de me demander comment un jour quelqu’un a réussi à embarquer la population mondiale sur son idée de dire, demain on va faire Noël, et c’est décidé à l’unanimité, tout le monde devra faire des cadeaux.

Mes interrogations avaient au moins l’effet de délier la langue du loup, de désamorcer ça carapace, le temps d’un échange verbal. Je l’écoutais me parler de sa famille, celle qu’il a toujours considéré comme sa vraie famille, et d’une certaine façon, celle qui le restera à jamais, je le sais. Ça me réjouissait de le voir enthousiaste, au moins on s’était bien occupé de lui à l’époque.

Il me fait part de sa vision des cadeaux, et de l’importance qu’il fallait accorder à cette coutume d’échange. Le dernier souvenir que j’avais d’un cadeau, c’était celui justement de Castiel, ce collier que j’avais conservé malgré que je ne le portais plus vraiment.

- Je n’ai pas souvenir avoir fait de cadeau à qui que ce soit. C’est étrange non ? De se dire que quelque chose d’aussi simple qu’un cadeau, est un concept qui m’échappe. J’ai envie que tu sois le premier à qui j’en offre un.

J’offrais un sourire à mon frère, j’étais vraiment impatient de concrétiser cette idée, et quand je parlais du collier, ce dernier voulait m’aider à ce qu’on lui fabrique le même. J’acquiesçais avant qu’on entame finalement notre course jusqu’à un bus qui devrait nous conduire en ville.

Chaque pas vers l’extérieur était comme une nouvelle aventure, et même si je me réjouissais de passer du temps avec Castiel, il me faudrait du temps pour m’habituer à ce qui s’offrait à moi. Entre sa vie dans une famille sans technologie, et mon expérience dans la peau d’un loup, on formait vraiment une famille de bizarre comme il se plaisait à le dire.

On continuait à parler, ce qui nous changeait vraiment de ces dernières conversations étriquées qu’on avait pu avoir. J’en apprenais plus sur la meute, et partageais avec mon frère cette rencontre que j’avais fait il y a peu. Je souriais quand il m’avoue la connaitre, sans faire le lien lorsqu’il parle de belle personne que ses mots ne décrivaient pas son physique.

- C’est vrai qu’elle est jolie ! Mais je la préfère quand elle est en louve.

En concentrant mon regard vers l’avant du bus, j’arborais un sourire étêté, repensant à cette journée à parcourir la forêt aux côtés de la charmante louve. Je ne saurais pas trop expliqué ce qui c’était passé, mais il y avait une alchimie entre nous, quelque chose sur laquelle je ne pouvais pas encore placer de mots.

- Son frère, vraiment ? Alpha, tu veux dire comme le chef de la meute ? C’est lui qui dirige à l’école ?

J’avais passé mon temps depuis que j’étais arrivé à essayer de m’intégrer, et à trouver ma place en tant qu’humain, tellement que j’avais négligé ce qui faisait de moi un loup. J’aurais dû me renseigner sur la meute plus tôt, mais je n’en avais pas vraiment eu l’occasion. Je toise alors mon voisin de siège pour essayer d’en savoir plus.

- Je devrais le rencontrer ?

En tant qu’Alpha, ou bien en tant que frère de Deana, j’avais plusieurs raisons de le rencontrer, mais je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. J’attendais une réponse de mon camarade de voyage avant que justement notre destination se précise. Quand on annonçait l’arrêt du centre commercial, avant même que j’aie eu le temps de réagir, la quasi-totalité du bus semblait descendre ici, comme ci c’était le seul arrêt de la ville. J’observe, attendant qu’on ait la place de descendre nous aussi, esquissant un rire amusé par la situation.

- On dirait qu’on n’est pas les seuls à avoir eu la même idée. Il va y avoir la queue au père noël

Quand Castiel avait rejoins l’école, j’aurais du savoir qu’il serait entouré de vampire, de sorcier, et pas seulement de loup. Je ne comprendrais sans doute jamais pourquoi il aime tant passé du temps avec son amie blonde suceuse de loup, où bien se laissé racketter par un sorcier névrosé en manque de sucrerie.

Mais je dois me faire une raison, mon frère n’est plus seul, et si j’aurais aimé peut-être d’autres amis pour lui, j’étais content de voir qu’il c’était fait une place. Sa voix se durci un peu en parlant d’Andromeda, et je n’insiste pas d’avantage. Au final, je préfère parler de cette rencontre que j’avais fait à mon tour avec une blonde d’un autre genre.

Le sourire de mon frère se dessine un peu quand j’avoue que Deana est jolie, contrairement à moi, il ne montre aucune jalousie, il semble content et amusé que je me fasse des amis. Sa question sur la beauté de la louve me taraude un peu. Il vient de dire que la beauté c’était aussi la personnalité, et me demande à quel point elle est jolie !?

- Je … euh … Elle est jolie, comme une louve seule, qui a beaucoup souffert.

Un peu étêté, je cherchais mes mots. On avait beaucoup de point commun avec la louve, je ne savais que trop bien ce que ça faisait de perdre sa famille. Même si je me sentais presque coupable d’enfin retrouver mon frère, alors que Deana n’aura jamais la chance de passer un jour de plus avec son jumeau parti trop tôt.

Le sourire de Castiel ne dépéri pas, c’est étrange, parce que depuis nos retrouvailles, c’était la première fois qu’il baissait sa garde. J’aurais dû commencer par-là, parler de moi, au lieux de me focaliser sur lui.

- Jolie au point de lui trouver à elle aussi un cadeau ? C’est son anniversaire bientôt … Mais je ne pense pas qu’un collier pour animal lui plairait.

En vérité je ne sais absolument pas ce que je pourrais offrir à la jeune femme. Je me disais qu’on trouverait une fois sur place ? C’était tellement pas prévu, je ne serais surement pas rentré du magasin avec quelque chose pour Deana si mon frère n’avait pas insisté pour que je parle d’elle de façon plus approfondi.

Il m’explique sa relation avec l’alpha de l’école, et j’écoute attentivement, en essayant de mettre le doigt sur le fonctionnement de la meute. Il faudrait, pour mon frère, et pour elle, que je finisse par rencontrer ce Nathaniel. Je ne pense pas que ça poserait de soucis, dans tous les cas j’ai déjà deux membres pour parrainer mon inscription.

- Cette meute, tu l’as rejointe en arrivant à l’école ?

C’était satisfaisant de savoir que même entouré d’amis de nature diverses, il restait une meute entière de loup pour s’occuper de mon petit frère. D’ailleurs, peut être que je devrais demandé à cet alpha ce qu’il sait et pense de cette Andromeda.

On continuait d’échanger un peu autour de la meute jusqu’à ce que le trajet se termine, nous déposant au cœur du centre commercial. Il y avait tellement de monde tout autour de nous, je n’avais pas l’habitude de voir autant d’humain concentré au même endroit. C’était à la fois grisant et perturbant, mais Castiel semblait serein.

- Tu viens souvent en ville ?

Si j’avais compris les règles de l’école, il était déconseillé de s’aventurer trop loin, trop souvent, trop peu nombreux. De loin on voyait ce monsieur tout de rouge fourré, c’était le père noël ! Je souriais en observant les enfants défilés pour le voir, et je m’apercevais qu’il n’y avait presque aucun adulte sans enfant dans la file.

- Ça doit être la file pour enfant ! Allons trouver le père noël des adultes ?

Je ne sais pas ce qui nous attendais ici, mais tout était illuminé, gai. On croisait des chorales qui chantaient à tu tête les mêmes chansons, eux aussi étaient illuminés à plus d’un titre. Et j’affichais un plus grand sourire encore en découvrant cet arbre géant décoré de milles boules et guirlandes. Je me rappelais à la cabane, Castiel avait remmené un tout petit arbre qu’il prenait plaisir à décoré à cette époque hivernale.

- Regarde ! Un sapin, comme à la cabane, enfin, plus grand quand même.

Pendant notre trajet jusqu’au centre commercial, j’apprenais que mon frère avait rejoint la meute de loup dont Deana faisait partie. Cette idée était un peu étrange, mais finalement j’étais content d’avoir un sujet de conversation avec mon cadet qui ne faisait pas référence à notre passé.

Quand on pénétrait dans ce lieu décoré de façon à ce que personne ne puisse oublier qu’elle période il était, je me perdais parmi les lumières de toutes les couleurs. Castiel m’avait demandé ce que je voulais offrir à la louve pour son anniversaire, et j’étais encore en train de mettre mes idées en place en détaillant l’horizon.

- Ça ! Je voudrais lui offrir ces lumières, le sapin, la musique, les rires !

En pointant du doigt les enfants qui jouaient, courraient, riaient en criant, je souris en me rappelant combien c’était loin cette époque où rien n’avait d’importance. Je ne me souviens pas avoir ris, joué de la sorte. Devenir loup garou chassait à tout jamais cette part d’innocence de l’enfance, et je crois qu’au plus profond de moi, j’aurais voulu que Deana soit heureuse.

- Je voudrais la faire sourire … parce qu’elle est souvent triste.

C’était en parlant de ma nouvelle amie à l’humeur morose que je commençais à percuter. J’étais là pour faire plaisir à mon petit frère, pas pour parler d’une autre, alors en gardant cette image de la louve heureuse, je pousse Castiel par l’épaule et le fait avancer plus vite encore dans le magasin.

- Mais aujourd’hui c’est de toi que je m’occupe ! Regarde comme tout est beau ici, c’est … et là bas !?

Je gardais une main autour de l’épaule du garçon, et avec mon doigt je balayais l’immense bâtiment en détaillant chaque décoration, chaque costume et personnage déguisé. En repérant la file vers le père noël je nous faisais avancer d’un pas décidé, il fallait que je voie ce protagoniste qui rameutait les foules.

Il y avait tellement de monde, beaucoup d’enfant, et pendant que je regardais tout autour de nous, le loup me faussait compagnie un instant. J’étais tellement pris par ce qui se passait que je sursautais quand il revenait m’annoncer qu’on aurait un créneau tout à l’heure.

On s’écartait de la foule quand il m’explique le fonctionnement du bonhomme en rouge. Pendant un instant je lève les yeux vers lui, les enfants, mon frère, le père noël, les enfants … et je soupire. C’était juste un homme comme les autres sous le costume bien touffu du bonhomme à barde ?

- C’est comme un loup à la pleine lune … ? Lui se transforme seulement à noël ?

J’essayais de mettre en place toutes les informations dans ma tête pendant qu’on avançait pour continuer la visite. Castiel me fait part d’un souvenir qu’il avait à la cabane, un souvenir où je n’étais pas là cette fois. Quand il prononce le nom de cette vampire blonde, pour la première fois j’arrive à sentir de la tendresse dans la voix de mon frère.

Sur place, je m’arrête net, et dévisage Castiel pour me souvenir de cette expression niaise qu’il avait sur le visage. La vampire ne m’a pas fait bonne impression, mais quand on c’était rencontré, la situation était tendue. Je viens tapoter le nez de mon frère avec le bout de mon doigt comme pour taquiner le museau d’un louveteau.

- Tu l’aime bien cette fille ? Bien au point de lui faire un cadeau ?

Pouvoir parler de cette charmante louve que j’avais rencontrée avec Castiel, ça nous faisait un sujet de conversation qui permettait d’évoquer autre chose que ce passé douloureux, de cette histoire commune qu’on n’avait pas regardé depuis la même fenêtre.

Je découvrais chez mon frère un ton plus enjoué que je ne lui connaissais pas, il me conseillait un bal où je pourrais emmener Deana, mais mon expérience en therme de bal était comment dire … inexistante.

Depuis mon arrivée à l’école, je passe du temps à la bibliothèque, c’est une très belle façon d’apprendre à découvrir le monde et à travailler la langue que je n’ai pas eu beaucoup le loisir de parler lorsque j’étais à quatre pate.

L’image d’un bal, j’ai pu la caresser dans plusieurs romans sans jamais une fois m’être imaginé y participer un jour. Je souriais à cette idée, même si je ne savais pas encore qu’un bal aujourd’hui était différent de ceux que décrit Jane Austen dans ses pages.

- Un bal ? Tu veux dire qu’il faudra l’inviter à danser ?

Si je n’avais aucune idée de comment tout cela fonctionnait, ça ne me faisait pas peur d’apprendre avec la louve qui était jusqu’à là vraiment patiente avec moi. Je gardais cette idée dans un coin de ma tête, en gratifiant mon cadet d’un sourire mérité.

- Je crois que ça pourrait lui plaire, je vais y penser.

Les descriptions de bals toutes plus romanesques les unes que les autres que j’ai pu découvrir à la bibliothèque se mélangeaient avec la musique et les décorations de noël du centre commercial. C’était comme un feu d’artifice dans ma tête, tellement de nouvelles sensations, de chose à découvrir que je ne savais plus où regarder.

Heureusement mon frère était là pour me guider, traverser les allées de boutiques avec moi, et me dévoilant les secrets du père noël. Si j’étais revenu pour pouvoir veiller sur Castiel, pour me rapprocher de mon frère, je me rendais compte que ces dernières années dans la peau d’un animal avaient inversés les rôles. Aujourd’hui, c’est plutôt le jeune loup qui apprenait à son ainé comment se débrouiller.

- Je suis désolé Castiel …

En plissant un peu les yeux, je dévisage mon camarade pour la journée. Je vois bien qu’il ne comprend pas ce revirement incertain d’émotions. Mais plus on discutait, et plus je m’apercevais que je ne pourrais jamais assumé le rôle d’un grand frère, en tout cas pas celui que j’aurais du être il y a des années.

- Je veux dire, désolé de ne pas avoir été là, pour t’apprendre ce qu’est le père noël, pour parler de bal, de filles … de toi.

Si j’étais resté à ses côtés, je demeurais ce loup taciturne qui veillait sur le jeune garçon en secret. Il n’y avait pas tant de questions à ce poser lorsqu’on était tout les deux, rien que nous deux, tout était plus facile. D’ailleurs, je laisse sortir une dernière question après qu’il m’eut avoué ses sentiments qui semblaient ceux qu’on peut lire dans un livre pour cette fille vampire.

- Tu va inviter Andromeda au bal ?

J’étais curieux de savoir, parce que s’il avait eu cette idée pour moi, c’est forcément qu’il y avait déjà pensé, non ? Je me demandais si ça serait bien d’y aller ensemble, où si toute la situation serait encore plus étrange.

Le temps de cette discussion rendait la visite plus rapide que je l’aurais envisagé. Je me régalais à chaque pas dans les couloirs, je posais certaines questions à mon frère sur les étrangetés que je voyais, jusqu’à ce qu’on arrive enfin à ce moment pour lequel j’avais décidé de venir, rencontrer l’homme en rouge.

D’ailleurs en pensant à ça, une idée perturbante venait s’immiscé dans mon esprit. Castiel insistait sur le fait que ça n’était qu’un déguisement fortuit, alors est ce que sous cette grosse barbe se cachait forcément un homme ? Lui me demande si j’étais prêt, et mes yeux pétillants restaient posé sur le costume du personnage qui n’était plus qu’à quelques mètres de nous.

- Prêt ! Bien sur oui, ça va être à nous.

Le père noël laissait passer une dernière personne avant de nous faire signe d’avancer vers lui. Je ne savais pas que Castiel avait briefé le personnage avant qu’on arrive. Alors quand il me demandait pour prénom, je répondais Noé avec l’enthousiasme d’un enfant.

- Je m’appelle Noé, et c’est mon frère Castiel.

Si le père noël ne devait pas avoir affaire si souvent à des adultes venant lui demander une photo, il ne paraissait pas troublé le moins du monde. Certainement moins que les gens autour qui observaient la scène avec un sourire que je ne relevais pas. Certain même filmaient avec leurs téléphones pendant que moi je me concentrais sur cette photo avec lui et Castiel.

Je souris, vraiment ravi de cet instant qui n’était cette fois pas magique que dans les livres. Et lorsque que l’acteur à la barbe blanche me demande ce que je désirais comme cadeau pour noël, je comprenais que je n’avais besoin de rien de plus que ce que j’avais déjà. Je regardais mon frère dans les yeux, un peu étêté, avec les yeux d’un enfant et le sourire niais, je prends sa main dans la mienne et lui avoue.

- J’ai déjà trouvé mon cadeau cette année père noël, rien ne saurait remplacer un frère.