Toutes les horreurs se passent la nuit [ft. Nate]

Moïra courait, prise par des vagues de douleurs lui transperçant le corps, entendant chacune de ses articulations craquer sous le coup des prémisses de sa transformation. Elle était sortie en ville avec de vieux amis de sa vie d’avant, mais elle regrettait sérieusement de ne pas avoir été plus attentive sur l’heure. Ses pas se faisaient plus pressant, ne lui restant que quelques minutes pour pouvoir atteindre l’établissement et les cages qui lui permettraient de ne blesser personne durant sa transformation. Dans son élan, elle ne remarqua pas la racine qui sortait du sol, son pied s’y coinça et son corps fut attiré soudainement vers le sol. Le genou éraflé, elle se redressa, paniquée et en proie à une crise de larmes. Son corps lui faisait de plus en plus mal, comme si on lui brisait toutes les minutes un nouvel os.

Quelques mètres plus loin, la jeune louve tomba à quatre pattes, un élan de douleur fulgurant traversant son corps. Elle sentit ses dents prendre plus d’ampleur, piquant sa lèvre inférieure. Mais par-dessus tout, Moïra sut qu’elle n’arriverait pas à temps. Alors, haletante de souffrance, elle se mit à marcher à travers les bois, cherchant une grotte, une caverne dans la pierre, un sous-sol quelconque, quelque chose qui pourrait la retenir un minimum. Mais ce fut de plus en plus difficile de réussir à contrôler sa transformation. C’était une épreuve mentale de chercher à ralentir ce qui était impossible à empêcher. Un hurlement s’éleva de sa gorge alors qu’un nouveau craquement retentit dans ses oreilles. La transformation s’achèva, prenant le contrôle, le mental de Moïra ne pouvant rivaliser avec sa nature profonde. Une louve aux tons fauve se mit à hurler à la lune avant de s’éclipser par un grand bond dans la forêt, cherchant une proie et la liberté le temps d’une nuit


A l’aube, Moïra s’éveilla au milieu d’un bosquet d’aubépine. Paniquée, elle hésita à se redresser et voir comment elle était. Elle avait remarqué que ses vêtements avaient disparu, tandis qu’une odeur de fer lui venait dans les narines. En proie à une sensation de peur, elle ramena ses mains devant son visage, constatant qu’un liquide rouge et poisseux les tachait. L’angoisse la prit à la gorge, sensation de ne pas pouvoir respirer alors qu’elle se demandait ce qui avait bien pu se passer cette nuit, loin du cocon que représente la Salvatore Academy à ses yeux.

Doucement, elle se redressa, jetant un regard alentour et ne découvrant aucune trace de l’attaque qu’elle avait dû orchestrer durant son périple nocturne. Elle avait peur, peur d’avoir tué, peur d’avoir fait une nouvelle victime. Les yeux rouges de fatigue et de crainte, elle se mit à traverser la forêt, cherchant son chemin pour rejoindre l’Académie. Elle se demandait si elle aurait toujours sa place là-bas. Est-ce que le directeur accepterait encore sa présence en ces lieux si elle avait tué quelqu’un ? Elle commençait à peine à s’habituer à cette nouvelle vie que déjà, elle devait se résigner à devoir la construire ailleurs.

Mais avant d’aborder le sujet avec le Directeur, elle devait découvrir ce qu’il s’était réellement passé. Sauf qu’elle n’avait pas la moindre idée de par où commencer. Et la peur embrouillée son esprit alors que ses pas continuaient de la conduire à l’établissement scolaire où ses parents l’avaient envoyé si peu de temps auparavant. Moïra devait trouver quelqu’un qui pourrait lui apporter l’aide dont elle avait besoin. Et qui de mieux qu’un loup pour savoir précisément ce qu’elle ressentait ?

Heureusement, il était encore très tôt, ce qui lui permit de parcourir à toute vitesse les couloirs sans croiser âme qui vive et rejoindre sa chambre sans heurt. Une douche rapide et une tenue enfilée en moins de deux minutes, constituée d’un simple jeans, d’un t-shirt jaune et d’un pull blanc, elle put reprendre sa route, la sensation d’être un monstre la prenant d’autant plus en cette journée.

Moïra chercha dans les différents recoins de l’établissement, jusqu’à trouver sa cible. Nathaniel avait été pour elle une aide précieuse à son arrivée. Loup appartenant à la meute, il lui avait expliqué à plusieurs reprises les avantages de la rejoindre, tout ce qui pouvait renforcer son pouvoir, mais également le fait qu’on pourrait toujours compter sur quelqu’un en cas de pépin. Il avait également commencé à lui enseigner l’histoire des loups-garous, leurs coutumes et habitudes. Mais Moïra craignait toujours de devoir poser simplement genou en terre et vouer une allégeance à l’alpha sans devoir se poser de questions, ce qui ne lui plaisait guère. Pourtant, en ce jour, elle regrettait presque de ne pas avoir immédiatement accepté leur proposition, leur demandant du temps pour réfléchir et accepter sa nouvelle nature. Ce qu’elle n’avait toujours pas fait jusqu’à présent, et l’accident de cette nuit renforçait ce sentiment qu’elle ne savait plus qui elle était réellement.

Après plusieurs dizaines de minutes, elle avait finalement trouvé Nathaniel, installé sagement au foyer. Elle s’en approcha, le visage présentant panique et morosité. “ Nate ? J’aurais besoin de ton aide… je n’ai pas eu le temps de revenir à l’Académie cette nuit… et … je ne sais pas, je ne sais plus ce qu’il s’est passé….” Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu’elle s’effondrait sur un des sofas, le regard fixant ses doigts redevenus imberbes. “ Y avait du sang… mais rien à proximité de moi quand je me suis éveillée… je ne me souviens de rien…. et si…. et si ….” un sanglot se coinça dans sa gorge, l’empêchant d’exprimer sa crainte la plus profonde à haute voix.

@Nathaniel Jenkins