Kidnapping surprise [Deana]

Cela fait quelques mois que Deana entretenait un lien particulier avec Noé. Une imprégnation qu'elle ne parvenait pas à comprendre et lui non plus. Impossible de savoir comment et pourquoi s'est arrivé soudainement. Il a fallu d'une seule pleine lune pour que la magie lupine fasse son effet. Dans un moment de profonde douleur mélancolique, Deana avait été sauvé par un loup qu'elle n'avait pas vu ou plutôt envers qui elle n'a pas fait attention. Il faut dire que la jeune femme était souvent solitaire, dans son coin, à vivre comme elle l'entendait. Elle suivait la meute parce qu'il y avait une sorte de cohésion qui maintenait sa tête hors de l'eau. Si certains n'éprouvaient pas le besoin de répondre à l'appel, Deana, elle, en avait besoin.

Les mois ont passé doucement. Une relation simple. Secrète aussi. Des petits sourires au détour d'un couloir comme deux adolescents gênés. Une sensation bien étrange pour Deana qui a eu son lot d'histoires, mais plus souvent des échecs. Échec qui ont marqué son esprit et brisé son cœur encore un peu plus à chaque trahison et abandon. Elle a pu y trouver de la force, mais aussi une part de faiblesse qui s'ajoute et se renforce en des peurs sans sens. Deana ne souhaite pas tomber dans ce gouffre alors, elle tente de s'apaiser par toutes les façons qui lui sont possibles. C'est le piano qui la soulage. Souvent la même mélodie. Celle qui l'a marqué à une époque. La préférée de Thélio. Il faut dire qu'à elle seule, cette mélodie fait passer par toutes les émotions. Une grande tristesse suivie d'un enchaînement vers une lumière salvatrice. Ce dont Deana avait grandement besoin au quotidien.

C'est d'ailleurs ce que lui offrait Noé. Du répit et l'impression de respirer à nouveau. Jusqu'à présent, l'homme avait tenu sa promesse de l'aider et lui permettre de ne pas vivre en opposition avec sa louve. Que Deana n'avait pas à attendre la pleine lune pour exprimer son chagrin. Ce n'était pas qu'à cause de l'amour, mais surtout la perte de son jumeau et l'abandon de ses parents. Si elle se vantait au quotidien qu'elle s'en fichait d'eux. Intérieurement, c'était différent. Ses parents l'avaient détruite et cela ne faisait que rajouter à sa colère qu'elle laissait exploser. Elle frappait ce qu'elle pouvait. Un sac de boxe ou un arbre. Elle se blessait par moment, mais c'était comme vitale pour l'aider à évacuer et à ne pas devenir violente envers ses pairs.

Ce jour-là, il y avait un exercice d'évacuation. Ce n'est pas le genre de chose que la jeune femme apprécie, mais elle se plie à l'exercice comme tout le monde. C'est en traînait des pieds et les mains dans les poches qu'elle s'avance. Certes, il fallait être préparé en cas d'attaque, mais Deana agissait à l'instinct. Ayant fait face à un chasseur, elle savait que rien ne se passait exactement comme prévu. Que même si c'était étudié, il y avait toujours quelque chose qui se passait différemment. Tournant vers la gauche, elle emprunte un autre couloir marchant vite, mais pas au point de courir comme certains pour rejoindre la sortie, mais elle sent une poigne sûre agripper son poignet.

- Deana !

Sans doute, l'avait-elle vue sans vraiment le voir. La tête ailleurs durant une seconde. L'esprit vide et ne faisant que suivre le mouvement. C'est donc surprise qu'elle se retrouve contre Noé. Ce n'était pas dans ces habitudes, mais cela fait sourire Deana qui le regarde alors qu'il posait un doigt sur sa bouche pour ne pas qu'elle prononce un mot. Hochant simplement la tête, la jeune femme suit simplement son mouvement. Ce dernier la menant au fond du couloir vers une autre sortie.

- C’est un exercice, il n’arrivera rien les prochaines heures.

<< Oui, je sais. >> Fit-elle de sa voix habituellement douce et chaleureuse. C'était presque un murmure comme si se retrouver l'un avec l'autre était un secret qui ne devait pas être connu.

- On a un peu de temps devant nous ! Et j’ai une surprise pour toi.

<< Une surprise ? >> Répète-t-elle un peu étonnée. Définitivement, Noé était mystérieux et ça l'intriguait. À le voir, il semblait fier de ce qu'il avait préparé pour elle.

- Tu as confiance en moi ?

<< Bien sûr que j'ai confiance en toi, Noé. >> Affirme-t-elle sans aucune hésitation. Il le lui a assez prouvé ces derniers mois où certaines transformations étaient plus compliquées, très douloureuses pour Deana. Ce n'était pas toujours simple à gérer quand l'esprit fourmille de toutes ces pensées destructrices. Sentant sa main glisser dans la sienne, Deana la serre doucement. L'étreinte de leurs doigts étaient réconfortante pour la jeune femme. << Je te suis Noé. >> Fit-elle pour appuyer plus encore sa décision de le suivre. Tandis que son autre main arrange l'écharpe qu'elle lui avait fait pour le lui offrir à Noël.

Les exercices ont toujours quelque chose de stressant parce que pour cette école, il y a une part de possibilité à ce que cela se produise. Dans un lycée tout à fait normal, il n'y aurait pas ce doute constant, fort et frappant le cœur comme un marteau frappe le fer. On peut dire que Deana a vécu deux vies. Le devant du décor, mais aussi l'envers. Elle sait ce que les ténèbres peuvent cacher et en ressentir l'impact. La jeune femme le ressentant encore aujourd'hui malgré le temps qui s'est écoulé. On s'y fait difficilement, mais cela reste un fantôme qui hante. Une marque qui réapparaît sans cesse quoi que l'on puisse faire. Alors, non, on ne peut pas dire que la louve était partante pour cet exercice surtout en voyant certains de ses camarades prendre cela à la rigolade. Elle ne voyait pas ce qui pouvait être comique. Sans doute, prenait-elle cela trop au sérieux, mais comment faire autrement quand on a vécu ce qu'elle a pu vivre. Certes, ce n'était pas la seule et ceux qui sont conscients de ça agissant soit avec un profond détachement ou bien un sérieux total.

Alors quand Noé vient la kidnapper, la jeune femme ne peut qu'en être la plus heureuse. Elle le remercie intérieurement remarquant bien la lueur de malice chez le loup. Ce besoin de se retrouver comme ils le font souvent tous les deux que ce soit lors de la pleine lune ou bien en dehors. Bien sûr, la jeune femme avait compris qu'il se sentait mieux lorsque tous les deux étaient sous le forme lupine. Cela n'a rien d'étonnant quand on a passé plus de la moitié de sa vie en loup. Deana ne se faisait pas toujours à la vision de Noé et ce n'était pas toujours facile de lui faire comprendre les choses. Mais cette dernière respectait sa parole de l'aider à mieux comprendre le monde qui l'entoure et bien loin de sa vision animale. C'est un œil humain qu'il pose autour de lui à présent. Difficile et qui peut rendre fou tant l'humain se complexifie la vie.

- Tu n’aimes pas les surprises ?

<< Cela dépend de qui. >> Fit-elle en premier lieu tout en le suivant serrant ces doigts des siens. << Alors si ça vient de toi, oui, j'aime les surprises. >> Le rassure-t-elle. Deana était devenue méfiante du terme surprise après ce qui lui est arrivée depuis quelque temps. Et à raison !

Deana était heureuse de s'éloigner de la cohue. Ce n'était pas toujours simple de maintenir un contrôle sur son ouïe, mais grâce à Noé, elle y parvenait. Noé, mais aussi la meute. L'unité qu'ils formaient était salutaire pour les uns et les autres.

Cependant, le passage des tunnels la mettait mal à l'aise. On ne peut pas dire que la jeune femme soit à l'aise avec l'obscurité et l'atmosphère qui y régnait. Elle se rapprocha donc un peu plus de Noé joignant sa seconde main à celle de Noé qui tenait déjà la première prenant garde à ne pas trébucher.

- Deana, est ce que tu as peur du noir ?

<< Peur non, mais on ne peut pas dire que je sois fan non plus. >> Elle se stoppe, reprenant doucement son souffle. C'était horrible à penser, mais cette obscurité lui rappelle celle qu'elle a rencontré lors de cette prise excessive de médicaments pour rejoindre son jumeau. Une erreur qui résonne encore en elle, mais qui lui fait apprécier la vie également même si ce n'était pas toujours simple.

Lentement, le chemin est repris et la jeune femme se cale au pas du loup lui montrant qu'elle avait totalement confiance en lui.

- C’est plus très loin pour sortir.

<< D'accord, je te fais confiance Noé. >> Deana avait entendu parler des tunnels, mais elle n'a jamais éprouvé le besoin de les emprunter et la curiosité était nulle chez elle concernant cet endroit. Cependant, elle doit bien avouer qu'elle commençait à trouver le trajet long. Néanmoins, elle ne dit rien se contentant de suivre le pas de Noé qui les menaient tous les deux vers la sortie.

Alors une fois devant l'échelle, Deana le laisse monter en premier et le suit à son tour, lâchant un soupir de soulagement en sentant enfin l'air de l'extérieur remplir ses poumons. C'était agréable de recevoir la caresse de cette brise de janvier sur sa peau. Une fois, totalement, dehors, Deana regarde autour d'elle reconnaissant l'endroit où Noé et elle courent souvent lorsqu'ils sont en loups. Elle sourit reconnaissant le lieu même où il l'a percuté la première fois qu'ils se sont vus.

- Je suis désolé de t’avoir fait quitter l’école en douce.

<< Hm ? >> Elle se tourne finalement vers lui en souriant. << Oh non, t'en fais pas, je n'avais pas vraiment envie de faire cet exercice de toute manière. Tu m'as plutôt aidé, je dois dire. >> Lui souriant avec douceur, Deana arrange l'écharpe qu'elle porte autour de son cou. Il faisait encore froid en ce mois de janvier. L'hiver continuant à faire des siennes, niveau température.

- Pour une journée, j’avais envie de t’avoir pour moi tout seul.

Deana sourit, touchée par les paroles de Noé. << C'est vrai ? >> Elle s'avance vers lui venant enfin l'enlacer avec douceur. C'était encore nouveau pour lui, mais seuls, ils se montraient souvent ce genre de tendresse. << J'ai hâte de passer cette journée avec toi. >> Elle vient déposer un baiser à la commissure de ces lèvres. << Alors, tu as prévu quoi pour ce moment rien que toi et moi ? >> Elle lui sourit, heureuse de pouvoir avoir un instant hors du temps. C'est souvent comme ça qu'elle se sentait avec Noé. Sans comprendre pourquoi d'ailleurs. c'était toujours assez compliqué à ce niveau. << Nouvelle veste ? Elle te va très bien. Ce brun fait ressortir tes yeux. >>

Même si sa perception en tant que louve était bonne, cela n'empêchait pas Deana de ne pas apprécier les lieux sombres. Elle se sentait étouffée, c'était comme ça depuis toujours. Si elle pouvait pallier cette angoisse au quotidien, là, cela semblait un peu plus compliqué. Cependant, la voix rassurante de Noé ainsi que ces mains dans les siennes offraient à la jeune femme une forme de sérénité. De tranquillité bienvenue. Alors, c'est sans hésitation qu'elle avance se concentrant sur le loup en face d'elle qui marchait à reculons pour soulager Deana de toutes les peurs qui risquaient de la paralyser sur place. En effet, quand une angoisse est présente, celle-ci peut vous empêcher d'avancer avec une certaine violence. On bloque. On a l'impression de ne plus savoir comment faire pour respirer. Heureusement, grâce à la présence de Noé, la jeune femme se retrouve comme immunisé. Souriante, elle le suit, oubliant rapidement ce qui se trouve autour d'elle pour retrouver l'air frais.

C'est une grande inspiration qui se fait, appréciant la piqûre du froid d'hiver qui lui caresse la peau. C'est une sensation très appréciable surtout quand le soleil atténue le froid par la légère chaleur qui s'en dégage. Les yeux fermés et la tête tournée vers les cieux, Deana semble se mouvoir dans un instant de recueillement. Son ouïe pouvant percevoir, chaque son, chaque battement de cœur des animaux qui se trouvent aux alentours ou plutôt qui s'y risque. Après tout, leur sang sert à nourrir les vampires et rien que cette vision n'était pas très appréciable pour la demoiselle.

Une fois plus calmé, c'est une étreinte qui se fait. Deana est touchée par l'attention de Noé envers elle, mais elle lui supplie à sa façon de ne plus emprunter les tunnels à leur retour. Tant pis s'ils doivent se faire réprimander s'ils se font prendre.

- Promis, on rentrera par la grande porte.

Esquissant un sourire, Deana le regarde tout en ajustant l'écharpe. Ce cadeau, il l'appréciait, ça se voyait et cela touchait la jeune femme. De plus, cela semblait se marier parfaitement avec la nouvelle veste de Noé.

- La veste, oui … elle te plait ? C’est qu’elle va bien avec cette écharpe ! Si je m’écoutais je la garderais tout le temps.

<< Oui, elle te va très bien cette veste. >> Un sourire se dessine à nouveau. De vive voix, Noé lui prouvait qu'il aimait son cadeau. Deana ne savait pas trop quoi offrir à ce dernier alors l'idée de faire une écharpe lui était venue instinctivement estimant que son premier Noël en tant qu'humain serait probablement difficile. Et apparemment, cette dernière semblait avoir raison. << Et bien, ça fait plaisir à entendre. >> Cependant, Deana n'oublie pas que Noé avait parlé d'une surprise. Elle tente de savoir, mais n'obtient rien.

- Si je te dis tout tout de suite, il n’y aura plus de surprise ?! Allez, viens.

Tout du moins pas grand chose, ce qui l'amuse. Fêter les fêtes d'années n'a pas été dur en soi pour la jeune femme. C'est son anniversaire qui l'a été. La pauvre a broyé du noir parce que cela sonnait aussi l'anniversaire de son jumeau disparu. Malgré le temps passé depuis sa mort, la louve ne pouvait pas s'empêcher d'être mélancolique et nostalgique pour ce jour. Sans doute que Noé l'a remarqué. Deana a senti le besoin d'être seule sans trop savoir comment gérer les choses. Elle n'avait même pas voulu parler à Alaric et encore moins la psychologue. C'était trop dur d'aligner plusieurs mots quand on sentait les larmes allaient poindre facilement.

Lorsque Noé attrape sa main, elle finit par sortir de ses pensées et le suit. Une course nouvelle qui la mènerait on ne sait où pour profiter d'un moment avec ce loup dont un lien étrange les avait rapproché. À pas d'homme, l'endroit ne semblait pas à côté, mais pas pour des loups qui étaient habitués à courir vite et loin. Cependant, Deana était moins essoufflée que la première fois. Après tout, il n'y avait pas eu de question de transformation. Jeune louve encore, Deana avait besoin de temps, surtout son corps. Ce dernier avait devait encore s'habituer à passer d'un état à un autre.

Une fois arrivée sur les lieux, Deana voit une source chaude. C'est la première chose qui la frappe tant par le son que la chaleur qui caresse son visage. Elle sourit et prend le temps d'admirer l'endroit. C'est comme s'ils avaient passé un portail où la réalité n'avait ni de sens et encore moins sa place.

- Quand j’ai découvert cet endroit, j’ai tout de suite pensé à toi, je voulais que tu voies ça.

<< C'est magnifique Noé. >> Elle s'avance encore observant les lieux. Admirant la végétation, sentant le parfum de la mousse chatouiller ses narines. Elle avait l'impression de faire face à un endroit que l'on pouvait lire dans les quelques livres qu'elle avait déjà pu lire. << J'ai pas de mots… C'est… Féerique. >> Oui, c'est ça. Une vision féerique. Une nature que l'homme n'avait pas encore foulé ni touché.

Du coin de l'œil, Deana le voit se déshabiller ce qui la fait sourire. Elle le suit du regard jusqu'à ce qu'il entre dans l'eau. Une source dont la chaleur frappait délicatement la peau de la louve.

- Mais dépêche-toi de venir, je t’assure qu’il fait meilleur dedans que dehors.

<< D'accord, j'arrive. >> Ni une ni deux, Deana retire ses chaussures puis ses vêtements. Elle ne garde que ses sous-vêtements. Une lingerie en dentelle noire soulignant ses formes à la perfection. Bien que Deana ne se vouait plus à la confection de vêtements, elle savourait toujours avec une minutie professionnelle les séances de shopping. Pour être bien intérieurement, il fallait qu'on se sente bien extérieurement. C'est comme ça qu'elle voyait les choses. Tout du moins, l'aspect extérieur atténue le certain mal-être qui peut troubler son mental. Lentement, elle entre dans l'eau. Si elle craignait pour la différence de température, la jeune femme est bien vite rassurée. Heureusement qu'elle avait toujours sur elle un élastique, ce dernier lui a permis de se faire un chignon désordonné pour éviter de les mouiller. << T'as raison, l'eau est vraiment agréable et chaude. >> Elle lève les yeux au ciel et sourit. << Regarde, on dirait que la cime des arbres forment un dôme protecteur pour cette source. >> Fit-elle avant de le regarder. << Comment tu as fait pour le trouver ? >>

Le chemin avait été rapide. Simple. Sans grands obstacles sur la route. La nature de Noé et Deana permettant de faire en peu de temps ce qui devait sans doute prendre des heures voir quelques jours à un être humain normal voir quelqu'un pouvant user de magie. La jeune femme ne savait pas à quoi s'en tenir pour dire vrai. Les surprises n'ont été que très peu de son côté depuis quelque temps, mais elle souhaitait laisser une chance à Noé que les surprises pouvaient être bonnes.

Alors quand Deana découvre enfin les lieux, on peut dire que celle-ci se trouve sous le charme. C'était idyllique. Féerique même. On ne pouvait pas imaginer une plus belle retraite méditative que dans ces lieux où la nature dominait le tout. C'est comme si le monde s'arrêtait et qu'un coin de paradis ouvrait ces portes rien que pour le pauvre voyageur errant. Souriant avec douceur, la louve se concentre sur les moindres détails. Le moindre bruit. Le moindre parfum que les alentours pouvaient donner. Elle s'ouvrait totalement et ne bloquait rien.

- N’est-ce pas ?

Après Noé, Deana retire ses vêtements pour ne rester qu'en sous-vêtement relevant ses cheveux en un chignon désordonné pour ne pas les mouiller une fois dans l'eau. Si de prime abord, elle craint un peu la température de l'élément, elle finit par changer d'avis en sentant une chaleur recouvrir peu à peu ses jambes à chaque pas que celle-ci faisait dans l'eau. C'était tellement agréable comme si on la recouvrait d'une couverture bien chaude. Poussant un long soupir de bien-être, celle-ci regarde Noé, un sourire se dessinant au coin de ses lèvres.

- J’ai passé une grande partie de ma vie à l’état sauvage, cette forêt était ma maison.

<< Je vois ça… C'est pas étonnant que tu connaisses le moindre coin et recoins de la forêt. >> Fit-elle en observant toujours la cime des arbres. Le ciel était clair cachant quelques lueurs du soleil qui apparaissait et disparaissait par moment. Tout ce qu'elle ressentait, Deana le partageait. En fait, il lui semblait qu'avec Noé, elle pouvait discuter de tout sans être jugé. Même si celle-ci n'était pas sûre que ce dernier puisse comprendre tous les tourments que les humains pouvaient rencontrer. Passer une grande partie de sa vie dans la peau d'un loup vous fait voir le monde d'une façon totalement différente.

Ancrant son regard dans le sien, Deana est un peu troublée par la démarche de Noé lorsqu'il se dirige vers elle. Plus encore par le baiser que ce dernier lui offre. Cependant, la jeune femme y répond tout en l'enlaçant. C'était un besoin essentiel de le sentir proche d'elle. Peau contre peau. Cela ajoutait quelque chose d'indescriptible qui la replongeait dans cette soirée qu'ils avaient partagés pour la première fois lorsqu'ils se sont rencontrés.

- C’est l’idée, je veux que tu te sentes protégée ici. Chaque fois que tu auras besoin d’être seule, que tu auras besoin de pleurer, ou juste de crier … de te blottir.

<< Alors je risque de passer ma vie ici… Y a beaucoup de choses que je ne parviens pas à extérioriser encore. >> Elle se l'interdit parce que Deana savait très bien qu'une fois qu'elle commençait, les choses n'auraient probablement jamais de fin.

Une fois Noé derrière elle, la jeune femme se plonge dans l'observation. La contemplation. Elle se sentait protégée et en sécurité. Pourquoi vouloir échapper à une telle sensation ? C'était si agréable.

- Imprègne-toi de la vue, respire fort, et maintenant, ferme les yeux. Je suis là, avec toi.

Deana ferme les yeux, prenant une profonde inspiration. Il y avait l'odeur de la nature certes, mais elle percevait également quelque chose d'autre, sans savoir réellement quoi. Elle se concentre que sur les bruits aux alentours, la respiration de Noé ainsi que de la sienne. En fait, elle ne savait pas où ce dernier voulait en venir, mais la jeune femme se prêtait volontiers au jeu.

- Deana … je suis là, oui, c’est bien moi. Ouvre les yeux.

Fronçant les sourcils, Deana sentit son cœur battre. Elle ne pouvait pas y croire. Est-ce seulement possible ? Sa respiration se faisait plus rapide alors qu'elle sentait sa gorge se serrait par l'émotion qui commençait à la déchirer de l'intérieur. << James ? >> Se sentant libéré, Deana se sentait comme engouffrer dans une réalité étrange. Au bout d'un moment, elle ose se retourner pour faire face à Noé. Mais quand son regard se pose sur le loup, c'est en réalité son frère qu'elle voit. Les larmes coulent alors. Son image est semblable à celui de son souvenir.

- On a seulement peu de temps, mais je voulais te dire encore une fois que je t’aime.

<< Tu me manques tellement… Est-ce que tu me pardonneras un jour ? >> Deana n'avait pas encore révélé ce qu'elle avait fait à Noé. C'était trop douloureux pour elle. Cela avait éloigné ses parents, mais pas Nate. Lui avait toujours répondu présent et il continuait même si son frère espérait une réconciliation entre Deana et leur parent. << Je voulais mourir… J'arrivais plus à trouver l'envie de vivre… >> Elle tend sa main pour attraper la sienne persuadée de voir son jumeau. << Tu pleures à cause de moi ? >> Elle se mord la lèvre. << Pardon… Je ne voulais pas te blesser… Je me sentais tellement seule… Nos parents qui me délaissent… Ils m'ont éloigné d'eux… Je trouvais plus de solutions à part vouloir mourir. >> Serrant un peu plus sa main, elle laisse quelques sanglots se faire entendre. << J'sais pas comment je peux continuer sans toi… C'est tellement dur par moment James… Une part de moi est morte quand on t'a tué… >> Elle approche la main de Noé vers sa joue. << Si seulement j'étais sûre que tu es en paix, ça m'aiderait… Un peu… Mais ma louve rêve de te venger, de trouver celui qui t'a tué et de le faire payer. Dis-moi quoi faire James… S'il te plaît… >> Était-ce au final une bonne idée ? Difficile à dire. Lorsque l'illusion disparaîtra, que se passera-t-il ?

Parfois, on voudrait que l'illusion soit vraie. Parce qu'elle est réconfortante et nous refait penser à de beaux souvenirs qu'on a pu vivre. Une partie de Deana n'est pas bête, mais elle préfère plonger tête la première comme lorsqu'on prend le courage de sauter du haut d'une cascade pour se purifier dans un lagon à l'eau clair. Deana pourrait très bien combattre, parce que la raison veut sortir de cet état. De reprendre possession d'une réalité qui semble lourde surtout quand cet anniversaire était célébré par deux personnes. Voir son frère devant elle lui fait oublier Noé. Rien qu'un instant. Revoir le visage de son frère la faisait sourire autant que souffrir. Les deux émotions sont si proches que pour le bien de cette illusion, on s'y accroche comme les griffes d'un aigle sur sa proie.

- Oui, c’est moi !

Même la voie est la même. Comme si la magie pratiquée se nourrissait des souvenirs que Deana pouvait avoir encore de son frère. Ceux qu'elle garde précieusement et qu'elle sait, qu'ils ne partiront pas même si des années s'écouleront. Celui qui était bien trop précieux. On veut s'y accrocher parce que cela réconforte. Et Deana a besoin de cette sécurité au quotidien, c'est ce qui lui a permis de tenir jusqu'à présent.

La louve s'était jurée de se faire pardonner auprès de son jumeau. Elle voulait s'excuser d'être toujours en vie alors que lui ne l'était plus. Ses parents lui ont mis cette idée dans la tête à cause de leur comportement et la jeune femme se sentait responsable. C'est ce qui l'avait rendu si désespéré au point d'en finir avec sa propre existence parce qu'elle ne voyait pas d'autre solution. Pourquoi vivre, si on l'accuse de respirer encore contrairement à James ?

- Arrête de te torturer. Je suis là pour te toi, pour t’aider à faire la paix.

Ancrant son regard dans le sien, Deana n'arrivait pas à faire la différence entre la réalité et l'illusion. Mais ça lui plaisait d'être à nouveau face à James. Tout comme ça pouvait lui faire mal parce qu'elle savait que cela ne serait que pour un instant. << Comment je le pourrais… Nos parents m'ont abandonné parce que je suis en vie et pas toi ! >> Elle prend sa main pour la serrer en souriant malgré les larmes qui coulent le long de ses joues. << Tu me manques, c'est affreux. >>

- Ne me demande pas pardon, tu dois te pardonner toi-même.

Serrant un peu plus sa main, Deana baisse la tête. Que devait-elle se pardonner ? Elle ne savait plus. Parfois, elle se sentait tellement coupable de tout par rapport à son jumeau. << J'ai même pas pu te dire au revoir… >> C'est une sensation horrible que d'arriver trop tard et de ne pas avoir su exprimer les derniers mots à un être cher qui s'éteint, prêt pour l'autre monde.

- Je veux que tu continues à vivre, je veux que tu sois heureuse.

Relevant les yeux vers lui, la jeune femme est touchée par ces mots. Même si au plus profond d'elle, elle sait que tout ceci est une illusion. Son désir, que tout soit vrai s'accroche plus encore surtout au contact de la main de James. Lentement, la jeune femme ferme les paupières tout en poussant un soupir de soulagement. << Comment je peux faire… Celui qui t'a fait ça, court toujours et ce n'est pas juste ! T'avais tellement de rêves, tellement de choses que tu voulais accomplir et on te l'a enlevé. >>

Est-ce que l'autre monde lui a apporté autant de paix ? C'était étonnant de le voir si sage, si tranquille.

- Deana, oublie cette histoire de vengeance. Tu es forte, plus forte que tu le penses. Arrête de vouloir mourir, tu dois vivre, parce que moi je ne peux plus.

Ouvrant les yeux, Deana ancre son regard dans celui de son jumeau. Son elle au masculin. << James… >> Elle prononce son prénom dans un murmure alors que Deana avait l'impression qu'il tremblait lentement.

- Promet moi que tu va vivre.

Était-ce le moment de mettre fin à ce deuil ? N'était-ce pas ce qu'elle recherchait depuis tellement longtemps ? Se mordant la lèvre, elle le regarde esquissant alors, un léger sourire. << C'est promis… Je vivrais… Je serai heureuse… Avec une part de toi en moi. On est les deux mêmes faces d'une seule pièce et ça ne changera jamais même dans la mort. >> Venant se blottir contre lui comme désespéré à l'idée qu'il puisse disparaître une bonne fois pour toute.

L'émotion est si forte que Deana ne sait pas comment véritablement la définir. Mais au fond, c'est une illusion qui a su la réconforter. Son cœur préférant opté par cette vérité que son regard avait vu plutôt que cette raison qui la portait vers la tromperie. << Merci d'avoir fait partie de ma vie, grand frère. D'avoir toujours été là et d'avoir senti quand j'allais mal même sans prononcer un seul mot. >> James avait toujours eu ce talent d'accourrir pour voir ce qu'elle avait alors qu'elle n'avait rien dit à personne. James avait toujours su avant même que la voix de Deana ne pose des mots sur sa douleur ou ce mal qui pouvait la ronger. << Nate est là… Il prend la relève… Et j'ai rencontré un loup qui veille sur moi et à qui je tiens. Noé est quelqu'un de bien James, tu peux être tranquille pour ça aussi. >> Deana s'accroche à lui. << J'aime cette louve que j'ai réveillé… Je ne regrette rien… Sauf peut-être de ne pas pouvoir courir avec toi dans la forêt. >> Un sanglot se fait alors entendre. << Merci d'avoir un frère aussi génial. Tu peux t'en aller… Je te promets que ça ira mieux… >> Elle tentait de ne plus pleurer, mais c'était un effort si grand, si épuisant aussi.

C'est triste lorsque l'esprit sait que tout ceci est un mirage, mais que le cœur veut s'accrocher à une certaine forme de réalité sur ce qui venait de se passer. Cependant, c'est tellement réconfortant d'y croire, de s'accrocher à cette lueur qui vous permet d'avancer. De penser qu'un être cher, qui est la moitié de vous-même soit revenu de l'autre monde pour vous apporter un message. Un espoir que l'on a cru si futile. De cette certitude que plus rien n'a de sens. Qu'on ne fait que survivre à chaque jour qui passe sans croire que quelque chose de bien peut vous arriver. Même si Deana apprécie les moments qu'elle vit et les gens qui passent dans son quotidien, elle ne peut s'empêcher de ressentir la culpabilité du survivant. Le jumeau qui vit tandis que l'autre n'est plus de ce monde. Peut-être que cela aurait été plus doux si elle avait été accompagné par ses parents. Mais le contact a été rompu depuis tellement longtemps. La déception est si grande que Deana ne peut pas leur pardonner de l'avoir mis de côté. De lui avoir fait ressentir la rancune qu'elle soit vivante et pas son frère. C'est une sensation tellement douloureuse, qu'elle se doit de passer outre.

Quand on est hors de cette fille, le chemin semble plus simple, mais en y revenant, c'est refaire face à tout ce qu'elle a pu fuir et c'est d'autant plus dur. Pourtant, elle reste et se fait violence. Son esprit en souffre et son corps peut parfois s'en épuiser. Mais elle se veut courageuse et digne de la mémoire de James.

- Au revoir petite sœur. Je t’attendrai ! Quand tu seras prête, pas aujourd’hui.

L'étreinte se fait plus forte à ces mots. Aussi forte que la douleur qu'elle ressent et lui frappe le cœur avec violence. Pourtant, la jeune femme prend son courage à deux mains. « J'espère que tu me reconnaîtras même en étant ridée. » Elle sourit faisant passer le message discret que lorsque ce sera le cas, elle sera une vieille grand-mère qui aura bien vécu la vie.

- Je te confie alors à ce loup ! Noé, puisse tu rendre Deana heureuse, montre-lui qu’elle à la force d’une louve en elle.

Deana se mord la lèvre. Ne s'accrochait-elle pas encore à quelque chose de vain ? On l'avait tellement abandonnée à chaque fois qu'elle pensait toucher et enlacer le bonheur. Noé, ne va-t-il pas s'évanouir comme un écran de fumée ? Elle y croit, mais une autre part d'elle ne s'y accroche pas vraiment se préparant à une forme d'éventualité qui la replongera encore une fois dans la tristesse.

En reprenant conscience, Deana à l'impression qu'on l'arrache à un moment serein. Ce genre de moment dont on ne veut pas être séparé. Et pourtant, comme l'on dit si bien, toute bonne chose a une fin. Et c'est le cas en ce moment lorsque Noé prononce son nom.

Il n'y a plus la voix de son frère et lorsque la louve lève la tête, c'est bel et bien Noé qu'elle voit en face d'elle. Le regard doux et rassurant alors qu'elle-même se trouve dans un piteux état. Perdue, ne sachant plus vraiment ce qu'il venait de se passer. C'était dur de passer d'un état à un autre. Pourtant, il n'y a pas de doute, elle a bien vu et entendu son frère.

- C’est moi, Noé. Je suis là maintenant, et je vais prendre soin de toi.

« Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? » Premiers mots prononcés après que l'esprit se soit ancré véritablement dans la réalité loin de la magie qui avait eu lieu quelques minutes plus tôt. Le regard perdu, Deana observe Noé qui, malgré tout, reste calme et souriant. Cette tendresse qu'elle lit en lui n'a pas changé du jour où ils ont passé cette nuit de pleine lune ensemble après que ce dernier l'ait percuté. « C'est vrai ce que tu dis ? » On pourrait lui en vouloir de douter, mais après avoir été abandonné plusieurs fois, la crainte a le droit de persister. On ne peut pas vaincre ce genre de sentiment du jour au lendemain. Ce n'est pas possible. « Excuse-moi… » Fit-elle en s'écartant un peu de lui. « J'ai eu tellement de promesses… De belles paroles… Mais les actes n'ont jamais été les mêmes, tu sais. » La méfiance est un droit qu'elle se donne après tout ça. Pour se protéger. « Même mes propres parents m'ont abandonné alors… J'ai dû apprendre avec la force des choses à ne plus me fier à ce que l'on me dit. » Cela pouvait être dur à attendre surtout quand elle a dit plus tôt qu'il veillait sur elle face au spectre de son frère. « C'est difficile de savoir où j'en suis avec tout ça… J'aimerais pouvoir être plus sûr, mais je ne sais plus vraiment comment on fait. » Regardant autour d'elle, Deana se rend compte que l'illusion est bel et bien finie. Tout est revenu à sa place et ce rêve loin est déjà un peu douloureux pour elle. « Qu'est-ce que tu veux vraiment, Noé… Pourquoi tu t'intéresses autant à moi comme ça. J'arrive pas à comprendre comment notre côté loup s'est autant lié en l'espace d'une nuit, c'est tellement étrange encore. Réconfortant oui, mais encore tout de même étrange pour moi. » Elle cherche une raison à tout même si tout ne peut pas s'expliquer.

C'est un peu lorsqu'on tente de se réveiller, comme si l'on savait que ce rêve ne doit pas être. Bon ou mauvais, il déclenche quelque chose de fort et de prenant. Les sens de Deana sont encore brouillés, mais son esprit tente de trouver une réponse. Le pourquoi à tout ceci. Pourquoi maintenant ? C'était tellement soudain. Mais ce qui fait peur surtout, c'est le sentiment de paix qui l'habite à présent. Un sentiment qu'elle n'avait plus connu depuis longtemps. Trop même. Jamais encore, elle n'avait pensé le connaître même si elle savait qu'il lui suffisait d'un rien pour éclater. C'était sa nature. La nature de la louve qui vient avec elle depuis l'éveil. Depuis que Deana a fait couler le sang d'un homme. D'un chasseur. En sauvant la vie de son ami, elle a déclenché ce gène qu'elle a réussi à éteindre si longtemps. Même si elle avait toujours envié la condition de ses frères, cela ne change pas à la façon extrême de libérer cette part de soi qui nous pousse tellement loin.

- Tu viens de vivre un rêve, une transe, un souvenir, je l’ai traversé avec toi.

La voix de Noé lui parvenait dans un écho très clair. Cependant, Deana se haïssait de vouloir toujours chercher une raison au lieu d'accepter l'évidence qu'on lui annonçait. Changera-t-elle un jour sur ce point ? Honnêtement, elle l'espérait parce qu'à vivre ainsi, sa tête allait exploser et la folie allait l'emporter. « Un rêve. » Répète-t-elle dans un souffle. Souffle qui s'harmonise avec ce qui l'entoure. Le souffle du vent dans les arbres. Le clapotis de ces gouttes d'eau qui tombent dans ce cocon aquatique dans lequel les deux loups ont trouvé refuge pour aujourd'hui. Les sensations se décuplent autant que les sens qui reprennent vie aussi vivement que la lame de l'épée qui fend l'air. « C'était tellement réel… James… Mon frère… Je ne sais pas si je dois me réjouir de ce bienfait ou bien être en colère. » Tout n'est que désordre. Tout s'entrechoque dans sa tête. Rien n'a de sens tout comme les émotions de Deana qui changent aussi soudainement la météo.

- Oui, c’est vrai, je suis là, avec toi.

Levant les yeux vers Noé, Deana sonde son regard pour tenter de comprendre ce qu'il ne prononce pas. Lui le loup qui a encore du mal avec les émotions humaines après avoir vécu si longtemps dans la peau d'un loup.

- La seule chose que je souhaite, c’est t’offrir un peu de répit.

La sincérité, elle le lit dans ces yeux et l'entend dans sa voix. Alors qu'elle reculait pour retrouver de l'air, Deana s'arrête et l'observe. « Le répit est une utopie dans notre monde pourtant. » Chaque créature fait face à un constat clair et évident ! Il n'y a pas de paix réelle, mais si on la vit, ne serait-ce qu'un bref instant, ça finit par se déchirer. Et pourtant, Deana reste de ces personnes qui espère la vivre pleinement et l'apprivoiser pour la garder longtemps dans son existence.

- Je veux juste un sourire, une étincelle, et peut être pouvoir lire encore un peu d’espoir dans ces yeux humide et fort.

Sans bouger, Deana voit Noé venir vers elle, ce doigt tendu vers son nez qu'il caresse avec douceur jusqu'à toucher sa bouche. Il semble apaiser la louve en elle autant que l'humaine qui lui fait face.

- Je suis perdu autant que toi, pourquoi toi, pourquoi maintenant ? Pourquoi cette malédiction, pourquoi nous … il y a tant de questions dont on n’aura jamais la réponse.

« Le propre de l'homme est de se poser un tas de questions… La vie est une recherche constante de réponses… Même si on ne les trouve pas toutes. » Si Deana aimait et voulait comprendre, elle devait pourtant se faire une raison. « Mais parfois, on ne peut pas toujours avoir de réponses… C'est comme ça. Avec toi, j'aurais toujours des questions, mais les réponses ne sont pas évidentes… t'es un véritable mystère pour moi… Autant que ce lien que l'on a, toi et moi. » C'est qu'en l'espace d'une nuit, ils ont créé quelque chose de fort et d'incompréhensible. Mais ça les soulageait donnant l'impression de ne pas être seuls.

Se mordant la lèvre, Deana appréciait cette tendresse qui émanait de Noé quand il caressait sa peau. Elle ne bougeait pas. Toujours ce regard ancré dans le sien alors que lui-même semblait faire face à quelque chose qui le dépassait.

- Ferme les yeux, et fait taire un instant tes démons. Je suis là, avec toi.

Bien que la louve ouvre la bouche, celle-ci se rend compte, qu'elle ne savait plus quoi dire. Deana se contente donc de fermer les yeux et de compter dans sa tête. Pourquoi ? Aucune idée. C'était la première chose qui lui vint à l'esprit avant que Noé ne vienne déposer ces lèvres sur les siennes. Au tout début, la jeune femme est surprise de sa façon douce de faire. Il n'y a pas cette fougue d'avant. C'était vraiment quelque chose de doux et de nouveau. Alors, Deana y répond tout en diminuant l'espace qu'il y avait entre eux. Collant son corps au sien pour se connecter davantage l'un à l'autre. Lentement, Deana vient entourer les épaules de Noé de ses bras pour intensifier le moment. Donner un goût de nouveauté qu'il n'y avait pas eu jusqu'à présent. Même si, l'un et l'autre ont eu des instants volés. C'était normal. Leur instinct lupin les y poussant et auquel Deana ne pouvait que répondre. Elle sentait cette alchimie se faire à nouveau comme ce le fut lors de leur première rencontre. Une évidence douce après un instant de chagrin. « Noé… » Prononce-t-elle dans un murmure léger. « James a toujours vécu l'instant présent, sans se poser de questions… Il est temps que j'en fasse de même. » C'est ça qu'il a essayé de lui rappeler sans doute. « Parfois, il faut arrêter de penser et de vivre. C'est ce qu'il disait. » La tristesse qui se mélange pourtant à la joie de se rappeler cela. Un sourire doux prend vie sur les lèvres de la louve. « J'ai plus envie de chercher pourquoi toi et moi, on est lié… La réponse viendra en son temps… On a qu'à le vivre pleinement. T'en penses quoi ? » Jusqu'à présent, elle ne s'était pas éloignée, effleurant le nez de Noé du sien d'une caresse légère et douce. Parfois, leurs bouches se touchaient à peine pour que les mots puissent passer la frontière de ses lèvres. « Si je dois vivre quelque chose, je veux que tu le vives avec moi, Noé… S'il te plaît… » Une demande murmurée avant de venir l'embrasser à nouveau alors qu'elle se blottissait un peu plus contre lui.